Alors que de forts soupçons de malversation des fonds alloués à la lutte contre la Covid-19 pèsent sur le Gouvernement, alors que le recrutement dans les grandes écoles du pays ne s’est pas encore dépouillé de ses oripeaux de corruption, alors que les enrichissements illicites restent l’apanage de fonctionnaires avides du lucre, alors que les services publics constituent des lieux de tout genre de trafic d’influence et de marchandage, et bien d’autres frasques encore, le Ministre de la fonction publique et de la réforme administrative s’est adressé dans une lettre, aux agents et usagers du service public pour leur prêcher la culture de l’éthique. C’était dans le cadre de la 26e édition de la Journée Africaine de la Fonction Publique et de l’Administration (JAFP). Mais alors quel est l’impact d’une thérapie épistolaire face à l’ampleur du mal si profondément ancré ?
La question lancinante mérite d’être posée face à ce Cameroun où le Vert franchit toujours la ligne Rouge, et personne pour un carton Jaune. L’étoile qui scintille sur la bande rouge, titille et ne bouge que pour creuser l’écart et les écarts sous nos regards. La tricherie, la corruption, l’insécurité publique, le tribalisme, le favoritisme, le laxisme et tous les « ismes » qui vont avec dans ce sens, semblent avoir fait leur lit dans les semelles de la Nation.
C’est dans cet environnement où les révérences sont versées devant les pyramides renversées que git la fonction publique camerounaise, dépouillée de toute garantie de sauvegarde de la morale publique. Même formés à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (Enam), certains agents publics n’éprouvent aucune gêne d’entretenir des rapports incestueux avec la chose publique.
Conscient lui aussi de ce désastre, dans une correspondance émise à l’occasion de la 26e édition de la JAFP, le ministre de la fonction publique et de la réforme administrative (Minfopra) au Cameroun prescrit la culture de l’éthique et le développement du leadership aux agents et usagers du service public.
« Permettez-moi de vous dire, à propos de l’éthique, qu’il s’agit particulièrement des valeurs morales conduisant à un comportement irréprochable des agents publics dans l’exercice de leurs fonctions notamment l’intégrité, l’impartialité, la probité et le désintéressement. Ceci fait appel à des valeurs générales relatives au travail, telles que le prévoit le Statut Général de la Fonction Publique de l’Etat. J’aime bien le terme anglais « civil servant ». Autrement dit, nous sommes au service de la Nation et donc du Peuple », rappelle le Minfopra. Pour lui, le Chef de l’Etat lui-même a fait de la promotion de la culture éthique un élément clé de sa gouvernance dès son accession à la magistrature suprême en parlant de « rigueur et moralisation ». Sur les questions de détournement des deniers publics écrit Joseph Le, le président de la République avait déclaré lors du discours d’ouverture du 3ème Congrès Extraordinaire du RDPC à Yaoundé, le 21 juillet 2006 : « Nous avons encore je dois le dire, un grave problème de morale publique. Malgré nos efforts pour les combattre, la fraude, les détournements de deniers publics, la corruption continuent de miner les fondations de notre société. J’ai eu souvent à m’exprimer sur le sujet et à dire ma détermination à éradiquer ces comportements sociaux. Des sanctions sévères ont été prises au cours des derniers mois. Nous n’allons pas nous arrêter en chemin. Ceux qui se sont enrichis aux dépens de la fortune publique devront rendre gorge ».
Conformément à « la modernisation de notre administration » et, en phase avec l’objectif n°16 sur le Développement des Nations Unies (ODD), le Ministre de la Fonction public tient à savoir aux agents publics que les politiques publiques sont élaborées non pas pour servir leurs auteurs mais pour renforcer l’efficacité, la transparence des institutions publiques et l’inclusion de toutes les catégories sociales pour ne laisser personne de côté. C’est à ce titre souligne-t-il, que le MINFOPRA a institué un Numéro Vert (1522) à l’effet de recueillir directement les plaintes et dénonciations des usagers sur les écarts de comportements de certains agents publics.
Des mesures et des mots sans doute salutaires sur le papier, mais alors stériles face aux maux et dans les faits. Lorsqu’on sait qu’on sait qu’au Cameroun même ceux qui sont contre les écarts écartent et s’écartent. Chacun étant un King, et les autres pris pour des cons. On est donc tous des King-kong. Mais ce qui rend encore beau, ce cliché est qu’on est des Rambo dans la chasse du gombo. Délestage, pillage, saccage de nos sous, sources et ressources ne pouvant faire qu’ombrage. Et pour beaucoup, il vaut mieux gagner le large.