Me Hippolyte Meli Tiakouang salue la position du SED concernant les gardes à vue abusives des gendarmes et apprécie le réveil du ministre de la Gendarmerie, Galax Etoga, qui menace de sanctions disciplinaires ces agents. Toutefois, l’avocat-politicien précise que la lutte contre l’impunité ne doit pas se limiter aux gendarmes, car des magistrats et policiers participent aussi à des actes de torture et d’extorsion.
Nous saluons le réveil par Message Radio Porté du ministre de la Gendarmerie.
C’est sans nul doute la réponse donnée à nos multiples courriers interpelatifs pour des occasions bien précises.
Ce serait injuste que son action, prévisible, se limite aux Gendarmes qui salissent le service public de la Gendarmerie Nationale.
Il n’y a pas que les actes de tortures mais de pillage, de pillage en bande et d’extorsion.
La criminalité est bien organisée avec certains magistrats.
Nous avons déjà décrié que la pratique des bons de garde à vue souvent anormalement prolongées, celle de certains mandats de détention provisoire, devenus des actes pour faire plaisir aux plaignants et pour extorquer de l’argent à toutes les parties, sont contraires au vœu de la loi.
Des zones de non droit comme les “Soit Fait Retour” aux unités d’enquêtes, mais totalement abusifs, sont mises à contribution pour faire fonctionner ce système arbitraire, où sans prorogation formelle de garde à vue, l’individu appréhendé circule de cellules en cellules.
Où sont les rapports de contrôle des cellules effectués par les Procureurs de la République et /ou par les Commissaires du Gouvernement ?
Pourquoi le silence des deux ministres de la Chancellerie sur la question ?
Les comptes rendus des réunions des Procureurs Généraux près les Cours d’appel ne font aucunement état de ces actes prohibés qui sont l’œuvre des magistratsdes parquets en complicité avec certains Gendarmes et policiers.
Cela crédite de manière claire la thèse d’un système organisé jusqu’aux hautes, peut-être pas, mais, aussi jusqu’aux très hautes, instructions.
Les Gendarmes, maillons le plus bas ne devraient pas payer seuls la facture.
La chaîne hiérarchique qui garantit la sécurité des agissements criminels jusqu’à la haute hiérarchie ne devraient pas également restée impunie et être celle qui agite l’action recursoire de l’Etat.
Leurs mains ne sont pas exemptes: ils sont au courant, ils ont vu, ils ont entendu, ils ont le pouvoir de sanction, mais ils choisissent, laisser-faire, ne rien faire, féliciter et organiser la célébration du vice qui porte atteinte désormais à la réputation de notre République Démocratique.
Le Directeur de la Justice Militaire n’est pas du reste. Pourquoi il n’est craint seulement pour la carrière ?
Et les magistrats-juges?
Ceux qui refusent d’annuler les procès verbaux d’enquêtes judiciaires établis après des actes prohibés comme la torture et des détentions arbitraires ? Seront-ils exemptés des poursuites? alors que leur participation est effective dans l’administration des souffrances atroces qui resultent d’actes de tortures ou de violation des droits humains fondamentaux?
Avec tout cela que peut-on attendre du Directeur des droits de l’homme du Ministère de la Justice qui a aussi laisser-faire et s’est mis en mission à Genève avec sa cuisine mal préparée ?
Comment donc toute cette chaîne hiérarchique parviendra à s’exonérer de toute responsabilité comme le pense le Ministre de la Gendarmerie pour que ce soient seulement les poches du petit Gendarme et du petit policier qui paient seules la facture?
La réaction de toute cette chaîne a été mise à épreuve et évaluée depuis novembre 2022 après la signification réception par elle de l’Avis du GTDA-ONU du 04 novembre constatant l’illégalité des arrestations, des détentions, des jugements et des condamnations dont étaient victimes en masse les militants du MRC depuis les marches pacifiques du 22 septembre 2020.
Il est attendu que, les magistrats de la Cour Suprême du Cameroun, la plus haute juridiction du pays intègrent cette longue chaîne hiérarchique pour la boucler.
Nous avons souvent rappelé le procès de Nuremberg.
Même les prostituées qui entretenaient le moral des tortionnaires avaient été poursuivies et condamnées.
Sans elles le courage des atrocités aurait disparu.
Nous sommes en droit de conclure que les atrocités n’auraient jamais existé sans l’impunité assurée par: la hiérarchie, les magistrats et les juges du système, qui agissant postérieurement aux actes de forfaiture, fabriquent sa régularité oubliant que ce qui est nul et de nullité absolue ne fera jamais l’objet d’une régularisation ou d’une ratification a posteriori, sauf dans un Etat sauvage où les règles de droit ont été mises entre parenthèses .
L’heure des comptes contre les droits fondamentaux est déjà là!
Les politiques font tourner la roue de la Justice et souvent très vite, malgré eux.
Hippolyte Meli Tiakouang