Dans une communication faite ce mercredi 10 novembre, Issa Tchiroma Bakary dénonce le refus du régime de libérer les prisonniers politiques et accuse le pouvoir d’avoir méprisé la volonté populaire. Le leader du FNSC qui continue de réclamer sa victoire proclame le 21 novembre 2025 comme Journée de Deuil National en hommage aux « martyrs » tombés depuis la crise post-électorale. Issa Tchiroma affirme qu’il ne reculera pas et promet de poursuivre la résistance pour faire triompher la « vérité des urnes ».
DÉCLARATION DU PRÉSIDENT ÉLU ISSA TCHIROMA BAKARY
Proclamation de la Journée de Deuil National — Vendredi 21 novembre 2025
Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes,
Il y a quelques jours, j’ai donné au régime illégitime un délai de 48 heures pour procéder à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et détenus arbitraires.
Dans cet intervalle, seul un petit nombre parmi les milliers de détenus ( majoritairement des mineurs qui n’auraient jamais dû y être) ont été sortis des cellules.
J’en prends acte. Mais ce geste reste très insuffisant. Ce n’est qu’une mascarade visant à endormir nos populations.
Ils sont encore très nombreux, trop nombreux en détention, et les arrestations se poursuivent.
Le régime a choisi de mépriser cet appel, comme il a méprisé vos votes, vos voix, vos vies.
Depuis, je me suis tu. J’ai écouté. J’ai observé. Il est donc de mon devoir, aujourd’hui, de rompre ce silence.
Je m’adresse à vous avec gravité, solennité et respect.
Le 12 octobre 2025, vous avez parlé. Vous avez choisi. Et pour avoir osé défendre ce choix, des Camerounaises et des Camerounais sont tombés. Tombés sous les balles d’un régime aux abois. Tombés dans les rues de nos villes, traqués, frappés, torturés. Tombés pour que la vérité vive.
Ils étaient mineurs, jeunes adultes, pères de famille, mères de
courage.
Ils étaient le Cameroun. Ils sont nos martyrs.
À leur mémoire, en hommage à leur sacrifice, et en fidélité à notre
serment commun, je vous invite à observer la journée du vendredi
21 novembre 2025 comme Journée de Deuil National.
Cette journée sera chômée sur toute l’étendue du territoire national.
Aucun commerce, aucun bureau, aucun service administratif ne devra fonctionner.
Ce ne sera pas un jour ordinaire.
Ce sera un jour de silence, de mémoire, de recueillement.
Je vous invite à observer une minute de silence à midi pile (12h00),
sur toute l’étendue du territoire national et dans la diaspora — unis
dans la douleur, mais debout dans la dignité.
J’appelle les croyants de toutes les confessions à se rassembler
dans leurs lieux de culte : pour prier, pour confier à Dieu l’âme de nos disparus, pour
sanctifier la mémoire du juste combat.
Ce 21 novembre ne sera pas seulement un hommage.
Ce sera un acte de résistance, une offrande collective à la mémoire de ceux qui sont tombés.
Comme les héros de 1955, ceux du 26 mai 1990 ou des soulèvements de 2008, qui n’ont jamais eu droit à une reconnaissance nationale, les martyrs de cette crise électorale
entreront dans l’histoire du Cameroun libre.
Nous donnerons ainsi, à la face du monde, l’image d’un peuple soudé, digne et solidaire, qui ne cède ni à la peur, ni au vol
électoral, et qui continue, dans l’honneur, à bâtir la République du peuple souverain.
Un fonds de soutien aux victimes sera également instauré. Nous en préciserons les modalités en temps opportun.
À vous tous, je dis : ce jour nous unit dans la peine, mais aussi dans la promesse d’un
lendemain meilleur. Un lendemain où la justice remplacera l’impunité, où l’école, l’hôpital et la route seront les priorités d’un État réconcilié avec sa mission.
Notre action visant au respect de votre volonté est inscrite dans un plan clair et structuré.
De nouvelles instructions seront données dans les prochains jours, en droite ligne de notre stratégie de résistance active et passive.
Je le dis ici avec fermeté : je ne trahirai pas.
J’ai reçu un mandat clair du peuple, celui de faire triompher la vérité des urne et d’engager la refondation morale et politique du
Cameroun.
Je consacre le reste de ma vie à l’accomplissement de ce serment
de fidélité au peuple camerounais.
Le régime sortant a fait le choix de jurer sur la Bible après avoir volé une élection.
Ce parjure signe sa propre fin.
Ce n’est pas à nous d’aller le sauver.
On ne négocie pas avec le déshonneur.
On ne légitime pas le vol électoral par des manœuvres de couloir.
Et je vous le redis, pour que nul n’en doute :
Je ne reculerai pas. Je ne négocierai pas. Je ne capitulerai jamais.
Vive la République. Vive le Cameroun.
Issa Tchiroma Bakary
Président élu de la République du Cameroun





