Les experts du cabinet Cerutti SA viennent d’adresser une lettre ouverte au président Biya.
Dans leur correspondance, ces experts indiquent que leur rapport sur l’accident ferroviaire d’Eseka de 70 pages et daté de février 2017, n’est jamais parvenu ni aux magistrats encore moins aux conseils des victimes.
Ce rapport a totalement disparu. ” Seul le rapport d’étape du cabinet Cerutti du 21 novembre 2016 a été produit en justice, alors que le rapport détaillée de 70 pages qui avait été adressé par DHL à la présidence de la République du Cameroun en 46 exemplaires (23 exemplaires en langue anglaise et 23 en langue française), a l’attention d’un haut commis de l’Etat encore en fonction et réceptionné par ses soins, (dont 2 exemplaires grand luxe à votre attention, a totalement disparu“, écrivent-ils à Paul Biya.
Selon le cabinet Cerutti, le rapport définitif sur l’accident ferroviaire d’Eseka comportait des précisions destinées du tribunal d’Eseka sur les causes et circonstances de l’accident. “Il apportait la démonstration technique et scientifique des fautes graves et des manquements commis par la société Camrail, depuis la direction générale jusqu’aux équipes opérationnelles“, font valoir les experts du cabinet Cerutti.
Joints par Koaci, ces experts disent être tenus par l’obligation de confidentialité inscrite dans la convention signée avec le Ministre rapporteur de la Commission d’enquête et confirmée par M. le Procureur de la République qui les a commis en qualité d’experts judiciaires. Ledit rapport, précisent-ils, ne peut donc pas être rendu public ” tant que cette obligation sera en vigueur.”
Pour rappel, il y a trois ans, précisément le 21 octobre, un train de la compagnie Camrail filiale de Bolloré, a déraillé à Eseka, (ville du département du Nyong-et-Kéllé région du centre), faisant officiellement 79 morts et près de 600 blessés. En décembre 2016, Camrail soupçonnait les experts de “partialité.”
L’entreprise a dénoncé à travers une note les similitudes entre les cabinets Essiga et Cerutti. Dans ses conclusions déposées en septembre 2018, devant le tribunal d’Eseka, la filiale de Bolloré avait accusé les experts Cerutti d’avoir déposé un “rapport corrompu”. La société Camrail qui avait été condamnée par la justice camerounaise pour “homicide involontaire” dans le cadre de la tragédie d’Eseka a contesté la décision du tribunal et évoqué une absence d’expertise qualifiée.
Avec Kaoci