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Cameroun – 8 Mars Sans Pagne : Comment Ngoh Ngoh a humilié Chantal BIYA

La célébration de la journée internationale des droits de la femme s’est célébrée ce mardi 8 mars 2022. Au Cameroun, le pagne du 8 Mars, devenu au fil des ans, une véritable identité remarquable de cette célébration, a salé la note chez plusieurs femmes, du fait de sa rareté.

Au-delà des polémiques autour de la capacité de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), la plus importante entreprise de transformation du coton du pays, le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr), Ferdinand Ngoh Ngoh, est sur le banc des accusés, d’avoir été la cause des difficultés endurées par des femmes à obtenir un pagne pour participer au défilé qui leur était dédié ce 8 mars, en présence de la Première dame Chantal Biya. L’information est contenue dans une enquête parue des colonnes du quotidien Le Messager, paru hier mardi, 8 mars 2022.

Ci-dessous l’intégralité de l’article

La tradition du port du pagne le 8 mars. Journée internationale de la femme, est perturbée cette année 2022 au Cameroun. Dans un communiqué daté du 04 mars 2022, le ministre de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff), Marie Thérèse Abena Ondoa, informe l’opinion publique que « foutes les femmes qui n’ont pas pu rentrer en possession du pagne de cette édition de la Journée internationale de la Femme, peuvent arborer celui des années antérieures ».

Raison : le pagne du 8 mars n’est pas visible sur les étals des points de vente de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), et de certains autres commerçants sur toute l’étendue du territoire national. Plusieurs entreprises et autres organisations de femmes qui ont passé des commandes, sont tout simplement déçues de ne pas recevoir la quantité sollicitée.

« Nous avons commandé 1000 pagne depuis janvier. Il y a quelques jours, on nous informe que notre commande ne pourra pas être livrée », s’indigne une élue locale dans le département de la Mefou et Akono. Mais qu’est-ce qui peut expliquer cette incapacité de la Cicam à satisfaire la demande nationale alors que Yaoundé avait interdit les importations d’écrus (tissus non imprimés).

Une résolution qui devait rester en vigueur tant que l’usine de la Cicam de Garoua, dans la partie septentrionale du pays, restera en capacité de livrer ces produits semi-finis issus de la transformation du coton, et destinés à ravitailler l’usine de production des pagnes de la Cicam basée à Douala. Selon différentes sources proches du dossier, la concurrence déloyale des sociétés chinoises soutenues par des hommes du pouvoir, est à l’origine des difficultés de la Cicam à satisfaire la demande nationale en pagnes du 8 mars.

Le Vice-dieu à la barre

Au-delà des fausses polémiques autour de la capacité de production de la Cicam, la plus importante entreprise de transformation du coton du pays, le doigt accusateur est dirigé contre le ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr), Ferdinand Ngoh Ngoh, pour avoir, dit-on, « tuer ta Cicam au profit des entreprises chinoises ».

À la tête de la « task force » dont l’une des missions est de veiller à la bonne santé des entreprises publiques, c’est donc ce même Ferdinand Ngoh Ngoh qui est au cœur des critiques face à la difficulté des femmes à obtenir un pagne pour participer aujourd’hui, au défilé qui leur est dédié en présence de la Première dame Chantal Biya. Pour des prébendes et jouissant de la confiance absolue du président de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh aurait donc trahi la Première dame pour qui, la commémoration de la Journée internationale de la Femme, est une occasion de communier avec ses concitoyennes.

« M. Ngoh Ngoh est te principal responsable de l’indisponibilité du pagne du 8 mars dans les marchés du Cameroun. C’est lui qui a soutenu la concurrence chinoise installée à Douala avec des tissus en provenance de Chine, parfois importés en contrebande, ce qui a d’importantes conséquences sur les finances de la Cicam», renseigne une source haut placée à Yaoundé s’exprimant sous le couvert de l’anonymat en raison de la sensibilité du dossier.

Alors qu’elle était encore le fleuron de l’industrie textile dans la zone Cemac (Cameroun, Gabon, Congo, Tchad, Guinée équatoriale et RCA) il y a encore quelques années, la Cicam ne contrôle désormais plus qu’à peine 5% du marché local, et est lourdement endettée vis-à-vis de la Sodecoton, son principal fournisseur qui a arrêté de lui fournir la matière première.

« C’est pitoyable et évidemment inacceptable qu’un homme en qui le chef de l’État a placé toute sa confiance, utilise sa position pour faire des affaires personnelles et s’enrichir», souligne une autre source, amère, membre du comité central du Rdpc (parti au pouvoir).Dans l’entourage de Ngoh Ngoh, on se défend en avançant que le Sgpr pose des actes après « instructions du chef de l’État » et qu’il « ne saurait être comptable de ta faillite de la Cicam ». Soit.

Il faut signaler que la Cicam est l’une des rares entreprises camerounaises qui transforme la matière première produite localement et possède un savoir-faire qui remonte à plusieurs années. Après avoir réduit l’opposition à sa plus simple expression, Paul Biya doit-il se préparer désormais à croiser le fer avec l’un de ses plus proches collaborateurs ?

Le Messager