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Cameroun-Examen du baccalauréat : « L’eau a vraiment coulé », enquête du journal Emergence

Le journal Emergence, livraison de ce lundi 27 juillet 2020, livre les résultats d’une enquête aux fraudes massives à l’examen du Baccalauréat, ayant favorisé la reprogrammation de trois épreuves dans les séries scientifiques.

Des épreuves se sont retrouvées sur les réseaux sociaux avant leur passage.
Cela faisait plusieurs années que le Cameroun n’avait plus vécu un tel scénario : la fuite des épreuves à l’occasion de l’examen du baccalauréat. Pour des raisons de fraudes massives, trois épreuves du baccalauréat de l’Enseignement général 2020 notamment dans les séries scientifiques, ont été annulées, annonce Pauline Nalova Lyonga dans un communiqué datée du vendredi 24 juillet 2020. Il s’agit des épreuves de physiques, de chimie et de science de la vie et de la terre (Svt).

Ainsi, après une année marquée par la crise sanitaire liée au coronavirus qui à fait en sorte que les élèves aient une année en dents de scie, voilà où on en arrive. Pour les élèves et les parents, c’est le choc.


Physiques, SVT et chimie



Alors que le baccalauréat de l’Enseignement devrait se terminer samedi dernier avec la traditionnelle épreuve facultative, l’on apprend à travers un communiqué de Pauline Nalova Lyonga que les candidats des séries scientifiques vont devoir reprendre leurs épreuves de physique, Sciences de la vie et de la terre et chimie les 10 et 11 août prochains.

Cette nouvelle programmation entraîne ipso facto une modification du calendrier du probatoire.


Fraudes



Si les raisons de cette importante décision n’ont pas été officiellement dévoilées, nous avons enquêté à la fois au ministère des enseignements secondaires et à l’office du baccalauréat. La fuite des épreuves des matières ci-dessus citées est ce qui a conduit à leur annulation et leur reprogrammation. Les hauts cadres du Minesec, qui ont requis l’anonymat, confirment : « Quand on annule les épreuves, cela signifie qu’il y a eu fraudes. L’eau a coulé ».

D’après Paul Sabin Nana, journaliste à Equinoxe Télévision, «selon certains candidats au bac, on devait reprendre toutes les épreuves parce que la fraude a commencé dès le premier jour». Le fait est là : l’eau a coulé. Mais comment ? Pour comprendre, nous nous sommes rendus à l’office du Baccalauréat (Obc), où nous avons pu rencontrer des cadres de cette administration qui est en charge du management du baccalauréat au Cameroun.

En confrontant des sources, il ressort globalement que l’Obc était au courant de la fuite depuis le jeudi 23 juillet, soità la veille du passage des épreuves épinglées.

D’après l’un des cadres avec qui nous avons discuté, depuis 2018, la stratégie est désormais de tire toutes les épreuves qui atterrissent sur les réseaux sociaux et, jusqu’au jeudi 23 juillet 2020, toutes ces épreuves étaient fausses. Sauf que, « ce jeudi-là, il y a eu une bonne épreuve. Il s’agissait d’une épreuve de physiques de la série D. Il ne fallait pas paniquer. Des inspecteurs nationaux avec lesquels l’Obc a échangé nous ont également remonté cette information. L’Obc a décidé de laisser que les épreuves se déroulent normalement. Car, quand la fuite est découverte, rien ne permettait de savoir qui en était à l’origine.

En arrêtant l’examen, le responsable de la fuite n’allait pas mourir. Il fallait donc attendre qu’il y ait une faille pour savoir d’où cette épreuve était partie. L’Obc a contacté sa tutelle, le Mine-sec. Il a été convenu de faire un communiqué pour dire que l’épreuve était reprogrammée pour le samedi. Mais, le Mine-sec a finalement décidé de laisser couler pour avoir une chance de savoir qui est l’auteur de la fuite ».

Et pourtant, là fissure était large : « On a commencé à enquêter par divers moyens et, vendredi 25 juillet à une heure du matin, quelqu’un nous envoie des épreuves une nouvelle fois. Il s’agissait cette fois-ci de la bonne épreuve de chimie. Elle aussi avait fuité », avoue un autre cadre.

Il nous présente ladite épreuve qui en réalité a été filmée, et sur laquelle on aperçoit la trace du scotch sécurisé de l’Obc. « Pour nous, c’est un chef de càntrfe ! qui est l’auteur de ces fuites. C’est lui qui a ouvert l’enveloppe avant et a filmé et, c’est ce scotch sécurisé qui nous permet de comprendre que c’est un chef de centre car le scotch sécurisé nous permet de prouver qu’on a reçu les épreuves de l’Obc ». Et si la fuite avait plutôt eu lieu à l’Obc ? « Nous n’avons pas d’épreuves ici », nous dit-on à l’Obc.

Il faut dire que pour la session du baccalauréat 2020, il y a 1252 personnes susceptibles d’avoir les épreuves de l’Obc, des chefs de centre. « A Bangangté par exemple, il y a quelqu’un qui a les épreuves du bacc, qui peut décider d’ouvrir les enveloppes. Nous à l’office, on remet les épreuves aux délégués régionaux, qui remettent à leur tour aux délégués départementaux qui enfin les remettent aux chefs de centre ».

On constate néanmoins à l’écoute de ces explications qu’en dehors des chefs de centre, d’autres responsables sont aussi dans la chaîne de présumés coupables. Néanmoins, la piste du chef de centre semble plus crédible (lire le bon à savoir qui suit cet article).

Il faut dire que les mesures prises pour cantonner la progression de la maladie à coronavirus à l’occasion des examens de fin d’année font aussi courir quelques gros risques : « Quand on décide de n’avoir que 24 élèves par classe, les effectifs sont éclatés. Un établissement qui normalement doit avoir 480 candidats se retrouvent avec 240. Les autres sont répartis dans d’autres établissements. Cela fait autant de chefs de centre qu’on ne maîtrise pas forcémènt », conclut un enseignant.