×

Veuillez désactiver le bloqueur de publicité SVP!

Vous n'aimez pas la publicité dans les pages, nous le comprenons bien! Par contre, un site d'information sans pubicité ne pourra pas survivre sans revenu publicitaire.

Cameroun : Jeune Afrique dresse le portrait de Gilles Sadi, le fils du Ministre Rene Emmanuel Sadi

Gilles Sadi

Numéro deux de la région de l’Ouest, il poursuit son ascension dans l’ombre de son père, René Emmanuel Sadi, le puissant ministre de la Communication. Et il ne compte visiblement pas s’arrêter en si bon chemin. Un portrait de Jeune Afrique.

Porte d’entrée de la bouillonnante région anglophone du Nord-Ouest, l’Ouest du Cameroun est pour plusieurs raisons un territoire stratégique pour Yaoundé. Depuis l’année 2018, qui a été marquée par un retour en force de l’opposition, et face aux incursions répétées des séparatistes ambazoniens, le pouvoir central surveille avec attention cette zone perchée à flanc de montagne. Les hommes qui y sont nommés sont aussi choisis avec soin. Parmi eux, Gilles Christian Sadi.

À 33 ans, ce diplômé de l’École nationale supérieure d’administration et de magistrature (ENAM), promotion 2014, est, depuis deux ans, le numéro deux de cette région, où il occupe le poste stratégique de secrétaire général des services du gouverneur. Un record de précocité pour une fonction historiquement réservée aux administrateurs chevronnés. Sauf que si le nom de Sadi revient souvent surle devant de la scène camerounaise, c’est moins pour son âge que pour ce patronyme qu’il partage avec l’influent ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi.

En 2016 déjà, lorsque Gilles Sadi est nommé adjoint du préfet du Mfoundi, le département qui abrite Yaoundé, ses détracteurs y voient la marque de son père qui occupe alors le poste de ministre de l’Administration territoriale et qui est donc, à ce titre, le patron de la préfectorale. Les accusations de népotisme fusent. Une partie de l’opinion en est convaincue, le fils du prince tient désormais sa baronnie.

Les mêmes accusations refont surface lorsqu’il devient sous-préfet de l’arrondissement de Kribi 2 en 2017. Puis, en 2019, lorsqu’il rejoint le bureau du gouverneur de l’Ouest, bien que le ministre Sadi ait entre-temps quitté l’Administration territoriale pour la présidence, où il officie brièvement comme ministre chargé de mission. Suivant les traces de son père qui a fait de la discrétion sa marque de fabrique, Gilles Sadi reste droit dans ses bottes face aux critiques.

Un homme secret

Formé dès sa plus tendre enfance chez les pères catholiques du collège Vogt, il a facilement endossé le costume d’administrateur civil. Réputé bon vivant du temps où il était étudiant en sciences politiques à l’université de Yaoundé 2, il a peu à peu changé ses habitudes et réduit ses mondanités. Aujourd’hui, c’est un homme secret. Et contrairement à son frère François, un jeune entrepreneur à succès, ou à sa sœur Anne-Simone, inspectrice des impôts, il est absent des réseaux sociaux. « Cette réserve m’évite de me retrouver en porte-à-faux », assume-t-il.

À quoi consacre-t-il son temps ? Sur son bureau, à Bafoussam, les dossiers s’accumulent. Véritable cheville ouvrière du gouvernorat, il assure la coordination des départements administratifs et veille à la bonne circulation des informations avec les autres services de l’État dans la région. À ce titre, il est au fait de tous les sujets délicats. Il a ainsi été l’un des artisans de la visite de crise effectuée par le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, après l’attaque perpétrée à Babadjou en juillet dernier, ou de celle du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, un an plus tôt.

Gilles Sadi le sait, durer dans l’administration civile suppose de ne pas faire de faux pas. Dans une région en grande partie acquise à l’opposition, il se défend d’ailleurs d’exercer une fonction politique. « On ne gère pas la cité avec des réflexes politiques ou en soutenant x ou y », martèle-t-il. Des propos qui peinent cependant à convaincre. Son père n’est-il pas un ancien secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) et un membre du bureau politique du parti depuis 2011 ?

Gilles Sadi n’en fait pas étalage, mais il a lui-même participé à un meeting de soutien au président Paul Biya. C’était en 2016 et il était à l’époque le premier adjoint du préfet du Mfoundi. Gilles Sadi avait cru bon d’ouvrir les travaux d’un rassemblement de chefs traditionnels du département appelant à une nouvelle candidature du chef de l’État sortant. Le jeune administrateur ne se renie pas, mais préfère tisser sa toile à l’abri des regards. Adoubé en son temps par le patriarche Victor Fotso, il a profité de sa nomination dans l’Ouest pour se rapprocher des milieux d’affaires et de l’élite bamiléké. Certains ont cru voir en lui une porte d’accès au ministre René Emmanuel Sadi.

Jusqu’où ira l’héritier du clan Sadi ? L’intéressé aux costumes trois-pièces faits sur mesure ne veut rien dire de ses ambitions. Mais tout indique que l’histoire ne fait que commencer.

 

 

Jeune Afrique