Dans une declaration adressée au gouvernement en début de cette semaine, les dirigeants camerounais sont priés de renforcer leurs liens avec leur population jeune , d’intensifier leurs efforts pour accroître la sécurité et apporter la paix à tous ses citoyens, afin de rechercher des solutions durables à la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
L’appel a été lancé par la Fondation Mo Ibrahim, qui se dit gravement préoccupée par la crise actuelle au Cameroun. La fondation a exhorté toutes les parties prenantes à s’unir pour promouvoir la compréhension entre les ethnies, les religions, et à engager un dialogue constructif en vue de trouver une solution passive.
L’organisation a désapprouvé l’escalade du conflit dans les régions anglophones du Cameroun, affirmant qu’il ne ressemblait en rien à la grève déclenchée par des enseignants et des avocats en 2016.
Rappelons que la fondation Mo Ibrahim est une fondation africain créée en 2006 et qui se préoccupe des problèmes de gouvernance et de leadership en Afrique.
Vous trouverez ci-dessous la déclaration complète de la Fondation Mo Ibrahim sur la crise au Cameroun :
Au cours des deux dernières années, la Fondation Mo Ibrahim a continué de surveiller et de suivre les problèmes de gouvernance rencontrés par le gouvernement du Cameroun. Cette attention renouvelée était due à la grève pacifique d’avocats, d’enseignants et d’autres professionnels qui a débuté en novembre 2016 et qui s’est transformée en violence, faisant ressortir les tensions ethniques et religieuses et nuisant à la stabilité et à la paix dont le pays jouit depuis plusieurs décennies.
Aujourd’hui, la confrontation entre le gouvernement camerounais et les séparatistes continue de s’intensifier, faisant des victimes parmi les civils et les agents de la sécurité de l’État. Les scènes que nous voyons aujourd’hui de cette confrontation persistante ne ressemblent en rien à la grève pacifique commencée il y’a deux ans.
Un Cameroun pacifique est vital, non seulement pour la région Afrique, mais pour l’ensemble du continent. Souvent décrit comme une « Afrique en miniature», le Cameroun reflète la diversité culturelle, ethnique et géographique du continent. Cette jeune nation suit également les tendances plus larges de la croissance démographique de la jeunesse africaine, les 15-34 ans représentant plus de 77% de la population du pays.
L’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique 2018, publié il y a quelques semaines, met en évidence les défis actuels en matière de gouvernance au Cameroun et rend compte de la détérioration inquiétante des tendances. La mesure de la gouvernance globale continue de baisser, en particulier au cours des cinq dernières années. Ce déclin se manifeste notamment dans la catégorie Sécurité et État de droit, mesurée principalement par les résultats insatisfaisants liés à l’absence de participation des gouvernements à un conflit armé, à l’absence de violence exercée par le gouvernement sur les civils, à la sécurité nationale, à l’absence de conflit armé interne ou au risque de violence. Conflit et fiabilité des services de police.
Les performances dans la catégorie Participation et Droits de l’homme n’ont montré aucune amélioration constatée et ont été négativement impactées par les récentes élections présidentielles, où le taux de participation dans les régions anglophones aurait été très faible.
La Fondation reste profondément préoccupée par la crise en cours au Cameroun et exhorte toutes les parties à s’unir pour promouvoir la compréhension entre les ethnies et les religions et à engager un dialogue constructif en vue de trouver une solution pacifique. Nous encourageons les dirigeants du pays à nouer davantage de liens avec sa population jeune et à redoubler d’efforts pour accroître la sécurité et apporter la paix et des privilèges à tous ses citoyens.
