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Cameroun : «Le syndrome identitaire nous égare »

L’universitaire Louis-Marie Kakdeu s’interroge sur la montée du tribalisme et du repli identitaire dans l’espace public, une véritable gangrène pour la cohésion nationale

Qui est tribaliste plus que l'autre? C'est désormais le mot de passe au Cameroun. Un vrai débat de l'oeuf et de poule. Une question de savoir qui a commencé en premier ? Les uns rejettent la responsabilité sur les autres. Ce sont eux qui ont commencé. Et on se fait bonne conscience. On ne comprend pas que nous avons été éduqués pour nous détester. Pour trouver que l'autre est une menace. Et donc, pour être une foule qui ne sait pas faire foule. Une foule incapable de se mobiliser.

Je suis Bamileke. Je suis né à Banka. La société m'a éduqué pour détester gratuitement les "njong" (principalement les baham) et les Nkwa (beti, douala, etc.). Je dis bien gratuitement. Jusqu'à ce que je me pose une question simple: mais, qu'est-ce ce qu'un Kwa m'a fait? Qu'est-ce qu'un "Njong" m'a fait? Rien en effet. Je suis sudiste et je travaille à l'Extreme-Nord à MAROUA. Je vis ces choses tous les jours. Des clichés. Ma société au Sud du Cameroun m'a formé pour dire que les Nordistes sont des "Wadjo" ou pire, des "moutons". Oui, mais je suis un être doté de discernement. Je connais les raisons historiques qui justifient ces clichés. Je suis francophone. J'ai été éduqué pour appeler les anglophones "anglo-fous". Mais, je comprends bien que je suis manipulé et donc, je ne fais pas le jeu.

C'est nous le problème. Nous maintenons les clichés avec lesquels nous avons grandi. Sans discernement. Pourtant, nous savons tous que nous avons besoin de construire une société libre et inclusive. Nous continuons de voir l'autre sous les lunettes identitaires. Et cela nous éloigne des objectifs du développement.

Par exemple, beaucoup pensent que le patriotisme économique signifie que l'on chasse les Blancs. Non! La nationalité ou l'origine de l'investisseur ne compte pas en économie. L'argent n'a pas couleur, dit-on. C'est l'investissement au niveau local pour créer localement les richesses qui compte. Que l'investisseur soit français, chinois, américain, turque ou russe, c'est l'investissement au niveau local qui compte. Et il s'agit des investissements directs étrangers (capitaux étrangers) que chaque pays normal cherche à attirer.

Nous nous trompons sur beaucoup de sujets. Et le populisme identitaire ne nous aide pas.

Que Dieu bénisse les uns et les autres.

 

Dr Louis-Marie Kakdeu