Le Fnsc, le parti de Tchiroma Bakary a joué un rôle déterminant dans les élections internes du parti au pouvoir.
Quelques jours après la clôture des opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du Rdpc, les langues se délient pour fustiger l’intrusion des militants du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc), parti de Issa Tchiroma dans les élections internes du Rdpc à Maroua.
En tout cas, qu’on le veuille ou non, le rôle du Fsnc dans le sort “de différents candidats à Maroua n’est guère un mystère. Raison pour laquelle certains l’assimilent au groupe Wagner des élections ; allusion à cette célèbre organisation paramilitaire des mercenaires russes recrutés pour les besoins de la cause dans les zones de conflits à travers le monde.
D’un bureau de vote à l’autre ou d’une section à l’autre, les militants du Fsnc ont fait et même défait des destins.” Et dans l’entourage du député Fsnc du Diamaré, Salmana Amadou Ali, considéré comme le chef de file de ce groupe, l’on ne s’en cache pas. Au lendemain de la proclamation des résultats des élections dans le Diamaré Centre III par exemple, l’un des proches du truculent député, Fabrice Wassah, a tôt fait d’exalter les prouesses du parlementaire qu’il décrit comme “le faiseur des rois.” Ainsi, écrit-il sur son mur Facebook, photo du député à l’appui : “Le faiseur des rois. Tu as encore frappé fort. Maroua 3 te passe le coup de chapeau. Tu restes et demeures le meilleur. ” se targue-t-il.
À travers ces mots, Fabrice Wassah célèbre ainsi la chute de l’ancien ministre Sali Daïrou, dont les partisans pointaient du doigts les mercenaires du Fsnc, recrutés par son challenger, l’opérateur économique Adamou Siddiki.
Mais celui qui exalte l’exploit du député du Diamaré dans la chute du candidat Sali Daïrou n’est autre que le président du bureau de vote de Diguir Ouro Oumara, renseigne Ahmadou Roufaï. “C’est lui-même qui nous a bloqué et a refusé qu’on vote sous prétexte que nos partisans avaient de fausses cartes d’adhésion.
Or, tous les 363 inscrits de la sous-section avaient bel et bien leurs cartes en bonne et due forme. Nous avons beau le supplier, rien n’y fait. On a tout simplement compris qu’il avait ordre de nous bloquer étant donné que le canton de Balaza était considéré comme le fief du ministre Sali Daïrou. C’est-à 13 heures que là présidente est venue lui demander de laisser les gens voter. Mais on a compris que le jeu était déjà vicié d’avance. À 13 heures passées comment faire pour que toutes les 363 personnes votent.
Et comme si cela ne suffisait pas, Abouya Mahamat, un conseiller municipal Fsnc de Maroua 3ème aura particulièrement fait preuve, d’un excès de te9sing sur les résultats définitifs ainsi que l’acte de validation de l’élection des responsables de différents bureaux de section. Premier parmi ceux qui ont relayé dans plusieurs foras WhatsApp et Facebook ces informations, Abouya Mahamat, a renforcé les suspicions qui pesaient déjà sur lui et, surtout son rôle actif lors des élections.
Rappelons par ailleurs que ce grand conseiller à la mairie de la ville de Maroua avait été pris à partie par les partisans du ministre Sali Daïrou qui l’accusaient d’avoir falsifié les procès-verbaux. Il était d’ailleurs, dans sa mésaventure, ce jour-là, en compagnie de Mohamadou Sali, délégué régional de l’Emploi et de la formation professionnelle pour l’Extrême-Nord, un autre proche du député, qui a subi le même sort’, renseigne-t-il encore.
Ces faits bien qu’anecdotiques traduisent à suffisance la présence du parti Fsnc dans le processus. Une présence que les acteurs politiques n’ont peut-être pas vu venir. Sali Daïrou, candidat malheureux dans le Diamaré Centre 3 autant que Daïrou Hamidou, qui a perdu dans le Diamaré Centre 2, tous voient en leur défaite la main obscure du Fsnc et surtout du député Salmana Amadou Ali. ’ Ils ont amené les militants du Fsnc dans les bureaux de vote.
Ils ont empêché nos partisans l’accès aux bureaux de vote. Certains bureaux n’ont pas ouvert jusqu’à 13 heures. Et là où le peu de nos militants sont allés voter, ils sont allés falsifier les PV et y ont apposé des cachets. Ils ont même distribué des cartes d’adhésion,” s’est plaint le membre du bureau politique du Rdpc.
Abondant dans le même sens, Daïrou Hamidou alias le méridien estime que “c’est honteux pour le Rdpc ainsi que ceux qui se disent militants d’avoir recours à des opposants pour faire tomber leurs camarades du parti. Comment a-t-on pu laisser le Fsnc et Salmana nous ridiculiser autant ? Et je me demande ce que ceux qui les ont enrôlés vont faire quand on sera en compétition avec le Fsnc prochainement ? puisque jusqu’à présent ces gens sont dans l’opposition.
Je pensé tout simplement que c’est une honte pour le Rdpc ici à Maroua, car ces gens ont fait la même ‘chose presque partout. Ils j ont fait à Maroua 2, Maroua 3ème, à Maroua 1er. Ils ont semé le désordre partout sans, être inquiétés,” a indiqué l’opérateur économique.
Ici et là, certains militants regrettent des scènes de fraude impliquant les militants du Fsnc. Surtout dans les fiefs du ministre Sali Daïrou auquel appartient Sanda Ahmadou de la sous-section de Kodek centre. “À la fin du dépouillement, nous devions ramener les PV au cercle municipal. Mais, chemin faisant le président a disparu à Dougoi.
C’est deux heures après qu’il nous retrouve au cercle municipal avec des Pv falsifiés. Et quand il nous a vu, il a paniqué en disant qu’il a déjà déposé ses Pv. En le fouillant, or se rend effectivement compte que les résultats ont changé au profit du candidat Adamou Siddiki. Sur le Pv falsifié Adamou Siddiki a 368 contre 93 pour Sali Daïrou. Or le nombre de votants même était de 300 où le candidat Adamou a obtenu 79 voix,” raconte-t-il.
De fait, l’intrusion du Fsnc dans les affaires du Rdpc ne date pas des opérations de renouvellement des bureaux des organes de base. On s’en souvient, à l’époque, le maire de Maroua 1er Hamadou Hamidou avait bravé le vote interne de son parti pour rebondir à la tête de l’exécutif grâce à son alliance avec le Fsnc et les précieuses voix de ses 6 conseillers municipaux.
Dans la commune de Maroua 3ème, le Fsnc s’en est tiré malgré ses 4 conseillers, avec pas moins d’un poste de 3ème adjoint au maire (Bouba Kona, Ndlr) et d’un grand conseiller, Abouya Mahamat.
Mais d’où vient la force politique du Fsnc à Maroua ?
Ibrahim Madi Atchemi, militant du Rdpc depuis 1992 est formel. ” Salmana n’agit que sur ordre des barons politiques. du parti, dans la région et dans le département. Pourquoi ne le fait-il pas ailleurs qu’à Maroua si tant est que le parti et ce Salmana sont si puissants ? Et ces gens qui envoient Salmana ont pour objectif de détruire le parti par des divisions et des querelles.
Voyez-vous un responsable politique de l’opposition aller semer la pagaille dans le Nord et l’Adamaoua sans que le Lamido de Rey-Bouba ou Alhadji Abbo ne disent quelque chose ? Avant de demander au nom de qui agit Salmana, demandez-vous qui sont les patrons du Rdpc à l’Extrême-Nord et dans le Diamaré ? Vous avez votre réponse.
Il vous souvient que lorsqu’il a été proclamé député du Diamaré, c’est le patron politique du Rdpc dans le Diamaré qui s’est rendu personnellement en délégation au domicile du député pour le féliciter. Que voulez-vous encore de plus. Et c’est même patron du Rdpc qui a permis au Fsnc de partager les postes dans les communes où pourtant le Rdpc est largement majoritaire. Ce n’est que le retour de l’ascenseur.
On ne demande pas aux gens se détester en politique, mais il y a de proximité incestueuse en politique. Et c’est de ça qu’il s’agit,” a “indiqué ce certifié d’études politiques de l’université de Maroua, non moins trésorier du bureau de la section dans la liste de Sali Daïrou.
Pour la présidente de la commission locale électorale, repêchée à la suite du désistement de l’ancien président Hamadou Bouba, tout s’est passé dans le calme et la sérénité. “Lorsqu’on prend les présidents de bureaux de vote on voit les gens qui savent bien écrire lire. Ce sont des fonctionnaires à la retraite, des enseignants, des infirmiers etc.
On ne voit ni leur appartenance religieuse, ni politique. Mais si les gens estiment qu’ils sont de l’opposition, ça nous arrange même parce qu’ils sont au moins neutres. Ils ont fait correctement le travail sous le regard de l’autorité administrative, notamment le sous-préfet et son état-major qui ont veillé à la régularité des élections. Je pense qu’il faut que les gens apprennent à être fair-play. Quand on va en compétition, il faut s’attendre à tout” a-t-elle conclu.
De son côté, le patron régional du Fsnc à l’Extrême-Nord, Salmana Amadou Ali, accusé par les différents acteurs de jeu trouble s’en défend et nie toute implication dans les opérations. “Je ne suis pas du Rdpc, je ne vois pas pourquoi je dois influencer ou faire quoique ce soit pour qui que ce soit. Les gens du Rdpc sont forts pour accuser les autres.
Mais c’est leur droit, on ne peut pas le leur refuser ça au moins. Ils ont quelle preuve pour dire que je fais telle ou telle chose. C’est entre eux là-bas et ça ne me concerne pas. Quand ils disent que j’ai distribué 5000 cartes d’adhésion, j’espère tout simplement qu’ils ont les preuves de tout ça, ” a réagi le député.
Quoiqu’il en soit, les opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du Rdpc à Maroua sont encore loin d’avoir livré tous leurs secrets
L’œil du Sahel
