Dans une interview, accordée au quotidien Le Jour, le rappeur Valsero, revient sur son séjour en prison, son engagement en politique et surtout son alliance avec Maurice Kamto.
Comment se porte Valsero, deux mois après sa sortie de la prison principale de Yaoundé où il a passé neuf mois ?
Je me porte assez bien aujourd’hui. J’avoue avoir été traumatisé par cette difficile expérience, il m’arrive encore de faire des cauchemars. J’ai pensé à un moment voir un spécialiste, mais l’amour de ma famille arrive à gérer le syndrome post traumatique.
On ne vous a pas beaucoup vu depuis cette libération. Est-ce un choix délibéré ?
Oui. J’avais besoin de retrouver ma famille et les quelques amis qui me sont restés fidèles. De m’assurer que j’étais en bonne santé et surtout de me reposer. Ces neuf mois de détention illégale m’ont pris beaucoup d’énergie.
Certains ont pensé que vous aviez pris du recul par rapport à l’engagement qu’on vous a connu…
Mon engagement est ma raison d’exister, mon mode de vie. Prendre du recul voudrait dire se suicider et je n’en ai pas l’intention. Les résultats obtenus en terme de politisation de la société sont très encourageants, le paysage politique camerounais est de plus en plus dynamique. Je n’ai aucune raison de reculer, au contraire l’idée est de continuer la mobilisation et la sensibilisation des Camerounais sur la nécessité de leur engagement, car le changement c’est nous. Nous devons changer de paradigmes si nous voulons changer notre société.
Les élections législatives et municipales sont annoncées pour le 9 février prochain. Quelle est votre position à ce sujet ?
Je pense qu’il serait maladroit d’organiser des élections dans le contexte actuel, quitte à répéter ce que beaucoup d’acteurs politiques ont dit avant moi, en l’absence d’un nouveau code électoral consensuel, sans avoir ramené le calme, la sérénité et les populations dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Il ne serait pas bon pour le Cameroun d’organiser des élections. Nous en tant que population et hommes politiques avons l’occasion, soit de marquer notre solidarité à nos frères et sœurs, soit d’acter la sécession et la partition du pays
Vous avez conclu à la veille de la présidentielle d’octobre 2018 une alliance avec Maurice Kamto. Comment se porte-t-elle aujourd’hui ?
Je parlerais plus de contrat à durée déterminée qui comptait essentiellement pour l’élection présidentielle et selon notre accord, notre contrat a pris fin le 7 octobre 2018. Mais voilà, la situation post-électorale, notre arrestation illégale et neuf mois d’incarcération dans une cellule commune ont mis sur pied les bases d’une nouvelle alliance dont les termes ne sont pas encore définis.
A quoi s’occupe Valsero en ce moment ?
En priorité je m’occupe de ma famille. Un album baptisé INTENSITÉ est en préparation pour février 2020, un livre pour février également. Avec mon association Our destiny nous préparons la première édition du festival de la démocratie et le projet Triple A ( artist-alert-afrik) dont je ne peux pas encore parler. Entre temps nous essayons de reconstruire le studio des masters of the game, notre label qui a été complètement détruit pendant notre détention. Parlant de notre, je pense à mon collègue et ingénieur de son Faucon amente, qui lui aussi a passé neuf mois en prison pour m’avoir apporté ma carte nationale d’identité au commissariat.
Quels sont vos projets immédiats, tant sur le plan culturel que politique ?
Politiquement je continuerai à mobiliser les populations camerounaises à s’engager et à s’investir en politique, je continuerai à les encourager à se lever et se battre pour une société plus juste et plus démocratique. En bref, nous allons intensifier la lutte pour le changement au Cameroun, dans la paix et par les urnes.