×

Veuillez désactiver le bloqueur de publicité SVP!

Vous n'aimez pas la publicité dans les pages, nous le comprenons bien! Par contre, un site d'information sans pubicité ne pourra pas survivre sans revenu publicitaire.

Cameroun :Né sur les réseaux sociaux, le phénomène « Syndicat 2000 FCFA », devient l’objet marketing pour les entreprises

 Syndicat 2 000 FCFA ». C’est le nom de code né des réseaux sociaux il y a quelques semaines au Cameroun. Il désigne le prix du transport à payer aux femmes après un rendez-vous amoureux. « Le prix du transport du taxi c’est 2 000. C’est une décision du Syndicat [des hommes]. Celui qui donne plus sera puni conformément à la réglementation en vigueur fixée par le Syndicat », peut-on lire sur les pages de plusieurs internautes qui se font appeler « syndicaliste ».

Le phénomène est devenu viral au point de faire actuellement l’objet de newsjacking auprès de plusieurs entreprises et pas des moindres. Le newsjacking est une pratique marketing qui consiste à déclencher rapidement une campagne publicitaire ou sociale destinée à rebondir sur un événement ou contexte médiatisé.

L’opérateur Orange Cameroun a par exemple saisi l’occasion pour booster sa campagne publicitaire visant à booster l’utilisation de son service Mobile Money dans le cadre d’un jeu où l’on promet aux utilisateurs un gain d’un million de FCFA par jour.

« Payez le 2000 F de transport de bae [before anyone & everything, pour désigner le partenaire amoureux en anglais] par Orange Money et tentez de gagner 1 000 000 FCFA chaque jour », invite-t-elle dans une première affiche.

Comme pour équilibrer le jeu en faveur des femmes opposées au « Syndicat », Orange Cameroun revient avec une autre affiche : « Les boss ladies disent qu’elles ne sont pas concernées, elles ont toujours au moins 2000 F dans leur Orange Money ».

Le concurrent MTN Cameroon s’est aussi prêté au jeu et en a profité pour propulser sa campagne sur une tombola qui promet des voitures aux joueurs. L’opérateur a créé un visuel sous forme de message WhatsApp dans lequel, « Bae » écrit à sa « chérie » pour lui demander de passer chez lui. Il propose à sa dulcinée de lui en envoyer les fameux 2000 F pour le transport par taxi. Mais, elle lui répond qu’un précédent transfert Mobile Money de 2 000 FCFA lui a permis de jouer à la tombola et de gagner une voiture. Donc plus besoin de payer le transport. 

1 tape

Le fabricant camerounais des vins et spiritueux, « Rhum Sanaga », lui aussi a fait diffuser un visuel portant un message en faveur des hommes : « Le Syndicat a décidé que c’est Rhum Sanaga ». Comme pour dire que les hommes ont adopté le rhum camerounais. Plus tard, le brasseur tente de concilier les parties et parle d’un accord entre le « Syndicat » et les femmes à l’occasion des fêtes de fin d’année. « Cessez-le-feu pour les fêtes : le Syndicat valide Rhum Sanaga ».

https://www.facebook.com/rhumsanaga/photos/a.1379074898925181/1834906796675320/

Comme pour répondre à ceux qui jugent que 2 000 FCFA pour le taxi de la femme est une somme d’argent minable, Douala Grand-Mall, le plus grand centre commercial d’Afrique centrale, qui a récemment ouvert ses portes dans la capitale économique du Cameroun, a produit une affiche avec le message suivant : « Ne minimisons pas 2000 ohhh! Voici ce qu’on pourrait acheter avec 2000 au Douala Grand Mall : un sandwich au thon + boisson gazeuse ; un sandwich + un capuccino, des cakes, des Barres chocolatées, etc... Mon frère, ma sœur avec tes 2000, t’es en haut au Douala Grand Mall ».

Pro et anti newsjacking

« Ce newsjacking peut permettre à ces entreprises d’augmenter le capital sympathie auprès des communautés en ayant utilisé l’humour pour détourner une information », commente un spécialiste de la communication.

Entre temps, le débat sur l’affaire « Syndicat 2 000 FCFA » lui se poursuit au sein de l’opinion et sur les réseaux sociaux. Au point une grille tarifaire de paiement de taxi aux femmes a même été établie selon les villes du Cameroun : 2 000 FCFA à Yaoundé et Douala ; 1 500 FCFA à Bamenda, 1 000 FCFA et 500 FCFA dans les quartiers des villes et une promesse de défrichage d’un champ dans les villages.

Cependant, l’histoire n’amuse pas tout le monde. Certains trouvent qu’il s’agit d’un jeu dévalorisant à la femme réduite au paiement de taxi. « Cette histoire de Syndicat a une charge machiste tellement pesante qu’il faut envoyer en psychanalyse tous ceux qui se prêtent à cette lourde pédanterie », commente Haman Mana, journaliste et directeur de publication du quotidien camerounais Le jour. 

 « À tous ceux qui estiment nous qui parlons de syndicat sommes puérils et immatures, je réponds : on accepte. Il y a déjà assez de tristesse dans ce bas monde et notre pays n’est pas en reste. L’année qui s’achève a été tellement difficile pour les uns et les autres. Le sang et les larmes ont coulé. Presque chacun d’entre nous a perdu un proche ou une connaissance. Tous les sujets aujourd’hui sont devenus clivants. Si pour une fois on peut avoir un sujet qui mettent de côté des tensions et les clivages, un sujet que tout le monde peut aborder sans référence à la tribu, à l’ethnie ou à la chapelle politique, un sujet qui le temps d’un week-end nous fasse oublier l’onde trouble des lendemains incertains dans laquelle nous sommes... eh bien moi j’achète aussi bête et enfantin que cela puisse paraître », lui répond son confrère Paul Mahel.

 

 

Source: Investir au Cameroun