Dans une interview accordée au journal Mutations, le juriste et analyste politique décrypte la situation au sein du Social Democratic Front (SDF) et propose des solutions de sortie de crise
Un groupe de militants du SDF a organisé en milieu de semaine dernière une conférence de presse au cours de laquelle ils ont réitéré leur désaccord avec le management du président national. Quelle analyse faites-vous de cette tension au sein du SDF, née de l’échec de ce parti à la dernière présidentielle, et au regard des accusations portées contre John Fru Ndi ?
Les tensions existent dans toutes les formations politiques. C’est l’expression d’une vitalité au sein des partis politiques où des intérêts multiformes sont en jeu. Ce n’est donc pas une particularité du SDF. Plus concrètement, les tensions au sein du SDF sont nées depuis l’annonce faite par le leader charismatique NJN visant à prendre sa retraite politique, et surtout le choix inopérant porté sur JO qui n’a pas l’unanimité lors de la dernière élection présidentielle.
Le G20 composé à en croire ses membres de la majorité des militants du SDF accusent le Chairman de violer les textes du parti et de nommer ses hommes de main ai sein du shadow cabinet afin de contrôler le prochain congrès et les résultats qui en sortiront. Y-a-t-il un risque d’implosion du SDF avant, pendant ou après le prochain congrès du parti ?
De toute évidence, l’implosion du SDF tient sur une corde de pendule. Et pour preuve, le seul fait pour le G27 d’attraire Ni John Fru Ndi devant les tribunaux montre à suffire que la sérénité et la concorde ne seront pas les choses les mieux partagées dans les jours qui pointent à l’horizon, surtout que les griefs qui sont engagés contre NJN sont extrêmement graves. On lui reproche la violation des dispositions statutaires du parti, l’irrespect des décisions du NEC et sa partialité dans la gestion des affaires internes du parti. Tous ces éléments mis en cohérence démontrent à suffire que le SDF est au bord de l’implosion.
Au regard de votre analyse, que vaut encore le SDF aujourd’hui sur l’échiquier politique camerounais ?
Au regard des tractations et des tensions qui minent actuellement cette formation politique, laquelle a fait les beaux jours de la consolidation de notre démocratie, il y a lieu de craindre à la mise en fraction du SDF comme cela a été le cas pour l’UPC, et éventuellement à sa disparition du paysage politique.
Quelle solution de sortie de crise pouvez-vous proposer?
En guise de solution en termes de sortie de crise, il faut pouvoir convoquer sur la maturité, l’expérience et surtout sur la sagesse de son leader charismatique Ni John Fru Ndi. Pour réussir un tel challenge, il sera obligé de procéder par un parlementarisme de couloir, lequel va consister à réunir en dehors du NEC toutes les forces vives de son parti notamment Joshua Osih et Jean Michel Nintcheu pour enterrer la hache de guerre en recherchant un compromis. Faute d’une telle démarche, aucun espoir ne sera permis.
Comment analysez-vous l’attitude du chairman face aux reproches qui lui sont faites, et sa réaction face au naufrage de son parti ?
C’est une attitude arrogante qui ne correspond pas à celle que doit normalement observer un leader qui voit son navire tancer en pleine mer. Ni John Fru Ndi doit sortir de sa bulle d’autorité et adopter une attitude qui trempe dans l’encre de l’humilité.