Dans un climat d’intolérance exacerbée, de quête pathologique de bouc émissaire ; sous fond d’attaques inélégantes sur les personnes, il nous semble impératif de préciser les contours de l’analyse à laquelle nous nous livrons. De tout temps, les porteurs d’idées se sont affrontés et s’affrontent. Il en fût ainsi de BARRèS/ZOLA, JAURèS/MAURRAS, SARTRE/ARON, et plus près de nous LEVY/FINKIELKRAUT ou ZEMMOUR/ONFRAY ; pour rester dans l’espace francophone qui nous est familier. Il s’agit bien de la défense des principes et de l’exigence d’un minimum de cohérence et d’honnêteté dans les prises de position et les engagements publics des leaders d’opinion. Etant entendu que nul n’est obligé de s’engager. Les récupérateurs et toutes sortes de manipulateurs sont donc priés de ne point instrumentaliser ce texte au vitriol pour alimenter quelque haine à l’égard de ce monsieur que nous avons eu à rencontrer aussi bien en France qu’à Yaoundé et dont la personne ne nous est point antipathique ; c’est une litote.
Vingt ans d’engagement public
Dans un contexte de couardise et d’effacement des universitaires, EMON a eu le courage d’illuminer fort brillamment le débat public camerounais de sa science depuis les années deux mille. En héritage nous pouvons retenir les trois piliers paradigmatiques de sa description du régime de Yaoundé : une « monarchie extra constitutionnelle » empêtrée dans un processus de « chaos lent » l’ensemble n’étant qu’un Etat « AMINA ». Les habitués de ses sorties médiatique perçoivent le contenu qu’il donnait à ces formulations. Du point de vue des catégories de la sociologie politique, il nous serait difficile de contester cet angle d’analyse. Reste que cette lucidité lui a permis de gagner une opinion progressiste si habituée à voir les « sachants » au service du plus fort qu’elle vit en ces rhétoriques du weekend sur tous les plateaux un secoure déterminant.
Le retour de l’enfant prodigue au bercail
Il est à peine croyable qu’un homme aussi cultivé ait pu sous estimer le prix à payer pour une telle rupture de banc alors même que sa famille et lui-même sont une fabrication du régime et demeurent en situation de dépendance alimentaire. De toute évidence sa carrière universitaire connu une trajectoire d’un ralenti au minimum source d’interrogations. Voici qu’il s’impliqua dans un colloque dont le thème à défaut d’être « non scientifique » apparaît tout au moins mineur au regard des priorités de développement de notre pays. « Les actions humanitaires de la première dame »… Dans une société de suspicion généralisée, beaucoup y virent les premiers signes du retour de l’enfant prodigue au bercail. Le réchauffement de sa carrière qui suivit ne fit que confirmer ces soupçons sans que nul ne puisse prouver un quelconque lien de causalité ; mais la logique clientéliste du régime ne laisse personne dupe. La crise anglophone ne fit qu’accentuer les contradictions du professeur « ainsi nommé par le peuple ».
Alors qu’on eût attendu que le théoricien du « chaos lent » convoqua les grilles d’analyse de la sociologie des conflits pour constater que le « chaos lent » tant décrié par ses soins entrait désormais dans sa phase critique en l’occurrence la fragmentation d’un ersatz d’Etat sous fond de démystification d’un roman national schizophrénique ; le sophiste s’échine depuis à nier la crise anglophone pourtant désignée comme telle par son chef d’Etat et s’abandonne lâchement aux théories du complot agitées par des « politologues » du dimanche sur les plateaux de télévision. Feignant d’ignorer que Le « complotisme » n’est jamais que la science sociale du pauvre qui dépourvu de grille d’analyse de situations complexes recherche un bouc émissaire commode. D’après EMON, le Cameroun fait l’objet d’une agression longuement mûrie par une nébuleuse sécessionniste ; les multiples revendications ne sont que mise en scène de façade. Les mauvaises langues auront tôt fait de remarquer que leur héro d’hier venait de se faire gratifier à l’université d’une direction de recherche « coquille vide » ; en tout cas belle accélération de carrière après tant d’année d’indifférence. Evidemment qu’aucun lien n’est à établir avec le zèle propagandiste du nouveau converti.
Une mauvaise foi éhontée
Plutôt que d’admettre humblement une difficulté au demeurant compréhensible de conserver une indépendance intellectuelle vis-à-vis d’un régime dont on attend un chèque tous les vingt-six du mois, EMON fait assaut de mauvaise foi teintée d’une immaturité troublante. Un coup c’est l’opinion qui l’avait associée à sa quête réformiste qui s’était trompée, un autre c’est l’opinion qui l’associe à la propagande réactionnaire ambiante qui se trompe. N’hésitant point à adopter une posture victimaire il pousse la manipulation jusqu’à taxer d’ethno fasciste la raillerie dont il fait l’objet de ci de là ; dans un raccourci simpliste dont il a le secret, les basses invectives d’une poignée d’abrutis son survalorisées pour caricaturer la bronca. EMON découvre par la même occasion que le politologue ne doit pas être normatif.
Sauf que, telle science sans conscience n’est que ruine de l’âme, politologie sans exigence axiologique progressiste n’est qu’une perversion de l’intelligence au service des ténèbres. Un plateau de télévision n’est point un laboratoire de recherche universitaire. Dites donc ! Et la « monarchie extraconstitutionnelle » désormais déguisée en « démocratie tutélaire » ? Le régime « mystocratique » se serait-il convertit à la vertu ? Que du langage ! Le comble est que dans ces dénégations stupides, l’universitaire laisse transparaître des traits de caractères qui in fine font de lui une intelligence particulièrement dangereuse pour l’espace public ; un tyran refoulé !
Le « savant » déteste la contradiction au point de se réjouir des malheurs de son farouche contradicteur (NGANANG) embastillé dans les geôles du régime de Yaoundé. Pour lui les principes de l’Etat de droit qu’il défendait âprement contre la ministre de la culture au sujet du livre de M. LATE n’est qu’une invocation de circonstance. Ce jour là pour protester de sa sainteté, l’imposteur ne manqua pas de rétorquer à AYOLO Bernard sur Satellite FM : « l’idéologie n’est pas génétique ». Au passage, les violateurs des décisions de la chambre arbitrale du comité olympique ont apprécié son soutien indéfectible. V enant d’un « ardant défenseur de l’Etat de droit », TOMBI et ses acolytes n’en espéraient pas tant. Plus narcissique qu’EMON vous mourez. Tel un PROTAGORAS des tropiques, monsieur s’affirme indemne et impassible aux jugements de l’opinion car il serait la mesure de sa propre morale. S’il ne s’agit pas là d’un comportement névrotique les psychanalistes de la place nous dirons de quoi il en retourne. Dans une logique de fuite en avant éhontée, EMON vogue de rhétorique en rhétorique sans le moindre souci d’exigence axiologique qui sied à un homme public progressiste ; ne rechigne même pas à partager des plateaux nauséabonds avec d’authentiques fascistes manifestement heureux de la nouvelle caution.
Tel un vulgaire « no limit », d’extrême droite, regardez le affirmer de manière péremptoire dans l’émission l’arène de Canal 2 du 1 octobre 2017 que les « sécessionnistes » ont signé un contrat d’exploitation pétrolière avec une société qu’il ne manqua pas de citer ; (rumeur par ailleurs en circulation sur la toile depuis la veille). Sur un autre plateau concélébrer les élucubrations et les fantasmes communautaristes de Dieudonné ESSOMBA ou faire la laiche à Achille MBEMBE histoire de se sentir moins seul dans ses errements intellectuels. Au passage nous doutons que MBEMBE veuille se joindre à son service propagandiste. Sur le plateau du Club de l’élite, devant un journaliste groupie il n’hésite point à baptiser la rébellion centrafricaine d’un nom camerounais afin de nourrir une fois de plus ses thèses « complotistes ».
L’information claire et nette. Drôle de politologie qui se résume à relayer sur les plateaux l’intox des officines du pouvoir. Dans un élan puérile, tel un petit complexé, il ne manqua pas de se venter à l’occasion d’une émission (décriptage) d’autoglorification d’être un grand auteur détenteur d’une vingtaine de manuscrits que personne n’a jamais lus ; tout cela pour minimiser l’œuvre de son « adversaire » romancier. Que d’esbroufe ! Désormais, le lion blessé, l’intello déchu par ses fanes d’hier est près à tout pour exister. La sagesse devrait pourtant le conduire à prendre du recul. Après tout, nul n’est obligé de squatter les plateaux. Si sa situation personnelle ne permet plus de s’octroyer une vraie liberté d’analyse, il peut s’éclipser au moins momentanément.
Bien d’enseignants des universités au Cameroun ou ailleurs se soustraient du débat public et n’en sont pas moins universitaires. Son entêtement risque de l’inscrire dans l’histoire comme un intellectuel maudit du style PARETO ou CELINE. Bien des zélateurs du régime BIYA au début des années quatre-vingt-dix sont relégués dans les poubelles de l’histoire et en sont réduits à mendier des évacuations sanitaires pour se sauver de la misère des mouroirs du régime qu’ils ont tant magnifié. Qui donc pour le faire savoir à celui qui affirme être la mesure de sa propre morale ? Et s’il n’était que l’incarnation de la corruption morale qu’il a tant dénoncée dans l’espace public camerounais ? En fait EMON n’est que l’AMINA qu’il a lui-même conceptualisé.
A bon entendeur salut !
BOAYENENGUE Achile, Consultant en ingénierie du développement
Essayiste :
• Tiers-monde comprendre et vaincre le sous-développement ;
• Pensez une révolution verte dans les pays du Sud ;
• La mutualisation de la prise en charge des risques sociaux en Afrique : entre survivances traditionnelles et exigence de modernisation ;
• Directeur de la revue panafricaine des sciences juridiques comparées ;