Manipulations
“C’est lui qui a apporté la démocratie au Cameroun”, Paul Biya et ses thuriféraires aiment à le rappeler. L’avènement de la démocratie au Cameroun dans les années 90′ n’a pourtant rien d’historique lorsqu’on sait que Paul Biya s’est employé depuis 1982 à être président sans partage. Pour Calixte Beyala, il ne fait aucun doute, l’homme du 6 novembre 1982 fait usage de la calomnie comme mode d’élimination de tout adversaire politique.
Pour le démontrer à suffisance, l’auteure se réfère au récent soupçons de compromission véhiculés dans l’opinion pour accabler l’opposant Maurice Kamto après qu’il a annoncé avoir déposé un courrier au Palais de l’Unité.
“Au Cameroun, on dit, on ne prouve pas. Tel a pris une mallette d’argent ; tel autre aurait pris un sac bandjock rempli de billets de dix milles ! Ainsi tout adversaire politique du régime en place est sali. Des ooh, il a pris des caisses d’argent ! Des ooh, il a mangé avec eux ! Des oooh, il est aussi corrompu qu’eux !”, commente Calixte Beyala avant de reprendre.
“Mes chers compatriotes, aucun membre de l’opposition n’a un accès direct aux caisses de l’état en dehors des membres du gouvernement ! Arrêtez d’accuser injustement vos leaders politiques car vous faites en réalité le jeu de ceux qui nous font du mal depuis plus de 40 ans.
Faites front commun avec ceux que vous soutenez ! Ils vous disent que tel a pris de l’argent ? Qu’ils vous en montrent la preuve, soit audiovisuelle, soit écrite ! Parce que tout le reste est pure distraction. C’est avec cette méthode qu’ils ont miné tout le Cameroun !”
Pour en convaincre davantage, elle rappelle avoir diné avec tous les dirigeants français, précisément parce qu’ils avaient des échanges politiques. Et de conclure qu’il en est de même des apartés de Maurice Kamto. “Renouvelez votre confiance à vos leaders.”, lance-t-elle.
Echecs
En quarante années de règne, Paul Biya n’est pas digne d’éloges pour Calixte Beyala. Si elle le dit depuis quelque temps, ça lui vaut des critiques pour le moins hallucinantes. Pour dépeindre son image, un commanditaire du régime de Paul Biya a écrit : “Calixthe Beyala n’a rien fait pour le peuple noir !” comme pour dire qu’elle n’a de leçon à donner à aucun dirigeant qui oeuvre de peu pour le bonheur de l’Afrique.
” Franchement, ces gens qui ont bouffé le Cameroun jusqu’à en vomir, ont le cerveau en bouillie ! Qui a crée le Collectif Egalité pour la défense des noirs ? Calixthe Beyala ! Qui a crée le Mouvement des Africains français pour venger le continent après les bombardements de la Libye et de la Côte d’Ivoire ? Calixthe Beyala ! Messieurs, vous pouvez envoyer toute votre tribu pour me calomnier, Vous avez déjà perdu ! Tout le Cameroun vous vomit ! Allez ouste !”, a-t-elle rappelé.
“Quand j’étais enfant, le Cameroun avait plusieurs sociétés dont la Camair, Alucam, Socapalm, Sonel, la Régifercam, Sosucam etc… Nous avions atteint l’autosuffisance alimentaire.Comment expliquez-vous ce recul de près de 50 ans ? A ce jour, le Cameroun n’a plus rien”, écrit Calixte Beyala pour qui la seule réponse est que les décennies de règne de Paul Biya au sommet du Cameroun n’ont participé proprement qu’à son déclin.
L’avenir
Si le quotidien du Camerounais lambda est des plus regrettable à ce jour du fait de la mégérance entretenue sur la durée par Paul Biya et ses ministres, Calixte Beyala fait le constat d’une volonté de succession planifiée. Une succession d’ailleurs clanique, vu que dans l’opinion camerounaise, le mystère sur les ambitions présidentielles de Franck Emmanuel Biya n’est plus entier. Il s’est d’ailleurs affiché aux couleurs du parti au pouvoir le 6 novembre 2022 à Douala.
Avant de relever le caractère balkanique de cette éventuelité, Calixte Beyala s’avance sur les aptitudes du fils de Paul Biya pour la magistrature suprême. “Etre président requiert des qualités spécifiques comme la connaissance des hommes, la gestion de la chose publique. Il ne suffit pas d’être fils d’un président pour décider de remplacer son père. On n’est pas dans la cambrousse. Le Cameroun est un état de droit.” Tranche ouvertement l’écrivaine.
Espoir de Calixte Beyala
Tout n’est pas plié au Cameroun. Calixte Beyala croit en la force et la détermination d’un peuple à prendre son destin en main. L’avenir que veut compromettre un groupuscule peut basculer si les Camerounais renouent leur confiance en leur leaders et œuvrent chacun à son niveau à l’éclosion d’un Cameroun meilleur. Mais de préciser que des réformes profondes peuvent donner le ton de cette révolution.
“La présidence au Cameroun devrait être rotative- modèle Suisse ? pour permettre à chacune des dix régions d’exercer un jour les plus hautes fonctions. Chaque mandat devrait durer 8 ans non renouvelable. Cela évitera les frustrations et les risques de dislocation du Cameroun.” suggère Calixte Beyala.
Cameroonvoice
