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Cameroun. Régulation des médias : Un ancien membre dénonce les méthodes du CNC

Christophe Bobiokono, directeur de publication et ancien membre du Conseil national de la communication (Cnc), accuse l’organe régulateur de porter entrave à l’exercice du journalisme en violant les procédures dans le traitement des plaintes. Celui-ci rappelle la procédure d’examen des plaintes.

Malgré la grande pluie qui s’est abattue sur la ville de Yaoundé ce 31 mai 2022, un air de sérénité est perceptible au siège du Conseil national de la Communication (Cnc), l’organe de régulation des médias. Comme dans la majorité des services, le responsable du service de la communication Alain Denis Mbezele est sur place. Ce cadre du Cnc qui est déjà informé de l’objet de notre visite dans son bureau dit ne pas voir l’importance à répondre d’une lettre ouverte d’un ancien membre du Cnc. « Nous devions poursuivre notre travail normalement et je ne vois pas l’intérêt pour le Cnc à la lettre ouverte publiée dans les médias. L’auteur de cette lettre a été membre du Cnc pendant plus de sept ans pourquoi n’a-t-il pas fait cette lettre pendant son mandat ?», s’interroge le responsable de La Communication.

Dans cette lettre ouverte écrite le 22 mai dernier, Christophe Bobiokono met en cause les avertissements et les décisions que le Cnc prend à l’encontre des organes de presse. Il accuse le Cnc de persécuter la presse notamment par les multiples violations dans les procédures d’examen des plaintes ainsi que lors de la rédaction des décisions sanctionnant les journalistes. La décision qui justifie la sortie de l’ancien membre du Cnc est liée à un avertissement que le Cnc a adressé le 18 mars 2022 au directeur de de publication du journal Eco Matin accusé de « manquement professionnel consécutif à une investigation insuffisante ayant conduit à la publication dans son numéro 455 d’accusations non fondées de montages financiers et de pratiques fiscales douteuses, consécutives d’atteintes à la déontologie professionnelle »

Violation du droit à l’information

Cette décision du Cnc fait suite à la plainte d’un homme d’affaires de nationalité indienne qui avait saisi l’organe de régulation après la publication d’une enquête dans le journal en question. Christophe Bobiokono exprime son indignation par le fait que la plainte déposée par l’homme d’affaires avait été examinée lors d’une séance de travail qui a réuni tous les membres du Cnc et que l’examen de la dite plainte avait abouti à un non-lieu. Cet ancien membre du Cnc a été associé dans l’équipe de Journal Eco matin pour justifier ce qui avait motivé la rédaction de l’article incriminé. La décision infligeant un avertissement au directeur de publication a été prise en violation des résolutions prises par les membres du Conseil lors de la session de l’examen de la plainte de l’homme d’affaires.

Face à ces accusations, le responsable de la Communication du Cnc rappelle la procédure publique qui conduit à l’examen des plaintes ainsi que les prises des décisions, ceci pour la bonne information du public, souligne-t-il.
« Lorsque nous sommes saisis d’une plainte nous procédons à l’ouverture d’une instruction. C’est une étape de la procédure au cours de laquelle le Conseil examine, directement ou à travers une structure du secrétariat général, la recevabilité et le contenu d’une plainte. Ces juristes proposent le cas échéant une sanction, ladite sanction est adressée aux neuf membres lors d’une session. Les sanctions proposées font l’objet d’un débat et au final on passe on vote »

Selon le responsable de la communication du Cnc, l’organe régulateur n’est pas habilité à rédiger une décision qui n’a pas été approuvée lors des sessions. Il y a quelques mois deux journalistes de la télévision Equinoxe ont été suspendus par le Cnc. Ces sanctions ont été perçues comme une grave atteinte à la liberté d’expression et comme une violation de l’article 9 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui dispose : Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de rechercher, de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen que ce soit ».

Au Cnc, l’on affirme que les sanctions infligées n’ont pas pour objectif de porter atteinte à l’exercice du journalisme. « Notre rôle n’est pas seulement de sanctionner les médias. Nous sommes également là pour sensibiliser les journalistes au respect des règles d’éthique et déontologiques. Si vous êtes un journaliste professionnel vous pouvez vous rassurer que rien ne vous arrivera », explique un autre cadre du Cnc.

 

 

Le Jour