Chroniques du Vermisseau Fou LA PYRAMIDE DE KUBLER-ROSS 1)
Tout d'abord il y a le déni : cette étape où vous vous dites que ce n'est qu'un petit contretemps dans votre journée et que tout sera réglé d'ici l'après-midi. On vous a arrêté, mais vous n'êtes pas n'importe qui. Donc vous allez sortir d'ici peu. Avec vos relations, votre fortune et la terreur que vous inspirez, il est évident que ce n'est qu'un contretemps ; oui, juste un léger contretemps.
2) Ensuite il y a la colère : vous n'arrivez pas à y croire. Il était prévu que vous sortiez du trou après quelques heures, mais voilà quelques semaines, et vous êtes encore là-dedans. On vous a promis des choses, mais rien n'avance vraiment. Vos amis commencent à se lasser de vous. Après tout, ils ont leur vie ; ils n'ont pas que vous à faire. Vous ne faites plus peur comme avant. Car on vous a vu dans votre plus simple appareil, et ça, ça vous pique comme le dard d'un scorpion effarouché. C'est dur, très dur ; vous tombez de haut !
3) Puis il y a le marchandage ; la négociation. Vous commencez à proposez ce que vous ne proposiez pas avant, et à franchir certaines de vos propres limites. Vous êtes prêts à changer de comportement ; à devenir quelqu'un d'autre. À céder les neuf dixièmes de vos actions d'entreprise et à lécher les bottes de ceux qui vous léchaient les bottes quand c'était encore vous aux commandes. Vous espérez encore qu'il existe une porte de sortie, et vous êtes prêt à des concessions, même celles qui ne vous plaisent pas. Alors vous négociez : car l'espoir fait vivre.
4) Après il y a la dépression. Vous avez compris. Oui, vous avez compris que c'est fichu ; vous ne sortirez pas. La résistance qui s'est organisée contre vous est beaucoup trop puissante. Même vos réseaux n'ont rien pu faire pour vous. Alors votre vie défile, et vous sentez que vous avez tout perdu. Vous finirez vos jours en misérable et ça vous fait vous sentir misérable. Car en fait, vous êtes misérable. L'histoire ne retiendra de vous que le souvenir d'un ectoplasme sinistre qui semait la mort comme une ombre. Il n'y a plus aucun moyen de redorer votre image. Aucun. Et ça vous mange. Ça vous ronge. Ça vous tue.
5) Enfin, il y a l'acceptation. Vous embrassez désormais votre sort. C'est en fait ce que vous auriez dû faire depuis le début pour avoir la paix. Et maintenant vous l'avez, cette paix intérieure que vous ne méritez d'ailleurs pas en réalité, puisque vous êtes un macabre assassin. Mais au moins elle confirme aussi que tout est accompli. Vous avez dit adieu au monde civilisé et accepté que vous finirez votre piètre existence dans la poubelle, au propre comme au figuré. Vous avez dit oui à votre destin. Car le principe même du destin, c'est qu'il est inéluctable.
Voilà les cinq étapes de la pyramide. Cette évolution a été élaborée en 1969 par la psychiatre americano-suisse Elisabeth Kubler, épouse d'Emanuel Ross, dans un livre qu'elle a publié sous le titre « les derniers instants de la vie ».
Spécialisée dans les soins palliatifs, cette femme d'exception a consacré sa vie à l'analyse des comportements de milliers de patients atteints de maladies incurables et à l'observation de leurs comportements à l'approche de la mort. Et puisque son modèle s'applique fort bien à Jack l'Éventreur, j'ai estimé utile de le réadapter à ce Vermisseau Cannibale. Afin que lui et le troupeau de tribalistes qui continuent de le soutenir sachent qu'ils ne font que suivre le cours naturel des choses et qu'ils sont actuellement au tout début de l'étape 2.
Le temps passera et ils traverseront toutes les étapes, jusqu'à l'acceptation finale. Rien de nouveau sous le soleil. Car jamais, au grand jamais Amougou Belinga ne goûtera à la liberté. Vous allez nier, vous mettre en colère, négocier, déprimer, mais vous finirez par accepter qu'il en est ainsi. Vous n'êtes pas les premiers ni les derniers dans cette situation, alors je vous souhaite bon courage. En attendant, Bruno Bidjang n'est toujours pas retourné rendre visite à son mentor, l'homme pour qui il promettait d'aller jusque dans les abysses. Ça veut dire qu'il vous a devancé et qu'il est vite passé à la phase d'acceptation, comme tout Apikoro qui se respecte. Bref, mes chers voisins, bonjour Et que l'esprit de Martinez et de toutes les personnes assassinées vous hante à jamais. EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED ( L'espoir fait vivre, mais celui-ci vous tuera.