Calixthe Beyala s’interroge sur la réaction des pilleurs de fortunes publiques au Cameroun. La célèbre romancière appelle à une prise de responsabilité collective et à un véritable engagement pour dénoncer les abus.
Ci-dessous la sortie de Calithe Beyala :
Etrange, notre beau pays le Cameroun ! On fait un constat, on vous traite de jaloux, d’aigri, de complotiste, de manipulé etc… On évite de repondre aux questions essentielles qui sont posées en traitant l’accusateur de tous les noms d’oiseaux possibles pour éviter d’y répondre. On ameute toute la basse-cour journalistique quelque peu corrompue.
Ainsi, lorsqu’un citoyen pose la question de la corruption ou des pillages des caisses de l’état, l’intelligence normale pousse à : porter plainte pour diffamation. A faire la preuve de son innoncence. A donner la traçabilité de ses richesses. Au lieu de cette implacable logique, au Cameroun, on parle de jalousie, de manipulation, on sexualise l’accusateur jusqu’à l’extrême. Mais la question essentielle demeure : Y a-t-il eu pillage des caisses de l’état ou non ? Jeter l’opprobre pour masquer un crime, voilà qui est vilain, très vilain, meurtrier presque. Je me demande quand est-ce que l’Afrique sortira de ces simagrées ? Quand arrêtera-t-elle de prendre des chemins de brousse pour ne pas s’assumer ? Quand l’humain prendra-t-il ses responsabilités et répondra-t-il de ses défaillances et de ses crimes ? Quand est-ce que nos journalistes cesseront-ils de prêter leurs plumes aux pilleurs des caisses de l’état et aux assassins ? Quand arrêteront-ils de jeter l’opprobre sur les plus faibles, par ricochet sur eux-mêmes ?
Le retard de développement n’implique pas forcément un retard sur le moral, l’éthique, le civisme et le respect de l’autre. Calixthe Beyal.