La candidature de Samuel Eto’o Fils à la tête de la Fédération camerounaise de football domine les discussions au sein de l’opinion camerounaise depuis quelques temps.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le sujet passionne autant qu’il divise. Si certains trouvent en lui, le profil idéal pour redorer le blason du football camerounais, l’ancien capitaine des Lions indomptables pourra en revanche voir sa campagne ternie par nombre d’affaires et de frasques qui auront jusqu’ici rythmé son parcours.
Samuel Eto’o Fils, l’ancien capitaine des Lions Indomptables est candidat à la Présidence de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT). L’ancien joueur du FC Barcelone a officiellement annoncé sa candidature, mardi dernier à travers ses réseaux sociaux. La star camerounaise dit avoir répondu à l’appel de ses admirateurs qui souhaitaient le voir porter un projet à la tête de l’instance faitière du football camerounais. L’annonce de sa candidature a été suivie de la publication de son programme électoral axé autour de cinq grands chantiers. Eto’o souhaite entre autres améliorer la gouvernance à la Fédération, développer la pratique du football et améliorer l’attractivité des compétitions nationales. Élu délégué de la Sanaga Maritime vendredi jour de vote au sein des Ligues départementales, l’ancien pichichi de la Liga a savouré avec bonheur, le premier épisode de ce processus qui s’annonce long et ardu. S’il est une évidence, c’est que cette candidature suscite beaucoup de réactions et de passion au sein de l’opinion publique camerounaise.
Ils sont nombreux, les fans qui, sur la base de son immense carrière voient en Samuel Eto’o, le candidat idéal pour redorer l’image d’un football camerounais ternie par plusieurs années de crises interminables. Avec son gigantesque carnet d’adresse, le double champion d’Afrique (2000 et 2002) réunit tous les atouts pour sauver le sport roi camerounais du naufrage. «Nous pensons qu’il est l’homme capable de sortir le football camerounais du marasme dans lequel il se trouve depuis 10-15 ans. Samuel Eto’o a la compétence, le vécu du terrain, le carnet d’adresse et les idées novatrices pour remettre le football camerounais où il le mérite sur l’échiquier africain. » A notamment soutenu son ancien coéquipier en sélection, Serge Branco.
En revanche, que son projet séduise ou pas, Eto’o aura du mal à faire abstraction de son passé et des nombreuses excentricités qui auront rythmé son parcours, pendant la période de campagne. Ses adversaires ne manqueront probablement pas de les exhumer pour tenter de brouiller son discours et le fragiliser. Quelques morceaux choisis.
Ambiance délétère au sein des Lions indomptables
Samuel Eto’o a longtemps été cité dans les grandes crises qui ont récemment secoué la tanière des Lions indomptables jusqu’à sa retraite en 2014. Ses conflits de leadership et l’esprit de clanisme qu’on lui attribue ont fortement contribué aux débâcles à la Coupe du Monde Afrique du Sud 2010 et Brésil 2014 et à l’absence du pays des Lions indomptables à deux éditions de la Coupe d’Afrique des Nations (2012 et 2013). Il est aussi présenté comme l’un des responsables de l’échec du Cameroun à la dernière Coupe d’Afrique des Nations en Egypte en 2019. Selon plusieurs témoignages, c’est l’ancien pensionnaire de la Kadji Sport Academy qui faisait la loi au sein de la tanière au point d’y refuser l’accès au Ministre des Sports et de l’Education Physique Narcisse Mouelle Kombi. Son refus de prendre le drapeau des mains du Premier Ministre Philemon Yang avant le Mondial 2014 est l’argument dont ses détracteurs se servent très souvent pour questionner son patriotisme.
Sa brouille avec Roger Milla, Joseph Antoine Bell et les anciens lions
Le constat est clair, très peu d’anciens lions indomptables se sont jusqu’ici prononcés sur la candidature de Samuel Eto’o, contrairement à 2018 où le Collectif des anciens lions indomptables de football (CALIF) avait ouvertement pris position en faveur du candidat Joseph Antoine BELL. Eto’o lui, avait préféré naviguer à contre-courant en apportant son soutien à Seidou Mbombo Njoya, le futur vainqueur du scrutin auquel il s’oppose aujourd’hui. Il ne s’était pas contenté de s’opposer à la candidature de Joseph Antoine Bell, il était allé jusqu’à révéler dans les médias, des conversations privées avec l’ancien gardien de but des Lions indomptables. Celui-ci, dans le cadre d’un consensus qu’il tentait d’initier avant l’élection de 2018, aurait exigé sa nomination au poste de Directeur technique national contre une rémunération mensuelle mirobolante. Le CALIF ne lui a certainement pas encore pardonné cette trahison. Outre cet épisode, ses relations compliquées avec Roger Milla, Joseph Antoine Bell et plusieurs de ses anciens coéquipiers en sélection (Rigobert Song, Gérémi Njitap…) ne semblent pas de nature à favoriser une mobilisation des anciens internationaux camerounais derrière la candidature de l’ancien homme fort d’Anzhi Makachkalla.
Agression des journalistes
Samuel Eto’o, c’est un tempérament électrique. Sauf s’il s’est assagi entre-temps, l’homme n’est pas très fan des critiques. Qui ne se souvient pas de son coup de tête assené au journaliste camerounais Boney Philippe en 2008 ? Ses menaces à l’encontre d’un journaliste d’Equinoxe TV qu’il promettait de faire virer à cause d’une question qu’il n’avait pas appréciée au cours de la conférence de presse d’après Sénégal-Cameroun en mars 2011 à Dakar, match comptant pour la troisième journée des éliminatoires de la CAN Gabon-Guinée Equatoriale 2012 ?
Affaire Nathalie Nkoa
Samuel Eto’o traine aussi des histoires de mœurs. L’on avait vu sa main derrière la publication sur les réseaux sociaux, des photos de la nudité de Nathalie Nkoa, une jeune camerounaise avec laquelle il a entretenu une relation extraconjugale pendant près de 7 ans, après leur séparation qui avait fait grand bruit. Dans son ouvrage Revenge Porn qui lui avait permis de raconter son idylle qui avait finalement mal tourné avec l’ex goleador camerounais, Nathalie Nkoah révélait une série de scènes et d’événements montrant que le meilleur buteur de l’histoire des Coupes d’Afrique des Nations (18 réalisations) n’est pas forcément l’ange que son sourire éternel laisse transparaître. Eto’o avait fait arrêter son ex amante qui avait séjourné pendant trois jours dans une cellule infeste du Commissariat du 2ème arrondissement de Yaoundé, non sans exiger la restitution intégrale de l’ensemble des cadeaux qu’il lui avait offerts et le remboursement d’une somme d’environ 279 millions de FCFA.
La campagne contre Issa Hayatou
On le sait, Samuel Eto’o avait joué un rôle de premier plan dans la chute de son compatriote Issa Hayatou à la tête de la Confédération africaine de football (CAF). Il avait apporté son soutien au malgache Ahmad Ahmad, contribuant à son élection à la tête de la CAF en mars 2017. Un acte fratricide qu’il avait d’ailleurs défendu et assumé, ahurissant une bonne frange de camerounais et d’africains. Aujourd’hui, ils sont certainement très nombreux dans l’univers du football camerounais et même africain à ne lui avoir pardonné cette initiative, surtout que la gestion calamiteuse de son champion dont il était le conseiller spécial s’est avérée si loin de la révolution annoncée. Epinglé par la FIFA pour son manque d’éthique dans la gestion, le malgache a d’ailleurs été incapable de solliciter un deuxième mandat.
Echec des initiatives personnelles
L’on ne manquera pas pareillement de présenter Eto’o comme un piètre manager, évoquant ses échecs dans plusieurs initiatives personnelles. A l’instar d’entreprise de téléphonie Set Mobile lancée en décembre 2011 et qui n’a finalement fonctionné que quelques mois, son centre de formation, Fundespor et l’entreprise de pari sportif Betoo qui peine à décoller deux ans après son lancement.
Ref: AfricaFootUnited