À la veille de la proclamation des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025, Éric Chinje adresse une lettre ouverte au Conseil constitutionnel.
L’ancien journaliste de la CTV exhorte les membres de cette institution à garantir la transparence et la légalité du scrutin, soulignant que tout résultat entaché de fraude est illégal.
L’homme installé aux Etats Unis les invite à agir en conscience, voire à refuser de valider une élection irrégulière, rappelant que **l’histoire et le peuple les jugeront**.
Ci-dessous la sortie de Éric Chinje :
Honorables Membres du Conseil Constitutionnel,
Alors que vous vous apprêtez à proclamer les résultats de l’élection présidentielle camerounaise du 12 octobre 2025, le mouvement Project C s’adresse à vous avec le plus grand respect pour la gravité de votre mandat.
La Constitution du Cameroun, en son article 47, vous confère l’autorité suprême pour statuer sur la régularité des élections présidentielles et proclamer leurs résultats. Ce rôle n’est pas cérémonial, ni une simple formalité à accomplir quelles que soient les circonstances. Il s’agit d’un devoir constitutionnel — une responsabilité qui fait de vous les ultimes gardiens de la légitimité de la République et de la souveraineté du peuple. Vos actions en ce moment façonneront l’héritage de votre mandat et le destin de notre nation (voir la Constitution du Cameroun, article 47).
Le Code électoral, en son article 113, ne saurait être plus explicite : les résultats de chaque bureau de vote doivent être rendus publics immédiatement après le dépouillement. Cette disposition n’est pas une suggestion ; c’est une exigence légale destinée à garantir que les citoyens puissent observer, vérifier et faire confiance au processus électoral. Partout dans le pays, les Camerounais ont documenté et partagé ces résultats par des photographies et des vidéos. Pourtant, les résultats agrégés qui vous sont soumis aujourd’hui ne correspondent peut-être pas à ceux constatés par la population dans des milliers de bureaux de vote. Cette divergence n’est pas anodine. Elle est fondamentale, car en droit, tout résultat issu d’une procédure illégale est lui-même illégal
Aucun acte, aucune signature, aucun décret ne peut légitimer des résultats entachés de fraude. Agir ainsi reviendrait à bafouer l’esprit même de la Constitution et la confiance du peuple. Votre serment ne vous lie à aucun individu ou institution, mais à la République, à la Constitution et au peuple camerounais.
L’histoire vous offre un précédent. En 2017, la Cour suprême du Kenya a été confrontée à des preuves d’irrégularités lors de l’élection présidentielle et a eu le courage d’annuler les résultats. Sa décision, non seulement conforme à la Constitution, a inspiré tout un continent en démontrant que justice et intégrité sont possibles, même quand cela est difficile ou dérangeant.
Vous faites face à un choix similaire. Nous vous exhortons à :
Comparer les résultats officiels avec les preuves documentées issues des bureaux de vote.
Ordonner un audit indépendant, de préférence avec des observateurs internationaux.
Rejeter les résultats qui ne peuvent être réconciliés avec les preuves publiques.
Reporter la validation jusqu’à ce que toutes les divergences soient résolues.
Si les résultats sont légitimes, la transparence ne fera que le confirmer. S’ils ne le sont pas, votre devoir est de le dire. Si, en votre âme et conscience, vous ne pouvez valider ces résultats, nous vous demandons d’émettre une opinion dissidente, de démissionner en signe de protestation, ou de refuser de participer à la validation de la fraude. De tels actes de conscience seraient reconnus comme courageux et honorables.
Votre silence ou votre acquiescement face à des irrégularités manifestes ne seront pas oubliés. L’héritage que vous laisserez sera porté par vos enfants et inscrit dans l’histoire de notre nation.
Lorsque l’on vous demandera ce que vous avez fait à cet instant décisif, quelle sera votre réponse ? Avez-vous défendu la démocratie, ou validé sa subversion ? Vingt-huit millions de Camerounais, et d’innombrables générations à venir, vous observent. Serez-vous le Conseil qui a enfin dit « non » à l’illégitimité et « oui » à la Constitution ?
Nous vous appelons à honorer votre serment. Le choix vous appartient. Le moment est venu. L’histoire vous observe.
Respectueusement,
Le Mouvement Project C





