Le journaliste sportif Alain Denis Ikoul s’étonne de la résurgence du discours tribal dans l’espace public, exacerbé depuis quelques jours par certains partisans de Samuel Eto’o, qui tiennent des propos extrêmement dégradants contre deux anciens membres de la Fecafoot, Abdouraman Hamadou Babba et Guibaï Gatama, tous originaires de la partie septentrionale du Cameroun.
Extrait des propos d’Alain Denis Ikoul, sur RSI
«Je suis très choqué par cette attitude, et je le suis encore plus quand cela vient de personnes plutôt respectables. Le soutien à Samuel ne passe pas nécessairement par la réduction des autres au statut de « moutons ». Je parle là d’Abdouraman et Guibaï, qui depuis quelques jours plus-que jamais, sont ainsi désignés. Ces mecs font leur combat contre Eto’o, mais nous avons le devoir de comprendre que ce n’est qu’un combat d’idées, car nous sommes en République et les gens ont le droit de ne pas être d’accord. Je pense qu’on doit rester courtois envers Guibaï et Abdouraman, même s’ils sont des contestataires systématiques du Pichichi. On peut faire la danseuse d’Eto’o sans traiter les autres de Moutons. L’allure que cette façon de faire prend de plus en plus peut exacerber les replis identitaires (…) si ce n’est pas encore le cas, et embraser tout le pays. Il faut faire très attention, et je pense d’ailleurs que Samuel devrait recadrer ses « laudateurs éternels » sur ce coup, car eux ils perçoivent la moindre critique comme de l’adversité. Et lui-même Samuel devrait arrêter de penser que seule sa vision est la bonne, et que la critiquer c’est « être au travail »; c’est très prétentieux, car Il n’est pas Dieu, ses actes sont donc critiquables. Eto’o est un patrimoine national; on peut parfois avoir des désaccords sur ses décisions, mais le soutien qu’on lui voue ne doit pas diviser les camerounais. Et je le dis ainsi parce que je pense que ce pays a beaucoup d’autres problèmes plus importants que le football qui n’est qu’un jeu.»