Rattachée au Ministère des Arts et de la Culture, la structure chargée de démontrer la puissance politique, économique et sociale du Cameroun à travers les prestations artistiques est accusée d’avoir dupé des groupes de chanteurs, sélectionnés pour prester le 9 janvier 2022 à la cérémonie de l’ouverture de la CAN au Stade d’Olembe à Yaoundé.
Ça crie dans les alentours du complexe sportif d’Olembe ce dimanche matin. Pour cause, certains choristes viennent de se faire chasser tels des malpropres, par Léandre Ghislain Etamba Beleme, Directeur de l’Ensemble national du Cameroun. Ces derniers avaient pourtant été sélectionnés pour chanter à la cérémonie d’ouverture de la CAN TotalEnergies Cameroun 2021. Et pour la cause, ces choristes pour la plupart, des étudiants ont dû se donner corps et âme pour préparer leur prestation. « Je rentrais parfois à 22 heures, toute fatiguée. Sans compter mon argent de taxi. Et tout ça pour qu’on nous ignore de la sorte », fulmine Emilie AMA, une des choristes en furie.
Tout débute la nuit du 8 janvier, lorsque les listes définitives des choristes ont été publiées. Au Musée National, où ces derniers étaient rassemblés, il leur a été demandé de se présenter le lendemain au stade d’Olembe. Ceci pour la distribution des tenues et des pass pour le stade. A 6h ce 9 janvier, les chanteurs arrivent au lieu indiqué. A 11h, Léandre Etamba et ses collaborateurs demandent aux différents responsables des chorales de se retrouver. Le but étant de leur distribuer des laisser-passer en fonction des effectifs de leurs chorales. Un premier groupe reçoit son lot, puis un second…Voyant le temps passer, certains commencent à s’inquiéter. C’est le cas d’Angel Heart, l’un des groupes de choristes concernés.
Ces derniers se précipitent donc vers leur responsable, Aurlus Beyokol, pour lui demander des explications. « Mais grand, qu’est-ce qui se passe même ? » , lance désespérément Emilie AMA. Pendant ce temps, l’on donne le signal pour l’installation des choristes dans le stade. Un moment de grande angoisse. Les distributions se poursuivent jusqu’aux environs de 12h. Malheureusement, pour plusieurs autres chorales, aucun pass ne leur a été remis.
Une tentative soldée par un échec
Les différentes chorales se mobilisent dans l’espoir d’obtenir elles aussi des tickets. « Monsieur ayez pitié s’il vous plait », disent certains. Ce n’est que là que le Directeur leur demande de le suivre. Ils exécutent. Une fois le premier poste de contrôle franchi, M. Etamba commence à accélérer le pas. Il est suivi par les choristes, qui ne cessent de l’interpeller. Arrivés au second poste, où il faut présenter le laisser-passer, ces jeunes sont stoppés net. Les militaires leur demandent de rentrer, et le président lui, franchit la barrière. Rappelons que ces choristes répètent depuis mercredi dernier. « Eeh mon Dieu, tous ces jours pour rien ? », s’exclame Bethel, choriste. Malgré les dépenses, les nuits de sacrifice, des vols et des agressions encaissés, ces derniers sont rentrés bredouilles. Ils en appellent d’ailleurs à l’arbitrage du Ministre des Arts et de la Culture connu comme loyal au Chef de l’Etat.
Par Jordane ELA
