«Papa Manu», « Papa Groove», la légende iconique de la musique africaine, tel qu’il est surnommé n’est pas mort car ‘’Un lion ne meurt pas, il dort’’ comme le dit le mythique proverbe camerounais. Sommeil éternel provoqué par le COVID-19, ce 24 Mars après 6 jours d’hospitalisation.
Manu Dibango naît le 12 Décembre 1933, nommé Emmanuel N’Djoké Dibango, de son père instituteur et de sa mère professeur à la chorale du temple à l’occasion, où il sera initié au chant. Il est scolarisé à l’école du village, par la suite à « L’école des blancs » qui le sanctionne de son certificat d’études et quittera son Cameroun natal à l’âge de 15 ans pour s’envoler poursuivre ses études vers sa première destination, la France, à la requête de son père.
Au printemps 1949, Il effectue son voyage en bateau à la découverte du monde et largue ses abords à Marseille. Son autobiographie parue en 1990 ‘’Trois kilos de café’’ révèle qu’à son arrivée en France, il tient dans son sac de voyage trois kilos de café qui lui permettront de payer ses premiers mois de pension, le café étant à cette époque une denrée rare et chère et rien qu’humer son odeur procure plaisir. Son aventure démarre donc et est suivie de mille et une tournures qui construiront le monument qu’il est et sera à jamais.
De son premier album ‘‘Saxy Party’’ sorti à l’automne 1969 chez Philips à son dernier ‘‘Balade en Saxo’’ sorti en fin 2013, le roi de l’afrojazz n’a cessé d’émerveiller les mélomanes tout en coupant les mots aux critiques de musique, aux rythmes du Jazz, la World Music, de l’AfroJazz et du Makossa. L’histoire retient sa composition de l’hymne de la huitième coupe d’Afrique des Nations en 1972 « Soul Makossa » qui n’a fait effet que bien après et a été sacré tube africain de tous les temps. ‘’
En 1982, ce même morceau attire la convoitise de Michael Jackson qui à la fin de son titre glorieux ‘‘Wanna Be Starting Something’’ a repris le phrasé de Papa Manu «Mama say Mama-sa Mama Makossa» en l’anglicisant. Ce qui vaudra plusieurs appels en justice pour plagiat, muselés par un arrangement à l’amiable. Rihanna, en 2007 dans son tube ‘’Don’t Stop The Music’’ reprend en sample la version Jackson de ce fameux phrasé et parvient à s’en tirer sans tâche. Cette page ne marque qu’une chose à ce moment : Le succès américain du roi du Soul Makossa.
Malgré sa nomination sans suite pour le meilleur album de l’année 1973 aux Oscars à Hollywood par son album O’bosso avec le titre Soul Makossa, Il a obtenu plus d’une décoration honorable à travers le monde : Trophée d’or (1977), Citoyen d’honneur de Cortina d’Ampezzo en Italie (1985), Chevalier des Arts et des Lettres en France(1986), Chevalier d’Ordre de la Valeur au Cameroun(1988) et bien d’autres ; les deux derniers à ma connaissance sont : Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur Grand Vermeil de Paris(2013), Le Grand Prix de la Francophonie(2014). Sa fortune est estimée à près de 320 millions de dollars soient près 160 milliards de Fcfa, le mieux vaudrait bien le titre du musicien le mieux payé au monde.
Entre ses multiples œuvres musicales, il entreprend aussi plusieurs projets culturels tels que le festival ‘’Soirs au village’’ en 1998 et bien d’autres. De la musique à la télévision avec son programme « Salut Manu » qu’il anime avec un orchestre sur France 3 en 1993, de la télévision à la radio avec Robert Brazza dans l’émission « La Discothèque de Manu » sur Africa No1 (Devenue Africa Radio) dans les années 2000.
Saxophone, créativité, travail acharné, rigueur et amour sont certainement les meilleurs instruments parmi ceux qu’il sait manipuler, à quoi il devra son succès planétaire. Le patrimoine qu’il cède non seulement à ses trois enfants, mais aussi à la jeunesse camerounaise, africaine et mondiale est plus qu’énorme. L’accent au typique ton des Sawa qu’il transporte partout dans le monde, transcrit sa passion pour la culture camerounaise. Il peut être certainement fier d’une chose : Avoir bâti un pont entre l’Afrique et l’Occident sur plus de domaines que la musique. Un exemple à suivre par tous ceux qui veulent vraiment avoir du succès dans la musique, transposer leurs esprits dans l’art aux bias de l’originalité, du travail, de la discipline et de la perséverance.
« Un lion ne meurt pas, il dort ! »
Papa Manu, tu resteras à jamais dans nos cœurs, que ton âme puisse trouver le repos éternel !
Nos sincères condoléances à toute la grande famille.
Biographie intégrale disponible sur Wikipedia.