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Cameroun : Le message de réconciliation de Cabral Libii

MESSAGE DE RECONCILIATION AU PEUPLE CAMEROUNAI

Le 13 septembre 2021

Chers frères et sœurs,

Pour se projeter, le Cameroun a besoin préalablement de se rassembler et de se réconcilier. Ce défi doit être relevé par le rétablissement de la vérité historique, la réparation morale des injustices et la réconciliation autour du consensus d’avenir, sans mettre en péril la divergence d’opinions et de vues qui donne du souffle à la démocratie. Pour tirer le meilleur parti de notre histoire, faisons-en une appropriation sincère, ferment de cohésion de la nation. Ruben Um Nyobe, Felix Roland Moumié, Martin Singap, Abel Kingue, Paul Momo, Ernest Ouandié, Niyim Kamdem, Osende Afana, Marcel Bebey Eyidi…ces nationalistes puristes, c’est notre histoire. Leur histoire est un legs national. Un héritage qui déborde largement si on y prend conscience, les limites organiques et juridiques du Parti du 10 avril 1948 l’UPC (Union des Populations du Cameroun), pour devenir « UPECISME », courant patrimonial, âme politique perpétuelle, qui doit faire l’objet d’une fière appropriation par tous les camerounais, politiquement engagés ou pas. Ce d’autant que c’est à la source de cet « upécisme » que l’on trouve l’esprit de « réconciliation » qui doit « purifier » la vie politique de la « nation » et la coopération avec la France. Car, il ne faudra jamais oublier que la flamme nationaliste a été allumée aussi par Gaston Donnat, Etienne Lalaurie qui fût lynché et jugé par ses propres compatriotes le 24 septembre 1945 en marge d’une grève qui dégénéra, ou encore Maurice Méric, ces français marxistes qui inséminèrent la revendication sociale en ceux qui deviendront nos Héros Nationaux.

Quant aux acteurs politiques récents ou contemporains, certains d’entre eux ont au fil du temps, il faut le reconnaitre, énormément perdu en crédibilité. Toutefois, nous ne partageons pas la dureté du jugement qui est parfois fait à l’égard de certains anciens. A l’ère du foisonnement médiatique et des réseaux sociaux, le contexte contemporain, le nôtre, est de loin préférable à celui du combat de démocratisation du début des années 90. Avant de condamner, nous devons par devoir d’humilité et de mémoire rendre hommage à ceux qui ont par leurs énormes sacrifices, « préparer le terrain ». Nous leur devons une reconnaissance sincère. Par l’indicible courage dont ils ont su faire montre, ils ont dû exercer leur engagement politique, quelles qu’eussent été les motivations, dans un contexte extrêmement difficile. A l’avènement du parti et de la pensée uniques, ceux qui n’ont pas choisi l’exil se sont moulés de façon opportuniste ou pas, dans l’appareil gouvernant. Le vent de démocratisation du début des années 90 a toutefois entrainé une confusion entre ceux qui rentraient d’expatriation et ceux qui rompaient avec le système d’alors, deux catégories bien distinctes qui partageaient en apparence, l’attachement à la démocratie. Par la force des choses, dès 1992 ce sont des « transfuges » du parti unique (ex hauts cadres et ex ministres) qui tenaient le haut du pavé de la nouvelle opposition. Que certains, des décennies après, aient choisi sous le poids de l’usure ou de l’âge, de renouer directement ou indirectement avec leurs anciens camarades, n’est ni étrange, ni scandaleux. Humainement cela est compréhensible. Ils auront eu le mérite historique d’avoir courageusement essayé, ce qui fait parfois défaut aux nouvelles générations.

Néanmoins, il est injuste et un brin malhonnête de loger à la même enseigne d’opposition, les « transfuges repentis ou repartis », les transfuges cohérents, opposants convaincus qui forcent l’admiration par leur constance, la profondeur de leurs convictions et inspirent la nouvelle garde politique à laquelle nous avons la prétention d’appartenir, et puis enfin, la « Génération 90 » composée pour l’essentiel de jeunes camerounais rentrés d’exil ou établis au Cameroun que la reconfiguration de 1992 a depuis lors jeté dans l’oubli, le mépris ou le dénuement à un tel point que, non seulement certains sont repartis en exil, mais surtout, comble de l’injustice, les nouvelles générations ne se sentent même pas politiquement redevables vis-à-vis de leurs sacrifices. L’esprit indomptable se transmet de générations en générations. La nôtre doit jouer sa partition.

Augustine Ngom Jua, Dr Emmanuel Mbella Lifafa Endeley, Mallam Abdullahi, John Ngu Foncha, Anoma Ngu, Solomon Tandeng Muna, Ndeh Ntumazah, ces figures anglophones inoubliables, c’est toujours notre histoire, Mathias Djoumessi, Mayi Matip, joseph kamga, Daniel kemajou, charles Assalé, Soppo Priso, André Marie Mbida, Charles Okala, Alexandre Douala Manga Bell…ces combattants « réalistes », c’est encore notre histoire. Resteront inoubliables ces iconoclastes Abel eyinga, Alexandre biyidi, tout comme personne n’effacera de l’histoire John Fru Ndi, Bello Bouba Maigari, Adamou Ndam Njoya, Garga haman Adji, Samuel Eboa, Henri Hogbe Nlend, Jean Jacques Ekindi, Augustin Frederick Kodock, Boniface Forbin, Dakolle Daissala. Les nouvelles générations devront beaucoup apprendre des années 90 auprès d’Ekane Anicet, Henriette Ekwe, Yondo Black Mandengue, Albert Mukong…

Ahmadou AHIDJO 1er Président du Cameroun méritera éternellement l’hommage qui lui est dû. Nul ne peut remettre en cause que sa « main de fer » imprimait aussi une vision pour ce pays qu’il chérissait avec une fermeté parfois excessive…Le recul nostalgique trouvera toujours à son ouvrage de pertinents éloges au regard des performances économiques, infrastructurelles et à la place qu’il accordait à la morale publique. L’éloquence chiffrée avec laquelle il a fait le bilan de son 2ème plan quinquennal devant le Conseil National de l’UNC le 22 janvier 1971, la pertinence avec laquelle il a présenté le développement auto-centré le 15 février 1975 à Douala devant ses camarades de l’UNC, l’impressionnant étalage avec lequel il a présenté son bilan devant l’Assemblée Nationale le 7 juin 1977 ou encore l’avant-gardisme avec lequel il a pu situer le bilinguisme et le « pluriculturalisme » le 24 juin 1977 lors de l’inauguration du lycée bilingue de Yaoundé, sont autant de moments qui renseignent la postérité sur la dévotion personnelle qu’il a imprimée sur son magistère présidentiel.

Paul BIYA son successeur mérite tout autant l’hommage et les honneurs dus au 2ème Président du Cameroun. Un rang complexifié par la césure brusque de personnalités, des approches méthodiques et des contextes nationaux et internationaux les uns plus compulsifs que d’autres. Il devait relever le défi de l’ouverture après une période de contention. Il porte la promesse d’une meilleure justice sociale dans une société politique nouvelle, qu’il fallait concilier avec la continuation de l’ouvrage entamé aux côtés de son prédécesseur dont il partage le bilan. Le libéralisme communautaire est un acquis idéologique dont l’inaccomplissement aura malheureusement bigarré l’éclat. Qu’il ait cédé ou pas au vent d’Est du début des années 1990, la démocratie multipartiste a « repris vie » par ses soins. Une époque s’achève donc avec ces deux Présidents. Une autre commence.

Certaines seulement de ces figures historiques trouveront leur place au panthéon, mais tous, embelliront à jamais le décor de la mémoire collective. Pansons définitivement les plaies, vidons nos cœurs de toute rancœur, nous sommes un peuple qui recèle de trésors d’énergies inimaginables, libérons-les en coupant les liens rétrogrades de patrimonialisation, de corruption, de tribalisme, de futiles divisions. Ayons en partage le sentiment de grandeur du Cameroun. Levons-nous ! Construisons notre pays avec notre intelligence, nos mains et surtout, DANS LA CRAINTE DE DIEU.

 

Hon. Cabral LIBII