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Cameroun : Lettre du Prof Charly Gabriel Mbock, le savant et le sachant

Cher toi, Les évènements dont le Cameroun est le théâtre ces dernières décennies donnent lieu à diverses formes d’interventions publiques, les unes aussi pertinentes ou controversées que les autres.

Si certaines de ces interventions éclairent une opinion nationale victime d’un sévère délestage de repères, d’autres en revanche obscurcissent - quand elles ne polluent simplement pas - ce que ladite opinion, intentionnellement sevrée de lucidité, s’efforce de préserver d’intelligence et de patriotisme.

Certaines interventions s’avèrent aussi fréquentes que péremptoires. Elles laissent l’impression que dans leur soif d’affirmation, les auteurs cherchent à compenser un désert de sens par le volume des sons. Et pour faire savant, certains s’enlisent dans la conjugaison des verbes à l’imparfait du subjonctif. Et d’expliquer le difficile par l’obscur. On voulait sans doute absolument démontrer qu’on a été à l’école, et qu’on sait. Mais le vide de sens fait qu’à force de vouloir à tout prix faire savant, l’on révèle qu’on n’est qu’un simple sachant.

Tout vide de savoir et de sens caractérise toute instruction approximative ou inachevée; il se confirme généralement par cette arrogance dont l’ignorance est la levure.

Or pour autant que nous l’ayons appris, la science n’est ni linéaire, ni déclarative, encore moins péremptoire. Elle est complexe, analytique et démonstrative. Et c’est au moment même où celui qui sait, LE SAVANT, est persuadé de (dé)tenir une vérité qu’il devient inquiet, circonspect, interrogatif, du fait de ce doute scientifique qui lui rappelle à chaque instant que la solution du jour peut, le lendemain, devenir le problème à résoudre.

En revanche la rage de paraître brillant incite celui qui veut laisser croire qu’il sait, LE SACHANT, à livrer au public des écrits et des propos d’un bruyant qui frustre l’analyse et le souci de démonstration. L’esprit, alors, peine à saisir la signification d’un écrit ou d’un propos qui se voulait pourtant lumineux.

Or voici que le temps joue contre nous, au point de couper le sifflet à ceux-là même qui s’en proclamaient les maîtres. Voici que par un glissement accéléré et du reste fort inattendu, le ‘’Septennat des Grandes Réalisations se requalifie en septennat des Grandes Inhumations. La longévité aux affaires aura précarisé les animateurs surannés d’institutions d’un autre âge.

Ceux qui ont eu la chance d’aller à l’école et d’y comprendre quelque chose doivent s’assigner une obligation de pertinence et de pédagogie à l’égard de leurs compatriotes. Former et non formater. Éduquer et non dresser. Éclairer et non éblouir. Gouverner et non simplement administrer.

Cette obligation transcende les partis politiques, précisément parce qu’elle n’est plus partisane, mais patriotique.

Il semble donc venu, le moment de compléter ‘’l’urgence de la pensée’’ par l’urgence de (re)penser. La reprise embryonnaire des dynamiques de rapprochement entre les formations politiques confirme cette urgence de (re)penser au-delà du moi et de soi, pour un œcuménisme politique propre à générer une gouvernance de consensus, à travers des outils consensuels de gouvernance.

Chacun trouverait sans doute que c’est par œcuménisme que le corps humain fonctionne comme un organisme fédéral, du fait de la convergence des spécificités et de l’inclusion des différents organes qui le composent.

Une gouvernance de consensus pourrait valablement et intelligemment s’inspirer de la forme et du fonctionnement du corps humain pour mettre en place un corps social inclusif, un organisme d’État respectueux de l’autonomie coopérative des organes sociaux et des spécificités qui composent la nation.

Si nous en convenions, la substance reprendrait ses droits sur la circonstance, et la connaissance sur la grandiloquence des enflures. Les hommes politiques reprendraient leurs droits sur les politiciens, et nos savants rejoueraient le rôle que des sachants s’arrogent par imposture.

Sauf meilleure inspiration.