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Covidgate : L’inévitable remaniement

La suite logique, après ces enquêtes qui se font au Tcs, ne serait-elle pas un remaniement ministériel ? Un remaniement qui viendrait enfin donner un nouveau souffle à l’action gouvernementale ? Pour répondre à ces lancinantes questions, beaucoup d’analystes pensent qu’il ne va plus s’agir de coller les rustines, mais plutôt de nettoyer les écuries d’Augias en profondeur en dépoussiérant toute la machine gouvernementale jusqu’aux étages les plus nobles de la République. Dès que les coupables seront connus à la fin des enquêtes.

Parce qu’ils sont quasiment devenus des astres noirs du « Covidgate » après avoir braconné les fonds destinés à la lutte contre la pandémie du Covid-19, c’est pratiquement la moitié du gouvernement (à tout le moins les suspects) qui, de manière continue, passe depuis une semaine devant les enquêteurs du corps des officiers de police judiciaire du Tcs. Une honte et une humiliation. Il faut tout un effort révulsif de la raison pour l’admettre. En se demandant ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là…Ce qu’il y a de plus symboliquement douloureux et attristant, c’est que les citoyens camerounais auront reçu la mort, depuis la survenance du Covid-19, des mains de ceux dont ils attendaient la consolation, la guérison, la vie. Etre victime d’accident de circulation ou de balles perdues au cours d’un règlement de comptes entre truands, c’est l’insupportable injustice du hasard. Mais recevoir la mort, parce qu’un ministre véreux et irresponsable a délibérément choisi de bâtir sa stratégie d’enrichissement personnel et de conquête du pouvoir dans la perspective de l’après-Biya, en siphonnant les fonds destinés à sauver des vies humaines, surtout dans un contexte particulier de peur collective et généralisée, due à la survenance inattendue du Covid 19, c’est ça le vrai scandale. Nous ne sommes ni des flagelleurs publics, encore moins des procureurs. Seulement devrions-nous en arriver là ?

Comme si soudain tout l’ordre moral, humain et citoyen du monde était inversé. Comme si, dans une ingouvernable pétaudière, une sorte de République amorale sans tête ni queue, chacun ne connaissait plus son rôle, du point de vue de la moralité publique et de la moralisation. Un peu comme si on changeait de langage et d’univers. Tout ceci, avec un étonnant et cynique bagout qui laisse volontiers imaginer des scènes surréalistes de partage sans scrupules du « gâteau national » et de celles de ces nuits agitées où les noceurs dévergondés mènent bruyamment grand train de vie, dans un inadmissible concert de railleries lascives, le bonheur sur les lèvres, gloussant d’aise et de délices convenues. Alors que les morts se succèdent à un rythme effréné dans les différents centres spécialisés de prise en charge des patients atteints du Covid. Par manque de scanners, d’oxygénateurs et de chloroquine. Comme si des fonds appropriés n’avaient pas été débloqués. Cette incurie est inadmissible. Ce d’autant plus que, depuis un an, elle ne s’est pas faite sans casse : des centaines de morts et plusieurs milliards de Fcfa partis en fumée. Seulement, il faut bien qu’il y ait, à la fin des enquêtes, des coupables. Car aujourd’hui les victimes sont déjà connues…

BARONNIES POUVOIRISTES

On avait déjà en esprit cette incurie et cette inconscience de notre élite politique et administrative. Une élite puissante et arrogante qui n’a pas le service public chevillé au corps. D’ailleurs, il suffit d’observer comment la plupart se comportent au quotidien dans les rues de nos principaux centres urbains pour en avoir une nette idée. Et depuis le début de l’opération Epervier, il y a quelques années, on le sait également. A savoir que l’exemplarité morale de plusieurs collaborateurs du chef de l’Etat n’est pas du tout un fait acquis. La preuve ? Où sont les Atangana Mebara et les Marafa ? Franchement, nul ne pouvait plus imaginer ce qui vient de se passer dans la gestion des fonds du Covid-19. D’abord, parce que ces fonds ont été débloqués l’année dernière dans un contexte particulier essentiellement marqué par une peur collective, due au taux très élevé de létalité du Covid 19 dans de nombreux pays européens, américains et asiatiques. Ensuite, parce qu’il fallait être animé par une hardiesse de féticheur pour imaginer de détourner ces fonds, alors que le scandale très récent de la Can 2019 est encore vivace dans tous les esprits. Pour des gens qui prétendent être derrière le président Paul Biya, ça devrait pourtant être un scandale de trop…

Enfin, parce que cela survient quand le ministère de la Santé a à sa tête un jeune dont le logiciel de gouvernance, pensait-on, n’est pas adapté aux mauvaises pratiques longtemps décriées et perçues naguère chez certains anciens collaborateurs du chef de l’Etat, aujourd’hui incarcérés à la prison centrale de Kondengui. Naturellement, dans l’entendement de tous, ce jeune ministre de la Santé ne devrait en principe pas badiner avec la loyauté et la confiance placées en lui par le président Paul Biya, encore moins avec le pouvoir pour la conservation duquel il doit résolument s’impliquer pour assurer la bonne relève.

Malheureusement, ce que l’on savait moins et qui pourrait expliquer bien de curiosités observées déjà - même avant la fin des enquêtes - dans cet autre scandale, c’est que depuis pratiquement deux décennies, toute l’administration camerounaise, même dans les étages les plus nobles de la République, fonctionne à l’ombre pesante, voire étouffante, de ces baronnies prédatrices, plus soucieuses de leur propre avenir politique et de leurs gourous aujourd’hui en prison, que de celui du président Paul Biya et du Cameroun.

On doit donc comprendre qu’obnubilés par la seule frénésie de positionner ces baronnies pouvoiristes résolument ambitieuses, il n’y a rien d’autre pour calmer l’hystérie torride des relais prévaricateurs encore aux affaires. Absolument rien pour freiner leurs ardeurs transgressives face à la fortune publique. On dirait même que ces derniers mois, leurs flots rageurs auraient décuplé au point de perdre raison et sentiment dans un contexte de pandémie humainement marqué par la peur de la mort. L’œuvre souterraine des services de renseignements est à ce niveau très appréciable pour savoir, Dieu merci, que les enquêtes en cours ne sont qu’un avant-goût de ce qui arrive, avec tous ces autres gros scandales qui plombent les flancs des autres ministères. Ceci, afin de détoxifier la crinière du « vieux lion » abondamment couverte d’hallucinantes vermines. Pourtant, ce dernier aura toujours eu pour ses proches collaborateurs une affection toute paternelle. Malheureusement, personne pour la lui rendre comme il se doit. Seulement, on ne peut pas manquer d’être frappé par cette obstination quasi frénétique avec laquelle ces vassaux sont restés fidèles à leurs gourous.

Source : La Nouvelle

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