La cargaison de 50 000 tonnes de blé offerte par la Russie à la Centrafrique suscite la polémique au Cameroun. Le président Touadera a sollicité l'intervention de son homologue pour l'acheminement de la farine issue de la transformation de ce blé. Au cœur des discussions entre les deux chefs d'État, il y avait également la récente controverse suscitée par les meuniers camerounais.
Le don de blé russe à la Centrafrique est une promesse de la Russie lors du Sommet Russie-Afrique de juillet 2023. Cette promesse prévoyait que la Russie partagerait gracieusement 200 000 tonnes de blé entre six pays africains, dont la RCA, l'un des pays les plus pauvres au monde. Sauf que la cargaison de 50 000 tonnes destinée à la RCA a suscité une polémique au Cameroun, alimentée par des soupçons de détournement programmé.
Le président Touadera a dépêché la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, chez son homologue Paul Biya pour solliciter son intervention dans cette affaire. Les deux chefs d'État ont discuté de différents sujets, notamment de l'implication personnelle de Paul Biya en décembre 2023, qui a facilité le transit de la cargaison de blé de la RCA par le port de Douala.
Selon plusieurs sources consultées par nos confrères du journal EcoMatin, l'implication personnelle de Paul Biya a été importante pour permettre à la transaction d'aller à son terme, notamment en ce qui concerne le transit de ce don en céréales et en blé. Sylvie Baïpo-Temon, au sortir de l'audience accordée par Paul Biya, a déclaré que l'intervention personnelle de Paul Biya était cruciale pour permettre l'acheminement intégral de la farine issue de la transformation de cette cargaison de blé en RCA, en vue de l'objectif humanitaire qui lui est dédié.
Cependant, une partie de l'opinion centrafricaine a monté les créneaux pour dénoncer et condamner le Cameroun qui se serait prêté au jeu du détournement du don de blé russe, privant ainsi de nombreux Centrafricains des retombées de ce don destiné à certaines couches défavorisées du pays. Pour clarifier la situation, Frédéric Theodore Inamo, directeur général des douanes centrafricaines, a déclaré qu'il n'y avait ni fraude, ni intention de détourner un don à caractère humanitaire.
Les membres du Groupement des industries meunières du Cameroun (Gimc) craignent que le blé destiné à la Centrafrique soit vendu sur le marché camerounais à un prix relativement bas. Ils proposent de mettre à disposition leurs installations de transformation de ce blé au profit de la Centrafrique, moyennant une rétribution à convenir avec Bangui, en s'engageant à restituer l'intégralité de cette cargaison destinée au peuple centrafricain.
