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Livre : « Le Système camerounais de Recherche et d’Innovation face aux enjeux de développement »

Dans son ouvrage, l’économiste camerounais, Expert en gouvernance et développement économiques et Spécialiste des politiques de recherche et d’innovation Laurice Serge ETEKI ELOUNDOU met à nu la réalité d’une inadéquation entre le dispositif camerounais de recherche et d’innovation et les enjeux du développement économique et social du pays.

La note de lecture de Benjamin OMBE

Dans un ouvrage de 84 pages, édité chez Generis Publishing, Laurice Serge ETEKI ELOUNDOU, Economiste camerounais, Expert en gouvernance et développement économiques et Spécialiste des politiques de recherche et d’innovation expose dans un style simple « le Système camerounais de Recherche et d’Innovation face aux enjeux de développement ».

Le Cameroun dispose-t-il d’un système de recherche et d’innovation ? Ou au mieux, quel est le système camerounais de recherches et d’innovation ? D’entrée de jeu, dans l’analyse des éléments para textuels notamment l’image de couverture, le lecteur a, les premières réponses. L’auteur, à travers un schéma explicite fait ressortir quatre piliers fondamentaux d’un système de recherches et d’innovation à savoir : (1) les entreprises, (2) le gouvernement, (3) les universités et (4) les laboratoires, centres de recherche. Au cœur de ce système, l’entreprise se situe au centre comme moteur de développement et creuset de la recherche et de l’innovation. Sauf que, en parcourant les 84 pages du livre, l’auteur démontre exemples à l’appui que le système camerounais de recherche est en déphasage avec la nomenclature internationale où la recherche est centrée sur les universités et l’innovation à l’entreprise.

« Les résultats du benchmark réalisé dans le cadre de cette étude montrent que les systèmes d’innovation les plus performants sont ceux où la recherche publique est orientée vers les Universités et le système d’innovation centré sur les entreprises. Tel n’est malheureusement pas encore le cas au Cameroun. Le système camerounais d’innovation est encore très dépendant de la recherche publique (les instituts et centres de recherche publics) dont l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous du fait, non seulement de son organisation et de la complexité dans la gestion des résultats de la recherche publique, mais aussi du lien avec les entreprises qui jusqu’ici, est resté beaucoup plus sur le plan formel » (P.19), explique l’auteur.

L’ouvrage nous renseigne qu’en matière de recherche, le Cameroun a publié jusqu’en 2013, près de 7.000 articles dans 1.824 revues. 48% de cette production scientifique est assurée par 7% des revues (P. 35). C’est la même tendance en ce qui concerne le dépôt des brevets à l’OAPI dans le domaine de l’innovation. Entre 2013 et 2020, les titres (brevets, marques, dessins et modèles industriels, noms commerciaux, indicateurs géographiques) enregistrés à de l’Organisation Africaine pour la Propriété Intellectuelle (OAPI) sont passés de 497 en 2013 à 481 en 2020 pour un total de 3592. Des indicateurs qui illustrent à suffisance la fragilité du système national de R&D. Une situation qui peut, en partie, s’expliquer par le faible niveau de financement de la R&D au Cameroun. La part du budget de l’Etat consacré à la R&D oscille autour de 0,25%. Une performance qui éloigne le pays de loin du Plan d’Actions de Lagos de 1980 qui recommande aux Etats africains de consacrer au moins 1% de leur PIB aux activités de recherche et d’innovation. Or, explique l’économiste, « les pays qui offrent un système de recherche et d’innovation performant et efficace sont ceux dont les dépenses de R&D sont principalement concentrées au niveau du secteur privé et dont les dépenses publiques de R&D vont prioritairement aux Universités. » (P. 45).

Recherche et innovation : le Cameroun à la queue de peloton en Afrique Dans l’ouvrage, au-delà du benchmark qui est réalisé afin de mieux situer le Cameroun sur l’échiquier africain en matière de R&D, l’expert en gouvernance et développement économiques ressort un tableau des performances du Cameroun comparativement aux pays paires. En effet, le Cameroun est classé 119e/131 selon l’indice mondial de l’innovation 2020 élaboré par l’INSEAD et l’OMPI. En matière de compétitivité, note le World Economic Forum 2019-2020, le Cameroun est classé 123e/141. Une position de médiocre qui se confirme au classement 2020 du Doing Business où le pays est classé 167e/190. En ce qui concerne les dépenses intérieures brutes de R&D, ces dernières tournent autour de 0,20 % du PIB (vs 0,79% pour le Maroc, 0,86% pour la Turquie, 0,42% pour le Kenya, 2,26% pour la France), d’après la World Bank Institute et l’OCDE en 2019. Le Cameroun compte environ 1354 chercheurs institutionnels répartis entre huit instituts et centres de recherche soit un taux estimatif de 0,47 chercheur pour 1000 actifs (vs 1,87 au Maroc, 8,3 en France et 10,6 au Japon), d’après la World Bank Institute et l’OCDE, rappelle le Spécialiste des politiques de recherche et d’innovation.

En somme, il se dégage, comme principal constat à la lecture de cet ouvrage, une inadéquation entre le dispositif camerounais de recherche et d’innovation et les enjeux du développement économique et social du pays. Une situation fortement préjudiciable à la compétitivité de l’économie nationale et à la réalisation des objectifs de la Vision 2035. Pour inverser la tendance et booster l’économie nationale, Laurice Serge ETEKI ELOUNDOU recommande entre autre, la mise en place d’un système camerounais d’innovation performant et l’adoption d’une Loi sur la promotion de la R&D et l’innovation.

Benjamin OMBE,

Journaliste-Auteur-Consultant en intelligence stratégique