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SIGNES DES TEMPS : PAUL BIYA IRA-T-IL AU BOUT DE SON MANDAT ?

S.E PAUL BIYA

Ce jeune analyste politique donne sa lecture de la gestion du unième mandat du président Paul Biya dans son magistère.

Jamais, en 37 ans de règne, le Chef de l'État camerounais n'aura été aussi éprouvé par le pouvoir hérité pacifiquement de son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo, le 6 novembre 1982. Du coup d'État manqué le 6 avril 1984 aux années dites de braise avec la fin du monolithisme et l'avènement du Multipartisme en 1990, en passant par la crise économique des années 1980, le sphinx d'Etoudi a toujours su résister. Mêmes les émeutes dites de la faim de février 2008 n'ont pas ébranlé le magistère du Nnum Guii. Le natif de Mvomeka'a dans le Sud du pays, est resté debout avec son régime, signant au passage des petites phrases devenues célèbres dans l'esprit des Camerounais, lesquelles traduisent en réalité la conception du pouvoir de leur auteur, à la fois intransigeante, flexible, autoritaire et hilarante. "L' ordre règnera" ; "préparez-vous à la concurrence"; " la conférence nationale souveraine est sans objet"; "me voici donc à Douala" ; "des apprentis sorciers"; "ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure au pouvoir qui peut" etc.

Depuis le moment où Paul Biya a prononcé la dernière saillie politique de ce morceau choisi face à un journaliste français à Yaoundé en juillet 2015 en présence de François Hollande, l'ancien président français, beaucoup d'eau a coulé sous le pont. Le navire Cameroun ploie sous la virulence et l'avalanche des vagues endogènes et exogènes, caractérisées principalement par la guerre contre Boko Haram dans l'Extrême-Nord; la guerre de sécession dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest; les arrestations et l'emprisonnement des militants et leaders du MRC, ainsi que leurs alliés à l' élection présidentielle d'octobre 2018.

Si le Chef de l'État camerounais a été porté en triomphe par deux députés du Front National français ayant solennellement salué le mois dernier ses efforts, voire sa bravoure dans la lutte contre la nébuleuse Boko Haram malgré la recrudescence des attaques de la secte terroriste ces derniers temps, il va sans dire que l'homme "Lion" a plutôt maille à partir avec une frange non négligeable de ses concitoyens. Il faut y ajouter les États-Unis d'Amérique; l'Union Africaine à travers sa Commission des Droits de l'Homme, et le Parlement européen. Ces derniers n'approuvent pas la manière avec laquelle le régime de Yaoundé gère la crise anglophone qui perdure dans l'enlisement depuis fin 2016 avec des milliers de morts et populations déplacées en interne et en externe; de même que l'incarcération des militants et cadres du MRC, dont son leader, le Pr. Maurice Kamto et ses alliés.

Les divergences sont d'autant plus profondes et rudes que le Parlement européen dans son écrasante majorité a délibéré, voté et approuvé le mois dernier, une résolution au vitriole, assortie d'injonctions contre le régime de Yaoundé. Pendant que les activistes de la diaspora camerounaise hostiles au régime exultent avec leurs sympathisants et enchaînent les actes de contestation à l'étranger, les caciques du sérail et les supporters de l'homme fort de Yaoundé montent la ligne de défense. Les présidents du Sénat; de l'Assemblée nationale; le ministre de la Communication; son homologue des Relations extérieurs; les leaders de partis alliés siégeant au Gouvernement, condamnent et crient à l'"ingérence étrangère".

Le boss lui-même n'est pas en reste dans la contre-attaque. Physiquement invisible pour le grand public, il fait parler de lui dans un style devenu assez original pour un président de la République en fonction au Sud du Sahara: les tweets. Après avoir annoncé sa candidature en 2018 par ce nouveau moyen de communication, Paul Biya ne s'en prive plus. Le locataire d'Etoudi distille au quotidien des tweets au relent patriotique à l'intention de ses compatriotes. Sans grand changement.

L' ancien séminariste qui voue pourtant un culte quasi obsessionnel à l'indivisibilité du pays, voit plutôt vaciller son tropisme stabilisateur depuis environ trois ans. Car à quelques semaines de la célébration du 20 Mai, Fête de l'Unité Nationale, la tension reste vive entre le régime et son principal adversaire politique, le MRC, tandis que le bruit des armes à feu et le massacre réciproque dictent leur loi dans les régions anglophones. Vraisemblablement usé par le pouvoir et le poids de l'âge à 86 ans, le "Lion" saura-t-il se défaire de l'étau qui semble se resserrer autour de lui et aller jusqu'au terme de son mandat en 2025 ? L' avenir nous le dira certainement.

 

QUE DIEU BÉNISSE LE CAMEROUN

 

NJIKI FANDONO