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International - Opinion: Un citoyen Sénégalais répond aux propos de Donald Trump

S'indigner des propos de Donald Trump ou les condamner, c’est la réponse diplomatique qui sied mais cela ne suffit pas!

Au delà des propos du Président américain, se cache un véritable agenda néocolonial envers l’Afrique. Il faut agir pour le contrer au présent et au futur. Le racisme est consubstantiel au capitalisme qui le charrie depuis plus de 300 ans.

L’esclavage et la colonisation ont été théorisés bien avant leur mise en oeuvre. La recolonisation et l’exploitation des ressources des pays pauvres le sont encore hier et aujourd’hui dans certains cercles. Elles sont juste présentées sous un nouveau manteau, La Mondialisation.

Certains peuples l’ont compris et d’autres non ou du moins ceux qui les dirigent s’y complaisent au point de livrer leurs nations à la prédation des capitaux. Il y a plus ou moins 30 ans, les Chinois et les Indiens étaient victimes de racisme tout autant que les Africains, les Négro-africains et Latino-Américains.

Les Asiatiques ont pris en main leurs économies et développé leurs pays à leurs manières, ils ont droit aujourd’hui à tous les égards dans le monde. Les courbettes et sourires forcés de certains face aux dirigeants chinois et indiens en sont la preuve! En Asie, les discours paternalistes et infantilisants n’y sont jamais tenus.

Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, disait de la Chine «qu’on ne hausse pas le ton devant son banquier». Les investissements occidentaux y sont bienvenus mais ne sauraient être conditionnels à aucune forme de domination ni d’ingérence.

En Amérique latine, le Castrisme et la Révolution bolivarienne ont redonné espoir aux peuples et les réformes en cours dans plus d’une dizaine de pays produiront dans les années à venir d’importantes avancées économiques. Les turbulences politiques, provoquées ou spontanées, dans certains pays ne freineront pas la volonté des Sud- Américains de se libérer et de reprendre en main leurs pays et leurs économies.

Chez nous, il est temps que les dirigeants africains se reprennent et sachent que les Etats n’ont ni pitié ni compassion, les capitalistes encore moins. Que l’Afrique se prenne en charge elle-même, conçoive ses propres stratégies de développement, gère son économie et ses ressources, cesse d’attendre l’aide d’autrui ou l’assistance de l’ONU et surtout, mais surtout, que certains 14 pays cessent de confier «leur monnaie» à un autre pays!

Le respect, les égards et les courbettes suivront! Les pays d’Afrique ont le potentiel depuis la nuit des temps de sortir du marasme dans lequel ils sont plongés de leur fait même et/ou du fait des abominations que sont l’esclavage, la colonisation et la recolonisation. À l’image des Asiatiques, nous devons nous réapproprier nos économies et partant, notre souveraineté. Notre souveraineté à tous et l’avenir de nos pays, l’avenir des futures générations africaines, dépendent de la maitrise entière et totale de nos ressources, de leurs processus de transformation, de valorisation et de création des richesses sur nos territoires.

Nos économies, dites faibles ou présentées comme telles, le resteront aussi longtemps que leur croissance sera définie et déterminée par des expertises savantes externes au continent. Tout aussi longtemps que les outils et capitaux produisant de la croissance en Afrique ne seront pas la propriété des Africains, les chiffres seront doublés, ceux de la pauvreté sur le continent également.

De Donald Trump, certains diront qu’il a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas de “ces pays’’. Comment ne pas les croire? Il y a quelques mois, c’est Emmanuel Macron qui s’en prenait au "problème civilisationnel de l’Afrique" et à la femme africaine. Qu’en est-il advenu? Rien, sinon des ovations sur le sol africain et des laudateurs africains ont même pris sa défense et tenté de justifier ses propos.

La firme suédoise H&M a traité le Noir de «singe le plus cool de la jungle». Des indignations ça et là et juste un petit mot d’excuse, le tour est joué. Aucune conséquence ni sur le portefeuille d’H&M ni au plan juridique! Il y a eu des propos racistes sur l’Afrique, sur les Noirs et il y en aura encore et encore tant et aussi longtemps que les Africains, les peuples, leurs dirigeants ne reprendront pas leur destin en main pour bâtir leurs pays avec des modèles économiques exclusivement fondés et orientés au service de l’Afrique et des Africains!

Pour répondre à Donald Trump, il faut se remettre en question, questionner sa gouvernance et l’utilité de nos politiques publiques mais il faut surtout questionner le contrôle de son économie. Est-elle au service de son peuple ou au service des capitaux étrangers qui nous en distribuent des miettes?

Les vrais enjeux sont là! Lorsqu’une économie est détenue à plus de 70% par des capitaux étrangers, les nationaux et entreprises nationales ne servant que de consommateurs ou de courtiers pour multinationales, cette économie là ne peut offrir aucune perspective d’avenir aux citoyens de ce pays. Ils sont et resteront une masse laborieuse ne jouissant de leurs ressources que par retombées, fixées et déterminées par le bon vouloir du capital prédateur. Les véritables défis à venir sont ceux axés sur la maitrise de nos économies et leur profitabilité aux nations africaines.

Ne pas les anticiper et y apporter des solutions endogènes, c’est perpétuer notre dépendance aux autres et hypothéquer notre avenir et l’avenir des générations futures.

Nous le répétons souvent : «On ne peut être souverain quand on confie son économie à d’autres!»  Que les propos de Trump servent de declic!

Moussa A. Diao