Jean Bruno Tagne dépeint un pays où même le sucre n’est plus sucré.
Jean Bruno Tagne dresse le constat d’une dégradation alarmante des conditions de vie au Cameroun sous la présidence de Paul Biya. À l’heure où le président vieillissant lorgne un potentiel huitième mandat, les critiques de Tagne résonnent comme un cri de désespoir face à une situation devenue intenable.
Dans un post sur sa page Facebook, le journaliste et écrivain Jean Bruno Tagne évoque l’ère d’Ahidjo, le premier président du Cameroun, où deux morceaux de sucre suffisaient à accompagner une généreuse portion de tapioca, que l’on pouvait savourer avec une eau potable directement prélevée du robinet. « Le pays était encore en phase avec la douceur de vivre », écrit-il. Cependant, cette époque idyllique semble désormais appartenir à un lointain passé. Avec l’avènement de Paul Biya, qui a pris ses fonctions en 1982, tout a changé. « Puis vint le fils du catéchiste, et tout bascula », constate-t-il.
La suite de ce constat de Jean Bruno Tagne est amer : « Il fallait désormais au moins cinq morceaux de sucre pour la même quantité de gari ». Dans cette métaphore, notre confrère, révèle une réalité où même les simples plaisirs de la vie quotidienne deviennent inaccessibles pour de nombreux Camerounais. L’eau du robinet, symbole de confort et de propreté, devient un luxe inabordable et souvent contaminé.
« Avant que le pays ne tournât à l’envers…
Au temps d’Ahidjo, il ne fallait pas plus de deux morceaux de sucre pour accompagner une vaillante boîte de tapioca, que l’on pouvait d’ailleurs tremper dans une eau potable directement puisée à son robinet.
Puis vint le fils du catéchiste, et tout bascula. Il fallait désormais au moins cinq morceaux de sucre pour la même quantité de gari, accompagnés d’une bouteille de Tangui ou de Supermon pour éviter un séjour fatal dans un de ces mouroirs qu’on appelait hôpital.
Le pays était devenu étrange, un genre, bizarre, bancal, penché. Le sucre ne sucrait plus, et l’eau du robinet, si par miracle elle coulait, laissait à désirer. C’était désormais les bitchakala partout. »