Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre incarcéré depuis 12 ans, lève le voile sur la situation critique que traverse le Cameroun sous le régime du président Paul Biya. Il dénonce un système oppressif qui plonge le pays dans la barbarie et la sauvagerie, à travers un recours systémique à la torture et à la violence d’État.
Depuis sa cellule du Secrétariat d’État à la Défense, Marafa Hamidou Yaya révèle des conditions de détention inhumaines, marquées par des brimades et des refus de soins. Alors qu’il risque de perdre la vue, ses demandes d’évacuation sanitaire restent sans réponse, laissant planer le doute sur les motivations politiques derrière son maintien en détention.
Le spectre d’une violence d’État institutionnalisée est également pointé du doigt par l’ancien ministre, qui cite les assassinats brutaux de plusieurs personnalités, comme l’ancienne collaboratrice Christiane Soppo et le journaliste Martinez Zogo. Selon lui, ces actes de violence s’inscrivent dans un système stable et institutionnalisé, où toute opposition est réprimée de manière impitoyable.
Marafa Hamidou Yaya tire un bilan sévère des années Biya, déplorant le déclassement progressif du pays et la négligence des secteurs vitaux comme la santé et l’éducation. Il appelle à une refondation du système politique camerounais et propose la création d’une Commission Vérité, Réconciliation et Refondation, afin de réconcilier le pays avec lui-même et jeter les bases d’un nouveau « vivre-ensemble ».
Son témoignage fort et sa vision pour l’avenir résonnent alors que le Cameroun traverse une période trouble, entre crise anglophone, menace jihadiste et exaspération sociale grandissante.
