Marché du sexe « Avant, je gagnais 15 000 FCFA par jour, aujourd’hui c’est à peine que j’ai 5000 FCFA »

L’on estime à des dizaines de milliers le nombre de mineures qui se prostituent aujourd’hui au Cameroun. Le phénomène est en hausse et se banalise.

Koaci

Selon des sources policières, certaines prostituées sont sous l’emprise des réseaux de proxénètes bien organisés. 

De nombreuses mineures se prostituent pour des raisons économiques.

« Je fais le trottoir depuis 4 ans. Tout a commencé lorsque ma mère est tombée malade. Elle avait un cancer du sein et cela nécessitait beaucoup d’argent pour ses soins et il n’y avait personne pour nous aider. Je suis l’ainée de la famille, je me suis sacrifiée pour elle », explique Nadia Kamga âgée aujourd’hui de 17 ans.

Le géniteur de Nadia chauffeur dans une entreprise de Yaoundé, avait perdu son emploi. Au chômage, il ne parvenait plus à nourrir sa famille et les factures s’accumulaient,

« Au début, lorsque j’avais 13 ans, je rencontrais en toute discrétion un homme marié. C’est un voisin du quartier fortuné et plus âgé que mon père qui était au chômage, personne dans mon entourage ne savait, nous sommes sortis pendant deux ans », poursuit la jeune dame qui soutient qu’elle y allait de son plein gré. 

Le cas de Nadia n’est pas isolé. Une source policière soutient que des dizaines de milliers de jeunes filles mineures se prostituent à Yaoundé

.

« C’est par centaines que nous les repérons parfois dans la nuit, lors des patrouilles », fait savoir l’agent de police.

Explosion  

Le quartier Mini Ferme est un bordel à ciel ouvert. C’est également le cas d’Obili non loin de la cité universitaire. Ici de nombreuses prostituées mineures sont des étudiantes dont les familles peinent à payer leurs études.  

Les déplacées de la Crise anglophone sont venues grossir les rangs de ces « filles de joie ».

« Leur arrivée a contribué à faire baisser les recettes journalières. Avant, je pouvais facilement gagner 15 000 FCFA par jour mais aujourd’hui c’est à peine que j’ai 5000 FCFA », affirme Fanta une prostituée âgée de 17 ans venue de la région du Nord.

Fanta a un enfant de bas âge qu’elle doit nourrir. “Cet enfant est a été conçu après un viol” précise-t-elle.

La prostitution est illégale au Cameroun. Mais ces « filles de joie » ne se cachent pas pour aguicher leurs clients dans les bars des quartiers Mi,i ferme ou Obili

Leurs clients ont des profils très différents. Ils sont agents de police, militaires, juges, enseignants d’université, députés et hommes politiques en vue, avides de chair fraîche font elles savoir.

 « Mon plus grand client que j’aime beaucoup est un sénateur », déclare Fanta.

Une clientèle en hausse

« Au début du corona, les gens ne venaient plus trop ici. Mais depuis que cela s’est calmé, nos clients reviennent petit à petit. Ils ont compris que le Coronavirus n’empêche pas d’avoir des relations sexuelles », poursuit Nadia.

Les tenanciers des bordels font les bonnes affaires. Certaines filles louent des chambres en ville qu’elles paient sur l’année ou sur plusieurs mois à l’avance.

Pour quelques CFA en plus Nadia avoue prendre des risques avec ses clients.

Elle accepte également les paiements par voie électroniques vis les opérateurs Orange ou MTN. 

La prostitution des mineures s’est déportée sur le numérique. En effet, sur le web, l’on peut voir des dizaines d’annonces qui mettent en avant de façon suggestive les attributs des mineures prostituées. 

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