L’Inhumation de Martinez Zogo retardée par des démarches Judiciaires complexes
Depuis 728 jours, le corps de Martinez Zogo (photo), l’animateur radio retrouvé mort le 22 janvier 2023 à une quinzaine de kilomètres au nord-est de la ville de Yaoundé, est gardé à la morgue de l’Hôpital central de Yaoundé. Pour le moment, il est impossible pour la famille de la victime d’organiser des obsèques, si on en croit l’avocat des ayants droits de l’animateur radio. « Le corps de Martinez Zogo, c’est le corps du délit. En ce sens, le tribunal a besoin de ce corps », expliquait Me Calvin Job au sortir d’une audience le 13 janvier dernier.
Le procès, qui a été ouvert devant le Tribunal militaire en mars 2024, suit son cours. Mais pas au goût de Me Calvin Job. Il y a quelques mois, il dénonçait les multiples renvois qui rythment ce procès. « Cette lenteur ralentit aussi le processus d’inhumation », fait remarquer cet avocat.
La famille de Martinez Zogo a rappelé avoir demandé à la justice militaire la dépouille de ce dernier pour inhumation. Cependant, les responsables de la justice militaire font comprendre qu’il est prématuré aujourd’hui d’envisager la restitution de la dépouille de Martinez Zogo à sa famille, comme l’explique Christophe Bobiokono, journaliste et directeur de publication du journal Kalara spécialisé dans l’actualité judiciaire. Il ajoute que la dépouille de l’animateur radio doit rester à disposition des autorités judiciaires pour complément d’enquête. « À tout moment, on peut demander une nouvelle autopsie sur le corps parce que la cause de la mort peut être remise en question », précise-t-il.
Christophe Bobiokono explique que certains accusés peuvent contester les accusations d’assassinat portées contre eux. « Ainsi, il peut y avoir une nouvelle autopsie pour confirmer ou non l’assassinat », fait savoir le patron de presse. Il conclut : « l’instruction de l’affaire n’est pas terminée ».
Pour l’heure, les débats au fond du procès n’ont pas encore commencé. Pour le moment, les parties s’étripent encore sur des questions procédurales, dix mois après la première audience.
La famille de Martinez Zogo ne cache pas son impatience d’en finir avec ce procès pour pouvoir faire son deuil. « On attend le verdict final pour qu’on nous remette le corps pour l’inhumation. On a des coutumes. Tant qu’il [Martinez Zogo] est à la morgue, on ne peut pas faire les rites », indiquait Crescence Moungou, la sœur ainée de l’animateur radio, à Equinoxe TV en 2023.
À noter que 17 personnes ont été arrêtées et inculpées après la découverte du corps sans vie de Martinez Zogo. Parmi les personnes mises en cause figurent 12 agents de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), dont Léopold Maxime Eko Eko, ancien patron ce puissant service renseignement. L’affaire a été instruite par justice militaire compte tenu de la nature des agents accusés qui sont militaires, gendarmes et policiers.
D’après Christophe Bobiokono, par ailleurs membre de la commission des droits de l’Homme, toutes les charges liées à la conservation du corps de Martinez Zogo sont supportées par les frais de justice militaire.
Ref: SBBC