Le ton est monté entre Mamadou Mota et le journaliste Guibai Gatama dans un échange de lettres devenu public.
Le président intérimaire du MRC reproche au directeur de L’Œil du Sahel son silence pendant la présidentielle et son opportunisme politique.
En réponse, Guibai Gatama défend son engagement pour le Grand-Nord, revendiquant une conscience régionale indépendante du MRC.
Lire ci-dessous la nouvelle sortie de Mamadou Mota :
À Guibai Gatama, ou l’éternel commis-voyageur des décombres camerounais.
Votre prose, jeune homme, est un aveu. Non pas de votre bravoure, mais de cette petite ambition provinciale qui, depuis des décennies, ronge l’âme du Nord et sert de béquille à l’Oligarchie qui a méthodiquement saigné le Cameroun. Vous parlez de « positionnement du Grand-Nord » et de « verts pâturages d’Etoudi » ? Quel cynisme ! L’herbe fraîche, comme vous dites, n’est jamais destinée aux populations que vous prétendez représenter, mais toujours à nourrir l’appétit insatiable de ceux qui ont fait du Nord un marigot de misère et d’analphabétisme.
Qui êtes-vous, Monsieur Gatama, pour donner des leçons de lucidité ou d’amour du Nord ? Vous n’êtes qu’un relai à peine voilé de ce système que vous feignez de combattre. Votre « prise de conscience collective » n’est qu’une vulgaire manœuvre pour vous tailler un petit fief électoral, une niche médiatique, vous hissant sur le dos de la souffrance légitime des populations que vos maîtres ont délibérément marginalisées.
Rappelez-vous les jours funestes des dernières élections présidentielles ! Où étiez-vous ? Votre voix, si tonitruante aujourd’hui, était-elle alors un écho dans le désert ? Non. Vous aviez choisi le silence prudent, la neutralité complice, attendant sagement que le vent tourne pour ramasser les miettes du festin. Vous vous souciez des « circonstances politiques du moment » ? N’est-ce pas plutôt la peur panique de voir l’éveil du peuple échapper à votre contrôle étriqué, à votre logique de partage de gâteau ?
Et parlons-en de votre logique ! Ces « pâturages verts d’Etoudi »… Est-ce là l’horizon que vous proposez à la jeunesse du Nord ? Une place à la mangeoire, pourvu qu’elle soit réservée à « un Nordiste », qu’importe qu’il soit le clone de ceux qui ont trahi ? Vous ne cherchez pas la rédemption du Cameroun, vous ne poursuivez qu’une simple alternance ethnique au sommet de la prédation. C’est la définition même d’un régionalisme sauvage, qui cherche à bétonner la conscience des jeunes nordistes dans l’idée qu’ils ne pourront s’épanouir qu’en vase clos, en opposition stérile, en nourrissant l’idée pernicieuse qu’ils seraient moins intelligents, moins compétents, moins aptes à la grandeur nationale que leurs compatriotes du Sud, de l’Ouest ou de l’Est !
Vous tendez un miroir déformant à l’Histoire : celle d’un Nord digne de ce nom n’a pas besoin de votre tutelle médiocre pour s’éveiller. L’amour du Grand-Nord ? Il s’exprime par le refus de votre clientélisme et de votre ambition croupie. L’unique but d’un homme politique honnête doit être la justice pour tous, non l’herbe grasse pour un seul.
Votre destin n’est pas celui d’un libérateur, mais celui d’un fossoyeur par procuration. Vous n’êtes qu’un pion de plus sur l’échiquier vermoulu de l’oligarchie. Et cela, Monsieur Gatama, le peuple du Nord, et tous les Camerounais clairvoyants, ne l’oublieront pas. Le verdict de l’Histoire sera sans appel, bien plus sévère que les petites rancœurs que vous dénoncez. L’accusé, dans ce procès de la nation, c’est bien vous, et toute votre clique
Mamadou Mota
Ton petit frère
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