L’industrie des Fakenews au Cameroun selon Louis Marie Kakdeu

Dans cette sortie, le vice-président du Social Democratic Front( SDF) fait une lecture froide et claire de l’impact des fake news dans l’environnement politique au Cameroun et même dans la vie quotidienne.

Le faux est tellement répété au quotidien que le public finit par l’intégrer comme étant une vérité absolue. Par exemple, vous aurez de la peine à convaincre quelqu’un que Joshua Osih n’a jamais traité un seul marché public au Cameroun. L’industrie du faux a pris le contrôle du pays ; elle produit ce que les gens doivent penser ; elle produit ce que pensent les acteurs politiques ; en clair, un gars vous dit les yeux dans les yeux ce qu’il y a dans votre tête, ce que vous faites dans votre bureau, ce que vous vous dites entre vous, ce que vous négociez avec le Cabinet Civil, etc.

Les gars produisent même l’intégralité de l’entretien que vous auriez eu avec le DCC ou avec le SGPR. Et vous n’avez pas le droit de contester. D’ailleurs, si vous contestez, personne ne vous croira. Nous ne combattons pas un système de mauvaise gouvernance au Cameroun pour installer un système de faux pire que la mauvaise gouvernance.

La campagne électorale de 2025 était un océan de Fakenews. Je confesse que mes équipes ont aussi utilisé l’IA. Mais l’arnaque a consisté pour les prétendus fact-checkers de ne s’intéresser qu’aux fakes qui viendraient de EUX. Nous sommes dans un système où le NOUS a toute la latitude de mentir. En fait, le mensonge du NOUS est une vérité à admettre sous peine d’être accusé de traitre. Je vais prendre un exemple dans l’actualité. Le Journal Jeune Afrique a publié un article ce 21 novembre 2025 pour relater les coulisses de l’exil du Ministre Issa Tchiroma Bakary au Nigéria.

Cet article nous a donné les détails de son séjour à Yola, en vue de créer la victimisation : il a échappé à plusieurs tentatives d’arrestation. Malheureusement pour Jeune Afrique, le gouvernement Gambien a annoncé ce 23 novembre 2025 que le Ministre Issa Tchiroma est en Gambie depuis le 7 novembre 2025. Cela signifie que l’article publié sur les prétendues tentatives d’arrestation au Nigéria aurait été fabriqué pour les besoins de la cause. Mais, personne ne va crier au Fakenews, parce qu’il s’agit de NOUS.

Mes chers amis, un opposant au Cameroun en 2025 est celui qui met son temps, son énergie et sa fortune personnelle au service de l’intérêt collectif. Celles et ceux qui croient que le pouvoir distribue de l’argent à l’opposition sont comparables à celles et ceux qui croient à l’existence du « famla » c’est-à-dire d’une association où l’on distribuerait l’argent aux membres pour qu’ils deviennent riches. Mes chers amis, la vraie magie, c’est le travail. J’invite les uns et les autres à s’engager au service de l’intérêt collectif pour savoir ce que cela fait de dépenser son argent et d’être trahi par les bénéficiaires.

Je vous explique : Pour gagner une élection municipale ou législative dans une circonscription urbaine, il faut investir minimum FCFA 100 millions. Si vous êtes si sûr que l’on distribue l’argent aux opposants, alors vous n’avez qu’à déclarer votre propre candidature pour obtenir votre part, non ? C’est dans l’actualité ! Allez-y ! Ne manquez pas l’occasion s’il vous plaît. Mais, je vous dis la vérité. Vous allez gaspiller votre propre fortune. Certains d’entre-nous ont même vendu des biens familiaux pour y parvenir. Je connais une sœur avocate jadis célèbre qui a pillé son cabinet pour être élue député ; aujourd’hui, elle regrette amèrement parce que les gens sont ingrats.

Je ne parle pas de celle qui a dû fermer son restaurant jadis célèbre à Yaoundé. Préparez-vous à investir vos ressources que personne ne remboursera. Préparez-vous à vous faire insulter malgré tout. Préparez-vous à n’être pas élu malgré tout. Parce que pour se faire élire, il faut contrôler l’opinion ; et pour contrôler l’opinion, il faut acheter le plus de consciences que possible ; et pour acheter les consciences, il faut investir toujours plus. Il faut s’attendre à ce qu’à la dernière minute, un milliardaire investisse plus que vous dans l’achat des consciences. Cela veut dire que vous allez constater que toute la presse et tous les médias sociaux lui sont subitement favorables.

Je dis bien que ce n’est pas gratifiant de faire la politique au Cameroun. Si vous êtes responsables au niveau national comme moi, alors vous recevrez au quotidien des sollicitations venant de l’ensemble du pays. Des deuils, des factures d’hospitalisation, d’opérations chirurgicales, etc. Et si vous n’envoyez pas votre participation, vous serez victime d’une cabale à vie. Et si vous aidez aujourd’hui et vous ne le faites pas demain, on oubliera votre aide d’hier et votre sort ne changera pas.

Je vous encourage à vous engager. A venir nous remplacer. Et je souhaite être un commentateur à ce moment-là pour vous rappeler votre score. Je me rappelle que Bernard Njonga, l’icône du monde rural au Cameroun, avait eu 3% aux élections locales en 2020, dans un monde rural où il avait déjà travaillé pendant 30 ans. Pourquoi avait-il eu 3% ? Parce que les gens avaient vite fait d’oublier ses 30 ans de lutte et d’accompagnement pendant le vote. La logique alimentaire et identitaire avait prévalu. On ne peut pas suivre un « peuple » qui admire les brigands. Lorsque vous faites l’effort d’être en règle au Cameroun, on vous demande pour qui vous vous prenez et ce que vous voulez montrer aux gens.

Je m’engage aujourd’hui à m’attaquer à cette logique alimentaire qui gangrène notre société. La situation est tellement grave que je n’avais pas eu des difficultés pour collecter les données en vue de publier dans le cadre de mes recherches scientifiques un article sur le vocabulaire de la manducation au Cameroun. Aussi longtemps que chaque citoyen aura un prix, il n’y aura pas de changement. Certains parlent même de la révolution de rue ; c’est un leurre avec des citoyens affamés et manipulables. S’il y a révolution au Cameroun, elle sera une révolution de palais. Il s’est seulement passé le 12 octobre 2025 au Cameroun, ce que Michel Dobry appelle « transaction collusive ». Je l’explique dans mon livre à paraître. Il n’y a pas de révolution sans fond idéologique. Cela ne peut ni être alimentaire, ni être émotionnelle.

Les Rosa Park et autres Gramcy ont expliqué les mécanismes de révolution portée par les ouvriers ou par la rue. C’était l’idéologie socialiste. Les Camerounais veulent importer des choses sans en avoir le mode d’emploi. Ce n’est pas spontané ; tout est structuré. Je viens de publier un article scientifique sur la construction du panafricanisme sous la grille socialiste. Cela peut aider certains à comprendre comment cela marche. J’ai publié un volume collectif en début de cette année sur les nouvelles vagues de coup d’Etat en Afrique (de l’Ouest).

Il y a un fond de l’idéologie nationaliste dans tout ce qui se passe au sein de l’AES. Pour l’instant, les Camerounais votent pour le mangement et le boivement. La vérité que les gens n’aimeront pas entendre est que c’est l’argent qui a fait la différence le 12 octobre dernier. Nous-autres, nous n’avons pas eu l’argent pour acheter les appareils médiatiques et électorales qui nous ont été proposés.

C’est pour cela que seuls les anciens ministres ont la capacité financière pour acheter les consciences au Cameroun et devenir « populaires ». La vérité des urnes que les gens me demandent de publier pour l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 sera amer au goût des extrémistes puisqu’elle n’ira pas forcément dans le sens attendu.

Louis-Marie KAKDEU, MPA, PhD & HDR

Deuxième Vice-Président National SDF

 

 

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