Dans l’ouvrage de la franco-camerounaise Charlotte Caron Tchegang l’on est en situation de quête permanente de la paix et à la médiation internationale, le tout dans un humanisme flamboyant.
Il n’y a eu cela aucun hasard au demeurant, puisque ce pur produit du berceau de nos ancêtres a connu la souffrance, avant de passer du côté des élus ; elle en a conservé beaucoup de cœur, à l’instar de l’image insoutenable de ces pauvres ères qui assistent, le regard hagard, au repêchage du corps de certains de leurs compagnons d’infortune sur les berges de la méditerranée. Spectacle poignant et saisissant dont Caron Tchegang rattache la cause aux injustices de toute nature qui condamnent l’Afrique subsaharienne à demeurer mal partie. La situation est pourtant loin d’être désespérée. C’est tout l’enjeu de sa toute récente publication intitulée, « Scandale d’héritage ».
Dans cet essai, tour à tour diagnostic et didactique, Caron Tchegang se positionne comme une fervente militante de « l’Afrique Humaine » (Jean Mbarga), l’Afrique ancestrale, l’Afrique traditionnelle, si fraternelle et solidaire, ayant un respect dévot pour la valeur suprême de toute humanité, l’Homme. Cette Afrique de la palabre communautaire et du partage bienveillant, intrinsèquement éthique et pétrie d’équité, Caron Tchegang la propose comme voie royale pour la consolidation d’une paix durable et autoentretenue sur l’ensemble du grand continent noir. Au demeurant, soutient-elle, sentencieuse, à la suite de l’abbé Pierre, « Quand la paix n’est pas guerre contre la misère, ce n’est que de la fausseté. »
Sa réflexion s’ouvre sur un tableau captivant sur l’unicité filiale de l’Afrique subsaharienne, repérable aux langues et aux outils de travail. Elle dresse ensuite, un tantinet fascinée, l’inventaire de ce qui est pour elle la valeur refuge de cette Afrique allégorie de la paix, la gestion des conflits, à travers différentes formes de palabres poursuivant toutes, à chaque fois, le triomphe de la vie, la déification de l’Homme. S’ensuit un vibrant cri d’horreur sur les ravages de la pénétration coloniale sur « le jardin d‘Eden…»Peintre sinistre malgré elle, elle tire le profil type des conflits qui, de l’intérieur ou de l’extérieur essorent l’Afrique, avec pour dénominateur commun, sous une apparence de diversité, la pression de la précarité.
Le meilleur est vers la fin, par ce véritable plaidoyer pour une approche nouvelle de la gestion des conflits pour infléchir la courbe du feu qui prend sur toute la place. Pour Caron Tchegang , tout tient au profil du médiateur. Comme dans l’Afrique traditionnelle, il se doit d’être un Homme intègre, impartial, à distance de toute influence, droit et vertical sur la vertu. Et pour donner le change à l’inflation des médiateurs qui est bien souvent en Afrique cause de complications diverses, Caron Tchegang, propose quelque chose qui tient du concertalisme. Il s’agit d’amener toutes les bonnes volontés qui organisent le bal funèbre sur la dépouille à se débarrasser de leurs déterminismes sectaires, alimentaires ou géopolitiques pour ne servir que la paix, le plus grand bien de toute l’humanité. Et si parfois son plaidoyer tourne à l’éloge du Rotary International, c’est bien l’aveu qu’elle a bien ses pieds enracinés au sol lorsqu’elle élève ce cri strident pour la recherche d’une paix en profondeur, celle qui nourrit la vie, et non celle qui se nourrit du cimetière. La coupe serait vraiment pleine quand le leadership continental travaillera lui aussi à se hisser à la vraie hauteur des enjeux de justice et d’équité que tous les citoyens d’Afrique appellent aujourd’hui de leur vœu ardent et parfois enflammés.
Source : L’Essentiel du Cameroun