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Mondial. Opinion : « Il est temps de prendre les bonnes options »

A quelques jours du coup de sifflet final de l’époustouflante coupe du monde du Qatar, chaque pays participant est en droit de faire son bilan. Moqué par une certaine opinion pour des considérations purement extra-sportives, la coupe du monde du Qatar a connu, de bout en bout, un franc succès. Les amoureux de la balle ronde ont en effet vécu un mois d’intense bonheur. Personne n’a boudé son plaisir. Chemin faisant, les pourfendeurs de la coupe du monde du Qatar ont été contraints, toute honte bue, à l’évidence : l’émirat a mis les petits plats dans les grands. Les stars du football, en provenance de diverses confédérations, ont honoré le rendez-vous et il y a surtout eu des surprises. Le Cameroun, habitué de ces grands rendez-vous mondiaux, n’a pas pu faire mieux qu’en 1990, lorsqu’à la surprise générale, le pays de Roger Milla ouvrait grand le boulevard des quarts de finale à une équipe africaine. Avant cet exploit, c’est le Maroc qui avait brisé le signe indien en s’invitant au deuxième tour du mondial mexicain en 1986. C’est dire qu’au niveau de la Confédération africaine de football, la sélection camerounaise était particulièrement suivie. Après les rendez-vous manqués des éditions antérieures, les nombreux fans des Lions indomptables ont légitimement espéré que leur équipe fanion, à défaut d’atteindre la finale, se mesure à elle-même en tutoyant les quarts de finale tout au moins. La dure loi du terrain a montré autre chose.

Après un démarrage poussif face à la Suisse, les Lions indomptables ont été héroïques devant la Serbie et admirables face au Brésil. Ces deux matchs fous ont certainement fait vibrer les supporters des fauves, mais l’objectif fixé au départ n’a pas été atteint. Et comme souvent en pareille circonstance, personne ne veut assumer la défaite. Les victoires étant le fait de la clairvoyance des trente millions d’entraîneurs camerounais. Et depuis le retour du onze national à la maison, on a la nette impression que les uns et les autres se trompent de combat. La polémique enfle chaque jour un peu plus, chacun, selon ses intérêts ou ses convictions du moment, y allant de son argumentaire. Le sport en général et le football en particulier, jusque-là dernier baromètre de l’attachement à la patrie, ciment de l’unité nationale, est en passe d’être détourné par ceux qui, sans exceller dans leur domaine, trouvent dans chaque compartiment de l’équipe nationale un bouc émissaire. Soit !

Quand bien même on aura identifié tel joueur, tel membre de l’encadrement technique ou administratif comme responsable de la prestation moyenne de l’équipe fanion au Qatar, est-ce pour autant que les Lions indomptables vont ramener le trophée au bercail? Non ! On doit, à la vérité, reconnaître que la coupe du monde est le rendez-vous des meilleures équipes de la planète foot. Si les Lions indomptables, pour cette fois, ont été à côté de nos attentes, il est indiqué, pour les prochaines échéances, de tirer les leçons d’une si faible performance. Et en fait de performance, on a également vu les pays qualifiés de petits poucets faire tomber l’Allemagne, l’Argentine, la Belgique, le Brésil, le Danemark… sans pour autant que ces défaites ne déclenchent une guerre civile dans ces pays respectifs. Faire une fixation sur les déclarations d’un responsable de la Fécafoot ou épier à longueur de journée les commentaires de telle autre ancienne gloire, connue pour sa verve, n’apporte rien au chantier permanent de la reconstruction du football au Cameroun.

Au moment où le Maroc bat un nouveau record en hissant une équipe africaine en demi-finale, les Lions indomptables et ceux qui ont la charge de leur encadrement, à divers niveaux, devraient faire leur autocritique loin des vuvuzelas intéressées des fans clubs. Il convient de relever que le Cameroun ne cesse pas d’être un grand pays de football après le faux pas du Qatar. Bien au contraire, il est temps de prendre les bonnes options dès à  présent, pour ne pas trouver de nouveaux boucs émissaires après une mauvaise prestation à la CAN 2023 ou au mondial en 2026. Dans cette veine, on a tous salué le fait que, pour une fois, le Cameroun a joué une coupe du monde avec un ancien joueur de l’équipe fanion assis au banc de touche comme manager sélectionneur national. Il est peut-être temps pour les décideurs (Fécafoot et Minsep) de s’asseoir afin d’évaluer le bail des entraîneurs sur le banc de touche des Lions indomptables et d’établir surtout le parallèle avec les équipes de même niveau en Afrique et dans le reste du monde.

Par ailleurs, on se souvient qu’au lendemain de la campagne peu glorieuse de 2014 au Brésil, d’importants textes avaient été signés portant création de l’Académie nationale de football d’une part et d’autre part organisation et fonctionnement des sélections nationales de football. Rendu en 2022, les Lions indomptables ont-ils tiré avantage de ces deux textes ?  La direction technique nationale joue-t-elle entièrement son rôle ? Les championnats locaux ont-ils tout ce qu’il faut pour assurer la relève des anciens ? Avec les nombreux Camerounais qui jouent avec d’autres grandes nations de football, quelle est la politique des responsables du mouvement sportif camerounais en faveur des binationaux ? Et à propos de tout ce qui pollue l’air dans la tanière, la communication est-elle toujours bien organisée au sein des équipes nationales du Cameroun ? Pour l’instant, ce volet bat de l’aile. Des initiatives individuelles tendant toujours à prendre le dessus sur la communication institutionnelle. Et en ce qui concerne les millions d’entraîneurs, il est de bon ton que chacun se disent qu’il n’y a qu’un sélectionneur à la fois. Et au lieu de le stigmatiser, que nos remarques l’aident plutôt à nous conduire à la victoire et non à le déstabiliser. C’est là aussi que réside la force des grandes nations de football. Savoir perdre et s’organiser à temps, après un bilan sans complaisance, pour les victoires futures.

 

Armand ESSOGO/ Cameroon Tribune