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Mondial : Opinion « Les Lions, après le bilan de ces matchs sont-ils en mesure de remporter la Coupe du Monde comme l'a avancé Samuel Eto'o ? »

De ce que nous apprend l’histoire récente du football, des clubs ou des sélections nationales, recruter un sélectionneur, c'est lui assigner des objectifs, à court, moyen ou long terme.

Ceux-ci sont adossés à un projet résultant de plusieurs facteurs : une période de transition entre générations ; des contre-performances sur une période déterminée ; un changement structurel dans le monde du football : évolutions des styles de jeu, émergence d’une nouvelle culture tactique, etc.

Au Sénégal, par exemple, l’ère Aliou Cissé, inaugurée le 4 mars 2015, est advenue à la suite d’une transition entre sa génération, celle des El Hadj Diouf, Fadiga, Coly, Papa Bouba Diop et une nouvelle, constituée essentiellement de bi-nationaux. L’idée était de construire, à moyen terme ( 5-7ans), une équipe en mesure de s’appuyer sur les acquis de la période 2000-2010 ( finale de Can et 8e de finale de la Coupe du Monde), pour, d’une part, remporter la CAN et reprendre le chemin du second tour de la Coupe du Monde. La victoire au Cameroun, lors de la dernière CAN, est venue consacrer le premier volet.

En France, dernier champion du monde de football, le cycle Deschamps, amorcé en 2012, obéissait à la même logique : un projet sur 10 ans, assorti d'étapes. Le but était, progressivement, de redonner aux Bleus, toutes les capacités et chances de retrouver le podium mondial, après l'épopée de 98 à domicile et la finale de 2006. Le multi-champions, lauréat de la cuvée 98, devait amener son équipe aux étapes des Quarts ou Demis ( 2014 ) et à une finale au cours des éditions suivantes ( 2018-2022 ). Le billet pour les quarts en 2014 et la victoire de la génération Mbappé-Griezmann-Pogba, etc ont permis d'atteindre ces objectifs.

Dans le pays d'origine de Mbappé, au Cameroun, les années 70 et 80 ont été l'époque d'une telle démarche. Le recrutement d'un entraineur national, d'une sélectionneur ou d'un directeur technique national, notamment les célèbres Ognanovic ou Peter Schnittger, visaient à s'inspirer des cultures tactiques de pays qui avaient construit une réputation dans le football afin d'enrichir la technique des cadors de notre championnat. Des footballeurs de talent qui aveint trusté les coupes d'Afrique dans la catégorie des clubs champions et vainqueurs de coupe. Les résultats éclatants de 1984 ( 1ère Can du Cameroun en Côte d'Ivoire et les Quarts de Finale de la Coupe du Monde en 90 ) ont consacré cette démarche structurelle.

Après une période de disette, entre 2002 et 2016, le Cameroun a repris le chemin de la victoire, avec un sacre surprise en 2017 à la CAN au Gabon. L'absence d'une équipe-type, d'une logique de génération en émergence telle qu'on l'a connu avec celle des poulains sortis des écoles locales de football à la fin des années 90 et au début des années 2000 devaient logiquement conduire au recrutement d'un sélectionneur sur la base d'objectifs clairs.

Le passage de Toni Conceicao, à la suite du Belge Hugo Broos, laissait penser à une telle démarche, certains souhaitant l'avènement d'un sélectionneur du cru, camerounais ou africain bon teint, en mesure de valoriser l'expertise d'une génération d'anciens champions. A l'orée de la Coupe du Monde, après l'euphorie d'une qualification sur le fil du rasoir contre l'Algérie, baptême du feu de Rigobert Song, l'un de ces cadors de la génération dorée des années 2000, la question d'objectifs précis resurgit après la double expérience de récents matches amicaux des Lions Indomptables contre l'Ouzbékstan ( 0-2 ) et la Corée du Sud ( 0-1).

Les Lions indomptables, après le bilan de ces matches sont-ils en mesure d'atteindre la finale et même de remporter la Coupe du Monde comme l'a avancé le président de la Fecafoot, Samuel Eto'o ? Etait-ce l'objectif assigné au sélectionneur Song ? Après les explications à posteriori de Samuel Eto"o et Rigobert Song, sur la " défaite souhaitée et la capacité à réagir ", peut-on y voir des objectifs implicites ou des propos de circonstance ? A mesure de l'effervescence autour de Qatar 2022, l'on ne peut faire l'économie d'une réponse tout aussi claire à ces questions. L'enjeu, au delà du sport, étant de ne pas se bercer d'une illusion que l'on aurait pu éviter, en établissant le diagnostic lucide des forces et faiblesses de notre équipe nationale et en assignant au sélectionneur des objectifs progressifs et mesurables, dans un temps défini. Eviter le danger, en somme.  

 

 

A. Mounde Njimbam