×

Veuillez désactiver le bloqueur de publicité SVP!

Vous n'aimez pas la publicité dans les pages, nous le comprenons bien! Par contre, un site d'information sans pubicité ne pourra pas survivre sans revenu publicitaire.

Cameroun : Elections 2020 : Oser pour s’imposer

Pour les intimes, c’est Nourane Foster. Sur l’état civil c’est Nourane Moluh Hassana épouse Fotsing.

La tête de liste Pcrn [Parti camerounais pour la réconciliation nationale] aux législatives dans le Wouri-Est est la coqueluche de la campagne électorale en cours. A Bonamoussadi, Makepe, Logbessou, Nyalla, Logbaba ou Kotto, elle promène son visage d’ange, son teint métissé, sa voix cristalline et ses formes galbées.

Auprès des populations locales, principalement les nécessiteuses, elle présente son « agenda » national et local qu’elle entend mettre en œuvre si elle est élue au soir du 9 février 2020. La campagne à l’américaine de cette jeune entrepreneure mobilise méthodiquement et spontanément.

Le bus brandé aux couleurs du Prcn et de la candidate transporte gratuitement, séduit et rallie. Son propos est tranché et quelquefois tranchant : « Ils vont vous donner le pain, le poisson, l’argent, les pagnes et autres. Prenez et mangez ! C’est votre argent. Mais le 9 février, seul dans l’isoloir, faites un choix audacieux. Votez Nourane, votez votre fille, votez votre sœur, votez votre amie que je suis », déclare-t-elle.

Rendu au stade actuel, il est prématuré et même inopportun de dire de quel côté penchera la balance populaire à l’issue des législatives à Wouri-Est. Ce d’autant plus qu’en face de Nourane Foster, on retrouve des candidats expérimentés, aussi bien du parti au pouvoir que de l’opposition, qui ont des offres tout aussi robustes et alléchantes à faire valoir. Ce que nous célébrons ici, c’est l’audace de la jeunesse. Une jeunesse conquérante, qui ose, contre vents et marées, dans un environnement où être un jeune a souvent été un critère d’incompétence et de disqualification.

La trentaine alerte, Nourane Foster incarne cette jeunesse qui refuse d’être spectatrice et contemplative dans l’œuvre commune de construction nationale. La présidentielle 2018 avait déjà donné à voir la force et les aspirations de la jeunesse. Le mouvement copernicien porté par Cabral Libii, tribun incollable et Serge Espoir Matomba, chef d’entreprise pointilleux à l’esprit chevaleresque, a bousculé bien de certitudes alimentées par l’attentisme et le défaitisme, la peur et l’aigreur d’une jeunesse camerounaise qui s’abîme dans le syndrome de Stockholm.

Sur la scène politique, le torrent jeune opère donc désormais, emportant sur son passage idées reçues et contrevérités entretenues jusque dans les hautes sphères de l’Etat. Dans d’autres segments de la vie la nation, des jeunes moins médiatisés, mais tout aussi bien formés, disciplinés, appliqués et au sens de l’Etat irréprochable, participent au labeur de construction nationale. Il est temps de mieux les valoriser et mieux les associer à la prise de décision stratégique. Des poncifs tels que « vous êtes le fer de lance de la nation », « vous êtes le Cameroun de demain » n’opèrent plus. Voilà plus de 30 ans des jeunes qualifiés se sont laissé bercer par ces clichés mâchés et remâchés.

Aujourd’hui, certains ont allègrement franchi la barre symbolique de 50 ans sans rien voir venir. Pendant ce temps, une légion d’ «anciens» parade, plastronne et triomphe au sein de l’élite politico-gouvernante. Le progrès d’un pays tient pourtant, pour une bonne part d’ailleurs, à une articulation judicieuse entre l’ancienne et la nouvelle génération. Au Cameroun, la crise de générations se combine désormais à une crise de la représentation.

Pour changer la donne, la jeunesse doit s’imposer et en imposer. Même si elle venait à perdre, Nourane Foster restera un phare qui éclaire cet horizon, ce défi collectif. Elle mérite nos compliments et nos encouragements.

 

Geoges Alain Boyomo 

Mutations