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Cameroun- Opinion : Ni John Fru Ndi « Il faut savoir laisser les choses contrairement à certains qui pensent qu’il faut s’y accrocher toute la vie »

Ni John Fru Ndi

Le président national du sDF explique les raisons de son retrait de la course pour la présidence de la République et indique la marge de manoeuvre du nouveau candidat de ce parti à la présidentielle.

Pourquoi avez-vous décidé de ne pas concourir aux primaires de désignation du candidat du Sdf pour la présidentielle 2018 ?

Il n’ya pas de raison particulière pour justifier ma décision de ne pas concourir aux primaires de désignation du candidat du Sdf à la présidentielle. Ma conviction est motivée par la réalité que dans la vie, il faut savoir laisser les choses contrairement à certains qui pensent qu’il faut s’y accrocher toute la vie. Il faut apprendre dans la vie à laisser les choses pour permettre aux autres d’apporter leurs contributions. Je suis le premier et seul politicien camerounais qui a formé un parti politique et qui a refusé d’être conseiller municipal, maire, parlementaire, leader du groupe parlementaire, vice-président ou sénateur et se battre pour être vice-président au Sénat et se faire de l’argent. Je veux faire savoir aux Camerounais que l’avenir que nous voulons leur donner c’est un futur d’espoir, un avenir pour garantir de meilleures conditions de vie et pour dire que tout dans ce pays ne tourne qu’autour de l’argent qu’il faut mettre dans sa poche.

Parfois, il faut s’en passer pour servir son peuple. J’aime toujours dire aux gens que quand Moïse a conduit les fils d’Israël hors de l’Egypte à travers la mer, le désert, Dieu à la fin lui a dit que «tu ne fouleras pas la terre promise, mais que tu vas la voir à distance». Mais aujourd’hui, le nom de Moïse est le plus prononcé dans la Bible après celui de Jésus. Ainsi, si je dois conduire le peuple au succès, cette réussite ne saurait être celle d’une personne mais celle du peuple.Et si vous, et singulièrement les jeunes réussissez, en vivant mieux dans un bon pays, même si je ne suis plus de ce monde, je ne sais pas si les morts sourient mais j’ai vu les squelettes des personnes avec des dents à l’extérieur et je crois qu’ils sourient de leur vie, et si je peux sourire à propos des étapes que j’ai traversées, formé des gens, éduqué d’autres, je ne crois pas que tout ce qui fait vivre et sourire un homme c’est l’argent.

Si vous-vous considérez comme Moïse, quel message envoyez-vous en direction des Camerounais ?

Le message c’est qu’ils apprennent à laisser les choses, à passer le témoin. Qu’ils sachent que la vie n’est pas ce que tu as fait et veux tout récolter, mais c’est laisser les autres essayer. La victoire du Sdf à travers Osih, c’est la victoire du peuple camerounais et non celle d’Osih. Quand j’allais encore sur le terrain, je disais au peuple que le parti m’a envoyé vous parler et non frapper la main sur ma poitrine pour m’approprier quelques gloires personnelles. C’est quelqu’un qui parle au nom du Sdf. La victoire, le succès sont ceux du peuple camerounais. Si ce que j’ai fait aujourd’hui (samedi 24 février 2018 Ndlr) rend fiers les Camerounais, les autres pays peuvent y tirer des leçons. Et lorsqu’ils auront appris, c’est à eux d’émuler et de voir ce qu’ils peuvent en faire.

Quelles sont les chances de Joshua Osih à la présidentielle de 2018 ?

Il a toutes ses chances devant lui. Seul le ciel sera sa limite. Je suis très satisfait et content du travail que j’ai fait sur le terrain pour implanter le parti, pour m’assurer que le parti soit connu dans tous les coins et recoins de ce pays. J’ai parcouru le pays 20 fois en 28 ans. Et comme j’avais dit à quelqu’un, j’avais l’habitude de partir de Bamenda vers 17h et vers 7h le matin, je suis à Ngaoundéré, je continue, vers 11h je suis à Garoua, vers 15h je suis à Maroua, vers 17h je suis à Kousseri, vers 23h je suis à Blangoua dans le bassin du lac Tchad. Je commence par là à tenir des meetings en rentrant, allant à Figuil, Kolofata, Goulfé etc. Ce que je croyais en le faisant c’était parce que pour être un politicien qui a réussi, il faut connaître la population et pour la connaître il faut se rapprocher d’elle. Si tu vas à leur rencontre et leur parles, tu leur donnes la philosophie, la position de ton parti ; parce que quand on parle du système de gouvernement fédéral, le peuple l’ignore. Il faut aller l’expliquer à la population, lui donner les notions de base afin qu’elle soit bien édifiée. Cela ne consiste pas à envoyer les photos aux gens et de leur demander de voter pour la personne en question. Les photos ne parlent pas aux gens, les photos ne démontrent pas quelle est ta capacité et ce que tu endures. Ceci afin que quand on me dit que Boko Haram a attaqué le Nord, Mokolo, les montagnes de Meri etc. que je sache où se trouvent ces endroits.

Une recommandation en direction Osih Joshua ?

Pour qu’il réussisse, la priorité pour lui c’est de connaître le terrain, connaître la population parce qu’il y a certains électeurs qui peuvent te dire qu’ils n’aiment pas ton parti, qu’ils n’aiment pas ton idéologie mais qu’ils sympathisent avec vous parce que vous les avez rencontrés dans sa broussaille. J’ai été à Moloundou, Yokadouma, j’ai visité les brousses où vivent les pygmées ; je suis arrivé à la frontière tchadienne à partir de Maroua, Yagoua et au-delà. Si le peuple te connait, il va t’aimer.

Les alliances et la coalition semblent être la voie royale dans plusieurs démocraties pour défaire les partis au pouvoir. Allez-vous permettre au candidat Osih d’embrayer dans cette mouvance ?

Le parti croit en la coalition et c’est pourquoi nous avons passé assez de temps à faire le tour afin d’essayer de former des coalitions crédibles. C’est pour cela que Osih Joshua a les mains libres pour implémenter les coalitions. Il est libre de consulter et d’en référer au parti qui se prononce en dernier ressort sur les offres qui nous sont faites ou que nous envisageons. Mais dans toutes ces coalitions, les autres ont passé le temps à dire : «Fru Ndi vous savez que vous êtes anglophone, nous sommes francophone et les francophones sont majoritaires ». Et j’ai répondu : «voilà là où tu t’es trompé », les gens ne te votent pas parce que tu es francophone mais ils votent en fonction de la plateforme, ce que vous leur montrez que vous êtes capable de faire. Nous avons choisi assez tôt notre porteétendard afin de lui permettre de discuter, de négocier avec les autres et par la suite rendre compte au parti en faisant des recommandations sur qui ou quel groupe ou partis nous pouvons travailler et nous allons l’endosser.

Est-ce que vous avez subi des influences quelques parts pour ne pas vous présenter aux primaires de désignation du candidat Sdf pour la présidentielle à venir ?

Je connais le langage des journalistes. J’ai commencé la politique quand certains d’entre vous marchaient sans sous-vêtements et vous avez commencé à mettre le pantalon jusqu’à me connaître aujourd’hui. Est-ce que le Chairman est quelqu’un qu’on peut influencer? Je ne suis pas dans un régime militaire, nous sommes en démocratie où on s’asseoit et discute des sujets. Si je sens que je ne peux plus voyager avec la détérioration des routes dans ce pays, j’en tiens compte. Tout ceci a joué sur ma colonne vertébrale et ma santé. Je ne peux plus le faire comme quand j’étais jeune et j’ai demandé s’il y a un jeune qui peut prendre le relais et le faire comme j’avais l’habitude de le faire, Joshua Osih a dit «me voici» et je lui ai remis le bâton de relais. Ce n’est pas une histoire des gens qui m’ont influencé. Parce que vous de votre organe de presse dites que vous savez que Fru Ndi dîne avec Biya. Voulez-vous insinuer que quelqu’un a donné l’argent à Fru Ndi pour qu’il ne présente pas sa candidature à la candidature ?

Le défi c’est de convaincre les gens à s’inscrire et à voter. Allez-vous descendre sur le terrain galvaniser les Camerounais, et singulièrement les jeunes, qui ont perdu le goût à la chose politique du fait de l’apathie, à la faire ?

J’ai fait la passe aux jeunes. C’est à eux de faire le tour du pays. Je ne vais plus me stresser. Ces jeunes gens ont fait le tour avec moi plusieurs fois, ils doivent continuer à le faire. Il y a certains endroits notamment les chefs-lieux de régions où je peux me rendre et présenter au public celui que nous avons choisi comme porte-étendard et qu’en le soutenant, nous soutenons le Sdf et non un individu.

Certaines personnes résument le Sdf à la personne de Ni John Fru Ndi…

Vous avez raison, mais elles doivent comprendre que quand le Chairman est fatigué, ceux qui ont travaillé avec lui peuvent choisir quelqu’un sur qui le Chairman peut compter.

Pendant le congrès qui vient de s’achever, on a constaté la présence d’une délégation du Rdpc et des personnalités comme Titus Edzoa. Ceci a suscité beaucoup d’interrogation…

Quand nous avons le congrès de notre parti, nous invitons les autres partis politiques. Vous avez écouté les partis amis que nous avons invités : Bello Bouba de l’Undp et les autres, le Mrc, le Rdpc et ils ont envoyé Grégoire Owona. Nous pouvons avoir des différends idéologiques et politiques mais nous sommes tous au Cameroun. Et nous devons nous asseoir et voir ce que les autres font. Si vous imaginez que nous avons demandé les urnes transparentes et ils ont refusé, nous avons fabriqué d’autres et les leur avons présentées. Nous avons parlé du bulletin unique, ils ont refusé, nous en avons produit. Si aujourd’hui le Rdpc a adopté l’urne transparente nous croyons qu’il fera également avec le bulletin unique. Il y a beaucoup de choses qu’ils ont copié chez nous. Elecam utilise de nos jours l’urne transparente, informatise le fichier électoral et la carte d’électeur biométrique ce qui n’était pas le cas. Ainsi quand ils viennent voir comment nous organisons notre congrès, je suis convaincu qu’ils prendront exemple sur nous.

Pendant la cérémonie de clôture vous avez énuméré quatre correspondances que vous avez déjà adressées au président de la République Paul Biya concernant la crise anglophone, malheureusement rien n’a changé sur le terrain. Le représentant du Rdpc, le ministre Grégoire Owona a dit au congrès du Sdf que l’une des exigences pour la résolution du conflit consistera pour les partis politiques de l’opposition et celui au pouvoir de s’asseoir et d’en discuter. Croyez-vous que cela peut débloquer la situation ?

Se réunir est une chose, apprendre des uns des autres en est une autre et faire des choses ensemble pour l’intérêt de la population en est une autre. C’est pourquoi si vous avez bien cerné ma lettre, j’ai dit : «Mr le Président, dans l’intérêt de la nation». Nous plaçons la nation en premier lieu, nous ne nous projetons pas en premier lieu. Comme je l’ai dit, je suis entré en politique pour servir et non pas pour remplir premièrement les poches de Fru Ndi avec de l’argent. Je n’ai jamais pratiqué la politique du ventre. Dans cette lettre, nous disons que nous voulons changer le pays et réconcilier le peuple afin que les réfugiés au Nigéria reviennent au pays avec du sourire. Nous entendons faciliter les choses aux populations Camerounaises afin qu’ils reviennent dans leur pays. Si vous avez faim dans votre maison, c’est différent d’avoir faim chez un autre.

Quelles sont les chances du Sdf aux prochaines sénatoriales ?

Je vous ai dit que Monsieur Biya semble être un « anglophobiste », il fait tout pour avoir tout, pour lui seul. Mais si nous y allons, c’est parce que le Sdf a pris une position depuis qu’il ne boycotte aucune élection. Nous savons que les anglophones ont été marginalisés, brutalisés, poussés au mur et ils veulent avec les pierres, combattre l’armée qui a les kalachnikovs et des équipements militaires sophistiqués. Mais vous-voyez, c’est parce qu’ils sont frustrés, poussés au mur. Nous continuons de croire qu’avec les discussions puis les négociations, nous allons attraper l’oiseau moqueur un jour.

 

© Source : Le Messager