Privées d’eau potable depuis des jours, les populations de la cité capitale ne se ravitaillent plus en eau, que grâce aux camions- citernes de la Camwater qu, comme en temps de guerre, font la ronde des quartiers pour distribuer de l’eau.
Les images sont presqu’insultante pour un pays comme le Cameroun qui appartient au deuxieme plus grand bassin hydrographique du monde. Hier matin, sur le sentier poussiéreux qui mène au lieu-dit chapelle Nsam, dans le troisième arrondissement de Yaoundé, des gens accourent. Derrière leurs pas, une épaisse fumée de poussière monte. A quelques mètres plus en avant, un camion citerne de la Camwater est stationné. Tout autour du camion, des gens se bousculent pour trouver de la place. Ce camion citerne est devenu un château d’eau de circonstance et doit ravitailler plus de 200 ménages. A partir d’un tuyau branché sur le camion, les uns et les autres remplissent leurs récipients. Le tuyau de couleur noir va de mains en mains et tombe finalement entre celles d’Okala.
Le fils du chef du quartier, c’est devant leur maison que le camion a garé. Comme les autres il est venu chercher de l’eau, mais contrairement aux autres, il a 2 grands futs d’une contenance de 200 litres chacun. Il ne peut malheureusement pas remplir ses deux récipients, car «il n’ya pas assez d’eau, et les autres doivent aussi puiser » lui fait savoir le conducteur de l’engin. Okala n’entend pas ce rappel de cette oreille et tente de mettre en avant son statut de fils du chef. Après avoir essayé plusieurs fois un passage en force sans succès. Il est obligé de passer le tuyau à une autre personne. Le cirque continue jusqu’au moment où la citerne se vide. Ceux qui n’ont pas pu puisé sont obligés de se diriger vers une source qui se situe au bas fond du quartier, à la limite avec le quartier Mvan.
La mauvaise qualité de l’eau
Liliane ménagère et mère d’enfants, affirme utiliser cette eau pour boire et faire la cuisine. Seulement se plaint-elle, ses enfants ont mal au ventre depuis qu’ils la consomment. Ce problème se pose aussi dans d’autres ménages. Essomba explique qu’il a tenté de boire cette eau une fois et a attrapé de violent maux de ventre. Depuis lors, il l’utilise seulement pour le ménage. Les populations doutaient déjà de la couleur de cette eau qui est visiblement jaunâtre. Mais, grâce aux assurances d’un agent de la Camwater qui leur avait expliqué que l’eau était jaunâtre à cause du clore, elles avaient continué à consommer cette eau. A en croire plutôt un nutritionniste rencontré dans le cadre de cette opération, le problème ne se pose pas au niveau de la couleur de l’eau. Le spécialiste soupçonne surtout la qualité des citernes dans lesquelles est transporté le précieux sésame. Ces citernes seraient selon lui : incontrôlée. Cette analyse semble d’ailleurs être la plus probable. Du coté de la Camwater un agent reconnait que ces citernes ne servent qu’à transporter de l’eau et sont rarement nettoyées.
Par Joseph Essama