L’universitaire Richard Makon estime clairement qu’après la prestation de serment de Paul Biya, l’actuel président de la République, les choses ne vont pas changé au Cameroun.
LES CHOSES IRONT DE MAL EN PIRE…
L’ancien – nouveau Président a donc prêté serment, sur une Constitution violée allègrement et impunément, devant Dieu (je doute qu’il soit le même pour tous) et plusieurs petits Peuples. Son Peuple à lui et celui des déçus qui continuent de pleurer, de soigner leurs blessures et d’enterrer leurs morts. Difficile en effet de sortir d’un deuil pour célébrer celui à qui vous attribuez l’origine de votre affliction.
Le corps politique étant divisé et reparti dorénavant entre camps difficilement reconciliables, le serment a été reçu par les uns, une partie du peuple (ceux qui ont « gagné »), pendant que l’autre morceau du peuple, (ceux qui ont été « vaincus », bastonnés, embastillés et parfois tués) a fermé les oreilles, fermé le cœur, la tête dans les champs de la rancœur, et l’espérance emmûré.
Jamais « Nation camerounaise » n’aura sonné aussi faux, et rarement le terme de « Peuple » n’aura résonné autant creux.
Le pire est pourtant devant. Premièrement parce que ceux qui ont le pouvoir et l’avantage de la force, on l’a vu, sont contraints dorénavant d’imposer leurs desseins par la brutalité, la violence et la technologie de la répression. Ses partisans, quelque soit leur nombre, ne font qu’un segment. Ce qui désignait hier « le Peuple » est désormais un agrégats hétéroclite et bigarré de segments d’individus défendant chacuns leurs frères, leurs villages, leurs positions, et luttant pour leurs expectations.
Deuxièmement parce que, bien que nous soyons à l’aube d’un nouveau septennat, le titulaire du mandat n’a plus aucune ambition personnelle, il a échoué à tous les défis qu’il s’était lui-même librement donné : la démocratie qu’il promettait a rapidement été répudiée, et le développement qu’il espérait a durablement été hypothéqué !
Troisièmement parce que rien dans la gouvernance actuelle ne peut changer. Le système est plus fort que les hommes qui l’ont accouché. Çà fait près de 50 ans qu’ils essaient, et près de 50 ans qu’ils échouent ! Les hommes aussi ont leur limites. Les nôtres sont finis, n’en déplaise. Pis, on ne se refait pas à 90 ans, et jamais on ne peut guérir un mal avec les mêmes virus, techniques et procédés qui l’ont causé.
Les hommes, incompétents, corrompus et nocifs, seront les mêmes à 98 %, que ces 20 dernières années. Seule le destin aura raison de leur témérité. Les institutions seront exactement les mêmes, inadaptées, inefficaces, viciées et cyniquement vidées de leurs finalités. Les politiques publiques seront évidemment les mêmes, la matrice qui les secrète étant incapable de mise à jour.
Par conséquent, la pauvreté va s’aggraver, la désespérance sera généralisée, le nombre d’exclus va continuer à augmenter, même si quelques nouveaux laudateurs impénitents seront récompensés. Le nombre de jeunes diplômés au chômage et sans perspectives va exploser, et les camerounais résidents au Canada passeront de la 4e à la 1ère communauté étrangère.
Mais quand le lait est tiré, il faut le boire ! On ne pleure pas !
NB : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale de 237actu.com




