Le 03 Juin 2024 le ministre de la santé publique écrit au président de l’ordre national des médecins du Cameroun. Dans cette note qui en réalité est un recadrage, Manaouda Malachie attire l’attention du président de l’ordre national des médecins sur la nécessité de privilégier pour chaque dossier nécessitant les orientations du gouvernement, la collaboration, la concertation et l’engagement de toutes les parties prenantes avant toute sortie publique.
En effet, à travers plusieurs sorties, le président de l’ordre national des médecins multipliait des sorties pour critiquer les initiatives liées à la télémédecine .Malgré les multiples arguments avancés par les médecins praticiens, le Dr Rodolphe Fonkoua n’arrêtait pas de qualifier les projets de télémédecine d’arnaque, allant jusqu’à les saboter auprès des partenaires privés associés à ce projet.
Cette sortie du ministre vient rappeler au président du conseil de l’ordre l’existence d’un Plan Stratégique National de Santé Numérique pour la période 2020-2024 qui est le résultat d'un processus enclenché depuis Juin 2018 grâce à l'appui technique et financier de Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) et I-TECH/ Université de Washington Seattle, dans le cadre du Plan d'Urgence Américain (PEPFAR).
De l’avis de certains médecins, la réticence du Dr Fonkoua cachait un projet de sabotage puis de récupération de l’initiative déjà lancée par d’autres acteurs du corps de la médecine. Rien d’autre n’expliquait ce qualificatif d’arnaque pour u projet aussi salutaire dans l’environnement socioéconomique du pays, l’argumentaire d’une absence d’un cadre légal ne correspondant pas :
« Depuis des décennies, la fécondation in vitro (FIV) et le don d'ovocytes sont pratiqués au Cameroun, et ce, bien avant la promulgation de la loi du 14 juillet 2022. Curieusement, ces pratiques n’ont jamais été qualifiées d’illégales ou d’arnaques par l’Ordre national des médecins du Cameroun. Pourtant, la télémédecine, malgré son absence de cadre législatif clair de la part de l’Assemblée nationale, fait l'objet d'un acharnement particulier de la part des autorités médicales. Pourquoi une telle différence de traitement ? » Explique un médecin enseignant à l’université de Douala.
Beaucoup de gens en parlent mais ne le savent pas la télémédecine, elle intègre la télé consultations, une technologie qui sauve les vies à travers le monde et dont le Cameroun accuse encore assez de retards. Elle permet de réduire la fracture médicale liées à la pauvreté des moyens économiques, car les gens ne partent pas à l’hôpital parce qu’ils n’ont pas d’argent. Avec la télémédecine, pour 2000 FCFA ou 2500 FCFA tout le monde peut rentrer en contact avec un médecin, ce qui permettra de faire revenir les patients dans le formalisme médical. Avec la prolifération des charlatans et tradipraticiens non homologues, le Cameroun enregistre un volume très élevé de décès lies aux complications parce que les malades ne vont plus à l’hôpital, ou encore des erreurs médicales.
Dans le milieu de la santé, les débats sont lances, bien qu’essentiellement favorables à l’utilisation de la télémédecine au Cameroun
« Qu'une mère m'appelle parce que sa belle-mère veut piéger son enfant et que je finis par échanger avec sa belle-mère pour expliquer les dangers de la purge et finalement elle accepte la prise en charge et tout se passe bien. Est-ce de l’arnaque ?... Qu'une mère m'appelle par e que son enfant de 1 an ne tient pas encore bien la tête et qu'avec une simple photo je me rends compte que c'est une trisomie 21, alors qu'elle avait déjà fait les massages fatigué et je lui enlève un gros fardeau….ce n’est pas de l’arnaque … Que la mère m'appelle depuis Bertoua parce que depuis la naissance son enfant de 11 mois tousse, elle a déjà fait plusieurs consultations et en appel vidéo je me rends compte que l'enfant a les lèvres bleues et les doigts en baguette de tambour, et je la réfère chez le cardio pédiatre qui diagnostique une cardiopathie congénitale, c’est la télémédecine… Qu'une mère m'appelle parce que son nourrisson de 3mois a des coliques et elle voulait déjà donner nystatine, grippe water et je réussis à faire comprendre que c'est physiologique… L'enfant vient de convulser et la mère t'appelle pour savoir si elle laisse la voisine mettre la tête de l'enfant dans les toilettes, mais tu arrives à avoir le contact du médecin de garde dans le centre hospitalier le plus proche et tu facilités l'accueil…»
L’introduction de la télé médecine au Cameroun est un élément déclencheur d’une guerre Économique
Cette opposition soulève une question essentielle : la résistance à la télémédecine est-elle réellement motivée par des préoccupations de qualité et de sécurité des soins, ou cache-t-elle un conflit d’intérêts économique entre acteurs privés de la santé ? Il est légitime de se demander si certains professionnels et cliniques traditionnels, craignant une redistribution des cartes, n’ont pas intérêt à maintenir le statu quo. La télémédecine pourrait en effet redéfinir les dynamiques de pouvoir et de profit dans le secteur de la santé, en réduisant l'influence des structures établies et en ouvrant la porte à de nouveaux acteurs plus agiles et innovants.
Une Révolution en Marche
La télémédecine représente une révolution dans l’accès aux soins, particulièrement dans un pays comme le Cameroun où les infrastructures médicales sont souvent inégalement réparties. En permettant aux patients des régions éloignées de consulter des spécialistes sans se déplacer, elle promet de combler des lacunes critiques du système de santé. Pourtant, au lieu d’embrasser cette avancée, l’Ordre national des médecins semble déterminé à freiner son déploiement.
L’Appel à une Réglementation Éclairée
Face à cette situation, il est crucial que l’Assemblée nationale se penche de manière urgente sur la question. Une réglementation claire et moderne de la télémédecine permettrait de lever les ambiguïtés et de rassurer à la fois les professionnels de santé et les patients. Plus encore, cela garantirait que les innovations technologiques servent avant tout l’intérêt général, en améliorant l’accessibilité et la qualité des soins pour tous les Camerounais.
