Le Pr Jean Calvin ABA’A OYONO critique la gestion juridique et institutionnelle du Cameroun, qu’il qualifie de chaotique. L’universitaire dénonce l’incohérence de la décision du Conseil Constitutionnel concernant la publication de la liste électorale, et évoque un possible préjudice sur la transparence du processus. L’agrégé en droit constitutionnel et expert en contentieux administratif craint que cette situation ne prépare le terrain à une fraude électorale, notamment en raison de problèmes liés au fichier électoral.
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L’actualité de la pratique institutionnelle donne raison à mon éructation du grand bazar juridique qui nous est servi au Cameroun, un État en état comateux et malade de ses intellectuel(le)s toujours prompt(e)s à la fuite devant leurs responsabilités historiques. Dans sa décision no 01 en date du 21 janvier 2025, MRC c./Directeur des Élections, le Conseil Constitutionnel avait dit<<qu’il est incompétent pour ordonner la mesure sollicitée >> de publication de la liste électorale nationale, motif pris de ce que<< l’article 81 du code( électoral) indique clairement la voie à suivre relativement à la gestion du fichier électoral… qu’il en résulte que toute contestation relative à la liste électorale nationale doit préalablement être portée devant le conseil électoral et, en cas de rejet, devant la cour d’appel compétente >>. Comment en arrive t-on, dans un État proclamé sérieux, à vivre la situation ubuesque selon laquelle la naturelle exécution d’une disposition légale fasse l’objet d’un tohu-bohu institutionnel? La loi est-elle devenue un chiffon de papier soumise aux humeurs de quiconque ou alors fait l’objet d’une protection facultative de la part des institutions juridictionnelles? Le mal est très profond au Cameroun car ce quasi-déni de justice masque mal, en amont du processus électoral, la préparation de la fraude doublement tirée de la figuration des tonnes de personnes décédées et de l’inscription d’une kyrielle de doublons, dans ce refus de transparence en matière de nettoyage du fichier électoral.
Par Pr Jean Calvin ABA’A OYONO