Issa Tchiroma Bakary: la colère du peuple sanctionne l’impunité

La colère du peuple propulse Issa Tchiroma Bakary dans plusieurs bastions du régime.

Les résultats provisoires issus des urnes ce 12 octobre 2025 révèlent une profonde mutation du paysage politique camerounais. Dans plusieurs bureaux de vote dans des départements longtemps considérés comme des bastions imprenables du RDPC, Issa Tchiroma Bakary a réalisé des percées spectaculaires. Derrière ce basculement, une réalité s’impose : la colère du peuple contre l’impunité, la corruption et les détournements massifs qui gangrènent l’administration publique.

Un vote sanction contre l’impunité

Ce scrutin n’a pas seulement traduit une préférence politique : il a exprimé une révolte silencieuse mais déterminée. À travers les urnes, les Camerounais ont adressé un message clair à ceux qu’ils considèrent comme les véritables fossoyeurs de la nation. De Garoua à Ngaoundéré, de Douala à Bafoussam et de Yaoundé à Nkongsamba, les électeurs ont voulu sanctionner une gouvernance minée par les scandales et les détournements des deniers publics.

Dans les quartiers populaires comme dans les zones rurales, le sentiment d’injustice est le même : pendant que le peuple survit dans la précarité, certains ministres et hauts responsables s’enrichissent sur le dos de l’État, à coups de surfacturations et de projets fictifs.

Les scandales qui ont fait exploser la colère populaire

La construction des stades pour la Coupe d’Afrique, jadis symbole d’espoir et de modernité, est devenue le miroir du “CAN Gate”, ce vaste réseau de détournements présumés impliquant Ferdinand Ngoh Ngoh, le tout-puissant secrétaire général de la Présidence. Des milliards se sont volatilisés, laissant derrière eux des chantiers inachevés, des stades construits à des coûts exorbitants, et des promesses trahies.

À cela s’ajoute la mauvaise gestion des projets routiers sous la tutelle de Nganou Djoumessi ministre des travaux publics, dont le nom revient sans cesse dans les rapports d’audit. Les routes de la mort, les ponts effondrés et les budgets disparus symbolisent l’échec d’un système où l’enrichissement personnel prime sur le service public.

Dans les villes, Célestine Ketcha Courtès, ministre de l’Habitat et du Développement urbain, est également dans la tourmente. Les fonds destinés à la propreté urbaine, en partenariat avec Hysacam, font l’objet de soupçons persistants de détournement. Les ordures s’amoncellent pendant que les comptes grossissent.

Quant à Manaouda Malachie, ministre de la Santé, il traîne le scandale de la gestion opaque des fonds Covid, une plaie ouverte dans la mémoire collective. Des hôpitaux délabrés, des médicaments inexistants, et des milliards évaporés pendant que les malades mouraient faute de soins.

Même Alamine Ousmane Mey, autrefois auréolé d’une réputation technocratique, voit son image écornée. Même dans son fief, la colère gronde : le ministre de l’Économie est accusé d’avoir tourné le dos à ses compatriotes, alors que les projets de développement se sont transformés en gouffres financiers.

Au Ministère de l’Eau et de l’Énergie, l’incompétent ELOUNDOU ESSOMBA Gaston, s’est noyé dans les pots de vin dans le sous secteur pétrolier, tandis que les grands projets structurants qu’il a trouvé continuent de stagner. Les Camerounais connaissent toujours les délestages et des pénuries en eau potable.

Le football, symbole d’un pays trahi

À cette liste noire s’ajoute Samuel Eto’o, président de la FECAFOOT, dont la gestion chaotique du football national est perçue comme une humiliation collective. Détournement des subventions, trucages de matchs, querelles internes : le sport roi est devenu un champ de ruines. Pour beaucoup de jeunes, ce désastre symbolise le détournement moral et financier d’un pays entier. Le cas de Samuel Eto’o reste particulier car il aura réussit a détruire la seule chose qui contre vents et marées, parvenait a unir les Camerounais.

Issa Tchiroma, le vote du ras-le-bol

Face à ce climat de désillusion, Issa Tchiroma Bakary a su capter le mécontentement populaire. Ses discours axés sur la justice sociale, la transparence et la restauration de la dignité nationale ont résonné puissamment dans les esprits. Dans plusieurs communes du Grand-nord, mais aussi dans certaines du Centre et du Littoral, les électeurs ont voté Tchiroma comme on lance un cri d’alarme.

Ce vote n’est pas tant un rejet de Paul Biya qu’un réquisitoire contre ses collaborateurs accusés d’avoir trahi sa vision et dénaturé son héritage politique. Le peuple, fatigué de l’impunité, réclame des comptes.

Un message clair au sommet de l’État

Les résultats du 12 octobre 2025 ne sont pas un hasard : ils sont le produit d’années de colère contenue, de frustrations accumulées et de scandales restés impunis. Le président Paul Biya est désormais face à un choix : écouter la voix du peuple en sanctionnant les détourneurs, ou risquer de voir cette colère s’amplifier jusqu’à ébranler les fondements du régime.

Ce 12 octobre, à travers le bulletin de vote, les Camerounais ont parlé haut et fort : l’ère de l’impunité doit prendre fin.

Bertrand A Korro, ancien diplomate à la banque mondiale

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