La nouvelle a de quoi surprendre et raviver le débat sur la gestion de l’arbitrage au Cameroun. Elvis Noupoue, arbitre assistant camerounais, suspendu par la FECAFOOT depuis le 26 juin 2023 pour « manquements graves » lors de la rencontre de Coupe du Cameroun opposant Colombe du Dja à Fovu de Baham, vient pourtant d’être primé par la CAF aux prestigieux CAF Awards en tant que meilleur arbitre assistant. Une distinction continentale qui contraste fortement avec la sanction nationale infligée par la fédération camerounaise.
Une suspension controversée
Pour rappel, Elvis Noupoue avait été suspendu par la Commission centrale des arbitres de la FECAFOOT, à la suite de sa prestation lors du match Colombe vs Fovu. L’arbitre avait été accusé de « manquements graves dans l’exercice de ses fonctions », sans que les détails précis de ses erreurs ne soient clairement exposés à l’opinion publique. Cette sanction, aussi sévère qu’inattendue, avait plongé le corps arbitral camerounais dans un climat de méfiance et de polémique.
Certains avaient vu dans cette suspension une manière pour la FECAFOOT de renforcer son autorité, tandis que d’autres dénonçaient une décision excessive qui ne tenait pas compte du palmarès et de la réputation de l’arbitre au niveau international.
La consécration continentale
Un an plus tard, la Confédération Africaine de Football (CAF) vient pourtant de reconnaître le talent d’Elvis NOUPOUE en lui décernant le prix de meilleur arbitre assistant de l’année lors des CAF Awards 2024, organisés le 11 décembre dernier. Une récompense qui met en lumière les compétences de cet arbitre camerounais sur la scène continentale, et qui tranche avec la sévérité du jugement de la FECAFOOT.
Cette distinction démontre que, malgré sa suspension au niveau national, Elvis NOUPOUE jouit d’une reconnaissance incontestable auprès des instances africaines. La CAF, en lui attribuant ce prix, envoie un message fort : les critères d’évaluation au niveau continental semblent bien différents de ceux appliqués par la FECAFOOT.
Un contraste saisissant
Ce paradoxe soulève des interrogations profondes. Comment expliquer qu’un arbitre suspendu pour des « manquements graves » au niveau local puisse, dans le même temps, être sacré meilleur arbitre assistant par la CAF ? Ce contraste met en lumière une gestion des arbitres au Cameroun qui semble parfois confuse et contradictoire.
Plusieurs observateurs estiment que cette situation est révélatrice d’une défaillance systémique dans le traitement des arbitres par la FECAFOOT. Au lieu de les accompagner dans leur développement professionnel, la fédération semble parfois se complaire dans des sanctions spectaculaires, au détriment de la cohérence et de l’image du football camerounais.
Une reconnaissance méritée ?
Pour les partisans d’Elvis Noupuoe, cette récompense de la CAF est la preuve que la suspension infligée par la FECAFOOT relevait davantage de la politique que de la réalité des faits. Il est difficile d’imaginer qu’un arbitre défaillant puisse être primé par une instance aussi exigeante que la CAF, qui scrute avec rigueur les performances des officiels tout au long des compétitions africaines.
Cette consécration redonne du crédit à Elvis NOUPOUE , dont la carrière internationale continue de briller, et pose une question cruciale : la FECAFOOT a-t-elle sanctionné à tort l’un de ses meilleurs éléments ?
Une leçon pour la FECAFOOT
Le cas d’Elvis NOUPOUE devrait pousser la FECAFOOT à réévaluer sa politique disciplinaire et son rapport avec les arbitres. Le football camerounais, déjà fragilisé par des polémiques récurrentes, ne peut se permettre de saboter ses propres talents, surtout lorsqu’ils sont reconnus à l’échelle continentale.
L’image d’Elvis NOUPOUE, suspendu chez lui mais célébré ailleurs, est une anomalie qui en dit long sur les dysfonctionnements internes de l’arbitrage camerounais. Cette situation devrait amener les responsables à une introspection : comment garantir une gestion transparente, cohérente et juste des officiels de match ?
Suspendu par la FECAFOOT, primé par la CAF : le contraste est frappant et ne manquera pas de relancer le débat autour de la gestion du football camerounais. Elvis Noupuoe, malgré cette sanction nationale, prouve que le talent finit toujours par s’imposer. La FECAFOOT, de son côté, devrait saisir cette occasion pour corriger ses manquements et reconnaître, enfin, la valeur de ceux qui font rayonner le football camerounais à l’international.
L’arbitrage, pilier central du football, mérite plus de respect et de cohérence. À travers cette récompense, Elvis Noupuoe ne gagne pas seulement un prix ; il réhabilite son nom et envoie un signal fort à ceux qui, parfois trop vite, condamnent sans appel.
©️ Blaise ETONGTEK | Rédacteur CFOOT
