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Cameroun : Décès du coaccusé d’Essime Meye en plein procès, le vrai film de ses derniers instants

Le promoteur du Cabinet Challenger Audit Firm Corporation s’est écroulé sur le banc des accusés alors qu’il comparaissait pour le jugement de l’une des trois affaires qui l’oppose à l’État du Cameroun devant le Tribunal criminel spécial.

Il a rendu l’âme quelques minutes après. Kalara déroule le film de la scène macabre.

Le public des curieux intéressés par le procès intenté à M. Essimi Menye devant le Tribunal criminel spécial (TCS) n’oubliera pas de sitôt l’audience tenue le 17 janvier 2019. Ce jour, François Tchakui, expert-comptable et coaccusé de l’ancien ministre des Finances (Minfi), a rendu l’âme quasiment en pleine audience.

L’affaire examinée concernait le détournement présumé de la somme de 2,3 milliards de francs liée à la gestion des actifs résiduels des ex sociétés d’État en liquidation, notamment l’Office national de commercialisation des produits de base (Oncpb), l’Office national des ports du Cameroun (ONPC) et la Régie des chemins des fers du Cameroun (Regifercam).

L’audience devrait être consacrée au début des auditions des témoins de l'accusation. Ce jour-là, le défunt est arrivé au TCS, comme souvent, à bord du car de la prison centrale de Kondengui et en compagnie d’autres détenus, notamment Jean Baptiste Nguini Effa, ancien directeur général (DG) de la Société camerounaise des Dépôts pétroliers (Scdp) concerné par une autre affaire. C’était aux environs de 9h30. Quelques instants plus tard, un greffier viendra informer les justiciables et autres témoins que l’audience concernant les «actifs résiduels» se déroule dans la salle 2, c’est-à-dire au troisième niveau du bâtiment.

L’accusé va porter son sac de documents pour prendre les escaliers. Il donne des signes de fatigue. Me Kwayep Tchikangwa, un de ses avocats, qui s’en rend compte, va récupérer la charge de l’accusé et l’aider à la transporter dans la salle prévue pour le procès. Tout de blanc vertu, M. Tchakui est plutôt souriant en attendant l’arrivée des juges. Il converse avec son équipe d’avocats et d’autres personnes présentes. Apparemment, tout se passe bien, même si certains de ses codétenus à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui diront, plus tard, avoir noté depuis trois jours sur son visage le masque d’une «fatigue profonde».

Pour autant, rien ne permet à ce moment-là de présager que l’homme connaît ses derniers instants de vie.

Ultime bain d’Ibrahim…

Tout va s’accélérer lorsque l’audience est ouverte autour de 10h30. Quand l’affaire est appelée, M. Tchakui prend place dans le box des accusés. Il veut rester debout pendant que se déroule le rituel habituel du début d’une séance, mais le président du tribunal l’invite à s’asseoir. Alors que les juges reçoivent encore les lettres de constitution des nouveaux avocats annoncés dans la procédure, un grand bruit va perturber la sérénité des lieux. M. Tchakui vient de s’écrouler. Tous surpris par la scène, les avocats, les gardiens de prison, les gendarmes et policiers présents accourent pour lui porter secours.

C’est trop tard.

Il ne se relèvera plus. Me Boniface Mbianga, un avocat et parent de l’accusé, décide rapidement de le transporter au Centre des Urgences de Yaoundé (Cury) à bord de son véhicule. Ce sera une initiative vaine, puisque ses secouristes constatent à la sortie de la barrière du palais de justice qu’il n’est plus de ce monde. Ils le conduiront néanmoins à l’hôpital où le constat de son décès est fait par l’homme de l’art, avant le transfert de son corps à la morgue de l’Hôpital central de Yaoundé.

Dans l’intervalle, le défunt a droit à un dernier détour à la mosquée pour le «dernier bain» suivi de la «prière mortuaire». Il s’était islamisé et avait pris le nom musulman «Ibrahim». Tout se passe sous l’œil vigilant des éléments du GSO. Entre-temps, M. Tuisseu, avocat général près le TCS, est déjà venu lui-même s’enquérir de la situation au Cury. Pour l’expert-comptable Tchakui, c’est probablement la fin du procès, même si le TCS a déjà démontré par le passé (avec le cas Obouh Fegue) qu’une juridiction pénale peut juger et condamner un mort…

 

Un article du journal Kalara