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Dschang : Témoignage émouvant d’Alexandre Song aux obsèques de Landry Nguemo

Lors des obsèques de Landry Nguemo ce samedi à Dschang, Alexandre Song a partagé un témoignage poignant évoquant, leur profonde amitié, qui a débuté en 2001 sur le terrain de football. Malgré des débuts conflictuels, leur relation s'est transformée en une fraternité solide marquée par soutiens inconditionnels. Alexandre Song face à l’assistance, a rappelé l'humilité et le caractère rassembleur de Landry Nguemo, qui était non seulement a été un coéquipier en sélection, mais aussi un ami fidèle.

Extrait:

"Bonjour les autorités, bonjour les chefs traditionnels, bonjour chers invités.

Je ne devrais pas être devant vous en parlant de mon frère au passé.

Landry et moi, notre histoire a mal commencé. On se connaît depuis 2001. On était très jeunes. On jouait au milieu de terrain dans des clubs différents.

On se croisait sur le terrain et il me mettait des difficultés. Je me disais toujours : "C'est qui ce garçon ?" À la fin du match, j'allais vers lui et il me dit qu'il est camerounais.

Je lui dis alors : "C'est mon frère camerounais qui me met des difficultés sur le terrain comme ça, il aurait dû me laisser passer."

Il me répond : "Non, je ne peux pas te laisser passer. Après, on va s'arranger."

Depuis ce jour, nous avons commencé à nous appeler "la miff".

Deux ans plus tard, nous avons participé à la CAN cadet et nous avons gagné.

Landry était quelqu'un de très humble, à l'écoute de tout le monde.

Il était toujours un rassembleur.

Celui qui savait me guider. Ceux qui me connaissent savent que j'ai un tempérament difficile et c'était lui seul qui savait me calmer.

C'était le seul qui me connaissait le mieux que tous les autres.

Ce que je ressens aujourd'hui, je n'ai même pas les mots. Je ne peux pas parler de lui au passé parce que ce que nous avons vécu n'a pas de prix.

Parfois, on restait au téléphone de 20h à 2h et nos épouses étaient jalouses.

Je suis venu à Dschang et je ne suis jamais arrivé ici.

Mon frère m'a dit : "Je veux faire quelque chose pour la population de mon village, on avait un projet." Ce n'est pas comme ça qu'on devait se voir ici aujourd'hui. Il devait être là pour présenter ce qu'il voulait présenter à sa population et moi je serais derrière lui, mais malheureusement je viens devant vous aujourd'hui sans mon frère.

La dernière fois qu'on s'est vu, il était chez moi et il est resté dix jours. Et comme j'ai dit à sa femme, elle peut venir chez moi parce que Landry avait une chambre chez moi. Que je sois là ou pas quand il arrive, on lui donne la clé de la maison.

Nous avons partagé tellement de choses ensemble que si je commence à parler de lui, on ne va pas terminer cette cérémonie.

La seule chose que je peux dire à mon frère, c'est que ce que tu m'as fait n'a pas de prix.

Ce jour-là, on devait se voir, mais quand il m'a appelé, le réseau était mauvais. Je lui ai dit : "Dès que tu arrives, tu me fais signe."

Makoun m'appelle quelques heures plus tard et il me dit : "Landry a eu un accident." Je prends mon téléphone, j'appelle mon frère, ça ne passe pas.

J'essaie un autre numéro, c'est le morguier qui décroche et me dit : "Landry n'est plus là."

Je prends mon véhicule pour l'hôpital.

Quand j'arrive, je le vois allongé, je dis : "La miff" et il ne me répond pas.

Je le regarde, il ne parle pas, je dis : "La miff, tu ne verras plus tout ce qu'on a produit ensemble, tout ce qu'on a construit ensemble, on n'avait pas d'enfants, on a grandi en élevant nos enfants ensemble, on jouait au même poste ensemble."

Ce que j'ai dans le cœur n'a pas de prix par rapport à lui, je n'ai pas besoin de trop parler. 

Il est parti et je n'ai pas de force.

Il va manquer à sa femme et ses enfants parce que je sais l'importance qu'ils avaient à ses yeux.

Il m'a dit : "Je vais voyager pour aller voir mes enfants et ma femme." Ça fait dix mois qu'on ne s'est pas vu.

Il ne les reverra plus