Un groupe d’acteurs du football camerounais accuse la FIFA et la CAF de complicité passive dans la dégradation continue du football national, sous la présidence de Samuel Eto’o à la tête de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT).
Dans une tribune rendue publique ce 2 juillet, le général Pierre Semengue, Faustin Domkeu et Pierre Ndjili Ndengue expriment leur profonde détresse face à ce qu’ils qualifient de « silence complice » des instances internationales du football.
Les trois signataires dénoncent une « application à double vitesse des règles de gouvernance et d’éthique », notamment dans le traitement des affaires impliquant Samuel Eto’o, élu président de la FECAFOOT le 11 décembre 2021. Selon eux, le football camerounais traverse depuis lors une zone de fortes turbulences marquée par des violations graves des principes de transparence, de justice sportive et de gestion.
Le dernier événement ayant ravivé leur colère concerne les révélations autour du match amical Cameroun-Russie, disputé le 12 octobre 2023 à Moscou. Des documents montrent un virement de 455 000 euros de la Fédération russe de football vers un compte personnel de Samuel Eto’o, logé à la Qatar National Bank.
Mais ce n’est pas un cas isolé. Les auteurs de la tribune rappellent une série de scandales restés sans suite malgré des saisines répétées auprès de la FIFA, de la CAF et d’instances juridictionnelles du sport :
La condamnation de Samuel Eto’o à 22 mois de prison ferme pour fraude fiscale le 20 juin 2022 en Espagne ;
L’agression physiqued’un youtubeur algérien lors du Mondial au Qatar, le 6 décembre 2022 ;
La manipulation de résultats révélée par un enregistrement audio avec Valentin Nkwain, président du club Victoria United ;
La violation répétée des statuts de la FECAFOOT et l’exclusion arbitraire de plusieurs dizaines d’acteurs du football ;
La confiscation des ressources financières issues du sponsoring professionnel.
Les contestataires pointent aussi la gestion financière calamiteuse de la FECAFOOT, avec une dette évaluée à 15 millions d’euros, ainsi qu’une organisation minimaliste des championnats locaux, privant joueurs et arbitres de conditions décentes d’exercice.
Le général à la retraite et ses compagnons de lutte dénoncent enfin l’instrumentalisation des organes juridictionnels de la fédération, qu’ils considèrent comme soumis à la volonté de Samuel Eto’o : « Les décisions rendues sont fantaisistes et servent le droit de vie ou de mort qu’il exerce sur le football camerounais », accuse la tribune.
Ces auteurs regrettent l’inefficacité des recours engagés jusqu’à présent, qu’ils attribuent au réseau de soutien et à la protection silencieuse dont bénéficierait Samuel Eto’o au sein des hautes sphères de la FIFA et de la CAF. Pour eux, le football camerounais est devenu « un champ de ruines », et seule une intervention courageuse et impartiale des institutions internationales pourrait encore éviter le naufrage total.
Ils appellent la FIFA et la CAF à sortir de leur mutisme, à restaurer l’autorité des règlements et à sauver ce qui peut encore l’être du football camerounais, au bord de l’implosion.